Plusieurs personnes ont été interpellées jeudi matin au siège du journal gabonais d’opposition Échos du Nord dans la capitale Libreville, a-t-on appris auprès du journal et du gouvernement.
Des hommes armés en civil sont entrés dans la salle de rédaction alors que les journalistes de ce trihebdomadaire bouclaient l’édition à paraître vendredi, a indiqué à l’AFP l’un de leurs collègues, Wilfried Kombé-Nziengui.
« Ils ont embarqué tout le monde, une vingtaine de personnes. Ils étaient armés de pistolets automatiques », a-t-il encore témoigné, affirmant avoir réussi à se cacher.
Un article évoquant « un coup d’État militaire » en cause
« Neuf personnes » ont été interpellées pour être auditionnées dans le cadre d’une enquête, a pour sa part déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie-By-Nzé.
Selon ses affirmations, l’enquête porte sur un article paru mercredi mentionnant « l’imminence d’un coup d’État militaire », après la réélection contestée du président Ali Bongo Ondimba lors de la présidentielle du 27 août dernier.
Les personnes interpellées « emmenées au Cédoc »
L’article titrait sur l’arrestation du patron de la Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI, ex-Cédoc, les services de renseignement également chargés des titres de séjour délivrés aux étrangers), le général Célestin Embinga ; une information démentie par d’autres médias.
Les personnes interpellées, journalistes et personnels administratifs, « ont été emmenées au Cédoc », a indiqué le directeur de la publication, Désiré Ename, joint à Paris où il affirme être « contraint de vivre ».
Un journal connu pour son opposition au pouvoir
Le journal, connu pour ses prises de positon contre le pouvoir, qualifie régulièrement les autorités gabonaises de « junte militaro-putschiste ». Proche de l’opposition, il avait abondamment couvert le meeting de l’opposant Jean Ping samedi dernier à Paris devant plusieurs centaines de Gabonais de l’étranger, où le rival d’Ali Bongo avait répété qu’il se considérait comme le vainqueur de l’élection présidentielle.
En janvier 2012, Échos du Nord était tombé sous le coup d’une interdiction provisoire d’une durée de deux mois, une décision qui avait également frappé la chaîne de télévision TV+. À l’époque, cette décision avait été justifiée par la diffusion par ces médias des « vœux à la nation » en janvier 2011 de l’opposant André Mba Obame, qui s’était autoproclamé président face à Ali Bongo.
Par Jeune Afrique avec AFP