Le Dr Sylvie Nkoghe-Mbot est libre. Cette militante d’une ONG médicale gabonaise avait été arrêtée le 5 octobre dernier, elle était détenue depuis par la sécurité militaire. Elle a finalement été libérée samedi soir 15 octobre, une information donnée par sa famille et par ses avocats. Le Dr Sylvie Nkoghe-Mbot avait écrit un rapport sur les personnes blessées et tuées lors de la répression post-électorale, pour le compte de Jean Ping, adversaire d’Ali Bongo à la présidentielle.
« Je me sens beaucoup mieux, je suis en forme. Je suis très contente et ravie d’avoir retrouvé les miens, je suis en bonne santé. Je remercie tous les gens qui se sont appesantis sur ma situation ». Le Dr Sylvie Nkoghe-Mbot a été libérée vers 19h15 heure locale, en toute discrétion, après la tombée de la nuit. « Elle est fatiguée mais en forme », confirme son frère, René Nkoghe. « Elle est très battante », poursuit-il, précisant qu’elle ne souffrait apparemment d’aucune séquelle physique mais qu’elle avait besoin de repos. Elle reconnaît ne pas avoir été brutalisée lors de sa détention.
Enfin autorisée à rentrer chez elle, Sylvie Nkoghe-Mbot est en famille, auprès de ses enfants, dont elle est restée séparée pendant dix jours. Une durée qui a justement servi d’argumentation à ses avocats pour faire pression sur les autorités gabonaises : au-delà de dix jours, explique maître Martial Loundou, une personne gardée à vue doit être présentée devant le procureur. Ce qui n’a pas été le cas du Dr Sylvie Nkoghe-Mbot.
Présidente de l’ONG Hippocrate, elle avait recueilli des témoignages et pris des photos de personnes blessées ou tuées lors des violences post-électorales. Son rapport, rédigé pour le compte de Jean Ping, adversaire d’Ali Bongo à la présidentielle, avait été remis à la Cour pénale internationale. Au cours de sa détention, la présidente du syndicat de médecins Hippocrate indique avoir subi deux interrogatoires. « Elle a été entendue sur les photos qu’elle a prises, sur son travail, confirment ses avocats, mais on ne lui a jamais précisé ce qui lui était reproché. C’est complètement surréaliste ».
Interrogé par RFI, le porte-parole du gouvernement assurait que Mme Nkoghe-Mbot n’avait pas les autorisations requises pour faire des photographies dans un hôpital militaire.
Publié le 16-10-2016 Modifié le 17-10-2016 à 09:44