Les violences se poursuivent dans la capitale gabonaise depuis l’annonce de la victoire du sortant Ali Bongo Ondimba à la présidentielle. Son opposant, Jean Ping, affirme que deux personnes ont été tuées et plusieurs blessées jeudi dans l’assaut des forces de sécurité gabonaises contre son QG. La veille au soir, l’Assemblée nationale gabonaise était incendiée lors de ces affrontements.
François Hollande a appelé «toutes les parties à la retenue et à l’apaisement» au Gabon et demandé «un processus garantissant la transparence». Le président de la République a également fait part de «sa profonde inquiétude et de sa grande préoccupation», condamnant «avec la plus grande fermeté les violences et les pillages ainsi que les menaces et attaques portées contre les partisans des principaux candidats» gabonais.
Des morts lors de l’assaut du QG de Jean Ping. «Il y a deux morts et plusieurs blessés de source sûre», a annoncé Jean Ping en évoquant l’assaut donné quelques heures après la proclamation des résultats et la victoire contestée d’Ali Bongo Ondimba. «Ils ont attaqué vers 1 heure (2 heures dans la nuit de mercredi à jeudi en France). C’est la garde républicaine. Ils ont bombardé par hélicoptères puis ils ont attaqué au sol», précise Jean Ping. Il accuse les forces de sécurité d’empêcher les services de secours de prendre en charge les blessés. L’assaut, lancé en milieu de nuit, était toujours en cours au petit matin.
Sur Europe 1 ce jeudi, Jean Ping, absent lors de l’assaut de son QG, affirme qu’il «est menacé en permanence».
Le gouvernement justifie l’assaut par par la recherche de «criminels». Alain-Claude Bilie-By-Nze, porte-parole du gouvernement, affirme que l’assaut visait des «criminels» qui s’en sont pris à l’Assemblée nationale dans l’après-midi. «Des personnes armées qui ont incendié le siège de l’Assemblée nationale se sont repliées au QG de Jean Ping en même temps que des centaines de pilleurs et de casseurs» déclare t-il.
Jean Ping réfute ces accusations, affirmant qu’il n’y avait «aucune arme au QG» et demande une aide internationale. «Nous avons dit que le peuple gabonais est en danger il faut venir nous aider contre ce clan (Bongo)», dit-il, demandant à «bénéficier des ambulances des services français militaires et civils présents dans le pays». Il précise avoir été en contact avec les responsables de l’ambassade de France.
Paris «vivement préoccupé» par les violences. La France a exprimé sa «vive préoccupation» face aux tensions au Gabon estimant qu’il n’y avait «aucune place pour la violence» dans un cadre électoral. «Les événements de la nuit à Libreville suscitent ma plus vive préoccupation. Dans le cadre d’un processus électoral, il n’y a aucune place pour la violence», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault dans un communiqué, en appelant «toutes les parties à la plus grande retenue, afin d’éviter de nouvelles victimes».
D’importants dégâts à Libreville après les émeutes. Déserté, le centre de Libreville est quadrillé ce jeudi par les forces de l’ordr, notamment aux abords de l’Assemblée nationale, incendiée mercredi. Normalement protégée par des grilles, l’Assemblée nationale affichait une façade noircie et des vitres explosées. L’imposant portail a été défoncé par les manifestants et la guérite des gardiens est partie en fumée. Sur le parking de l’assemblée, ne restent que des carcasses de véhicules incendiées par les opposants.
Tout le long du boulevard Triomphal, siège des plus grandes institutions gabonaises et de nombreuses représentations étrangères, des barricades de fortune achevaient de se consumer. Le siège du quotidien pro-gouvernemental L’Union a également subi les foudres des manifestants : façade incendiée, vitres brisées, portail enfoncé, voitures incendiées.
Le rond-point de la Démocratie, au bout du boulevard, porte les marques des plus violents affrontements de la veille : magasins pillés et voitures brûlées bordent les restes de barricades de troncs d’arbre, moellons et mobilier urbain. Les images de la chaîne TV5monde Journal Afrique témoignent de la violence de ces émeutes.
Plus de 200 pillards arrêtés. «Nous avons arrêté plus de 200 pillards depuis hier soir. Ils sont dans les locaux de la police judiciaire mais aussi dans les commissariats de la ville. Les pillages continuent maintenant dans les quartiers populaires», a affirmé à l’AFP le commandant en chef de la police nationale, Jean-Thierry Oye Zue.
La victoire contestée du président sortant Ali Bongo Ondimba. Mercredi, la commission électorale avait annoncé la réélection du président sortant pour un deuxième septennat avec 49,80% des suffrages devant son rival Jean Ping (48,23%), 73 ans, ex-cacique du régime du défunt Omar Bongo, le père d’Ali. Cet écart marginal représente une différence de 5.594 voix, sur un total de 627.805 inscrits, dans ce petit pays pétrolier d’à peine 1,8 million d’habitants.
Ali Bongo Ondimba, 57 ans, devrait sa réélection à son score écrasant dans son fief familial, le Haut-Ogooué, où il aurait obtenu 95,46% pour plus de 99% de participation. Mais l’opposition a réclamé un recomptage des voix dans tous les bureaux de vote et ses partisans sont massivement descendus dans la rue.
Leparisien.fr avec AFP