Le Gabon attend avec anxiété vendredi le verdict de la Cour constitutionnelle dans le contentieux électoral entre le président Ali Bongo Ondimba et son rival Jean Ping, dont les avocats se sont livrés à une ultime passe d’armes jeudi soir.
«L’affaire est mise en délibéré. En principe, la décision pourrait être rendue à l’audience du 23 septembre mais je demande au greffier de communiquer la date exacte, l’heure exacte aux conseils des deux partis», a déclaré la présidente de la Cour, Marie-Madeleine Mborantsuo, à l’issue d’une audience publique qui a duré près de trois heures. Saisie par Jean Ping, la Cour peut soit valider l’élection d’Ali Bongo, soit annuler l’élection présidentielle à un tour du 27 août, soit inverser les résultats.
A quelques centaines de mètres du cadre solennel de la Cour, la garde républicaine avait coupé en fin d’après-midi la circulation sur le front de mer devant le palais présidentiel, baromètre d’un regain de tension dans le pays. Le Gabon redoute en effet de nouvelles violences à l’annonce de la décision de la Cour, qui avait quinze jours pour se prononcer sur le recours de Jean Ping contre la réélection d’Ali Bongo déposé le 8 septembre.
Le 31 août, la proclamation de la réélection du président sortant avait provoqué des manifestations, des émeutes, des morts, des pillages, des assauts policiers et des arrestations par centaines dans un pays habitué à la paix civile. Alors que les Gabonais stockent des provisions, en redoutant de nouveaux troubles, l’heure est encore au droit. Dans un long exposé, le rapporteur de la Cour a résumé les échanges d’arguments entre les deux camps.
Les avocats d’Ali Bongo ont jugé irrecevable la demande principale de Jean Ping – recompter les voix bureau par bureau dans la province du Haut-Ogooué – estimant que cette procédure n’est pas prévue par la loi électorale. Le camp Bongo a même demandé l’inéligibilité de Jean Ping, l’accusant de complicité dans les violences post-électorales fin août. Une demande rejetée par le ministère public. Dans la province du Haut-Ogooué, fief familial de la famille Bongo, le président sortant a officiellement obtenu 95% des voix pour 99% de participation, lui garantissant à l’échelle du pays une avance de quelque 5.000 voix sur Jean Ping, sur un peu plus de 325.000 électeurs.