5 jours après la réélection contestée d’Ali Bongo, le Gabon est toujours dans l’impasse, et l’opposition appelle les Gabonais à rester chez eux. Ce week-end, les violences ont diminué dans la capitale, internet a été partiellement rétabli, mais on déplore de nouvelles victimes.
« Je déclare le Gabon pays mort »
Dans un « message à tout le peuple gabonais » publié ce matin sur les réseaux sociaux, l’opposant Jean Ping a appelé les Gabonais à résister par tous les moyens pour faire tomber le président réélu. « Puisqu’ Ali Bongo veut tuer les Gabonais, je déclare le Gabon pays mort » écrit-il, invitant ses concitoyens à ne pas user de la violence et à résister via le blocage économique du pays.
L’opposant Jean Ping conteste la victoire du président sortant Ali Bongo et s’est lui aussi proclamé président la semaine dernière lors d’une conférence de presse à son domicile. Il demande un recompte des votes bureau de vote par bureau de vote, en particulier dans la province du Haut-Ogooué, fief de la famille Bongo, qui a officiellement donné la victoire finale à M. Bongo avec plus de 90% des voix pour une participation supérieure à 99%.
Internet a été partiellement rétabli lundi matin à Libreville, après une coupure totale de cinq jours depuis l’annonce de la réélection contestée du président Ali Bongo Ondimba. Cependant les réseaux sociaux restaient inaccessibles lundi matin selon les journalistes de l’AFP, et plusieurs médias sont encore fermés.
Les locaux de deux télévisions privées, Radio-Télévision Nazareth (RTN) et Télé Plus, ont ainsi été attaqués, a constaté un journaliste de l’AFP dimanche matin. Le journal L’Union, très favorable au pouvoir, n’est quant à lui pas paru depuis mercredi, et on ignore quand le quotidien pourra revenir en kiosque.
Nouvelles victimes
Un calme précaire régnait lundi matin dans les principales villes du pays, mais la sécurité n’a pas encore été totalement rétablie. Les troubles post-électoraux ont fait au moins deux nouveaux morts ce week-end, un policier et un civil. Le policier avait été blessé à Oyem, dans le nord du Gabon, par des tirs à la tête dont les auteurs « ont été arrêtés » alors qu’ils « essayaient de quitter le Gabon », a indiqué samedi matin le ministre de l’intérieur, Pacôme Moubelet-Boubeya. Il s’agit du premier décès dont les autorités font état parmi les forces de sécurité depuis le début des violences.
Côté civil, un jeune homme a été tué à Port-Gentil, la capitale économique, dans la nuit de vendredi à samedi, selon plusieurs témoignages d’habitants sur place. La victime, qui s’appellerait Judicaël Madzou Otété d’après un opposant consulté par l’AFP, a été tuée par balles devant chez lui vers 22H00 par des membres des patrouilles nocturnes.
Selon un décompte réalisé par l’AFP, cela porte à sept le nombre de décès recensés dans le pays depuis le début des émeutes. Jean Ping, de son côté, dénonce des dizaines de victimes.
D’autre part l’incertitude règne toujours autour du sort de près d’un millier de personnes interpellées, et de nombreuses familles restent sans nouvelles de leurs proches.