À un mois de l’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations 2017, le 14 janvier à Libreville, l’heure est aux finitions au Gabon. Jeune Afrique a reçu Pablo Moussodji Ngoma, journaliste sportif et président de la Commission communication du Comité d’organisation de la compétition, pour faire le point.
Jeune Afrique : Le Gabon est-il prêt à accueillir cette CAN 2017 ?
Pablo Moussodji Ngoma : Oui. Le tirage au sort du 18 octobre nous a lancés dans la dernière ligne droite et les installations sportives, qui sont la condition indispensable pour organiser un événement aux standards internationaux, sont fin prêtes pour accueillir la jeunesse du continent. Quant aux billetteries, elles ouvriront le 15 décembre, avec des places à partir de 500 francs CFA et à la portée de toutes les bourses. Je suis convaincu que les stades seront pleins et que l’ambiance sera au rendez-vous. Il y a notamment un Gabon-Cameroun à Libreville le 22 janvier, pour lequel je suis sûr que nous allons devoir refuser du monde.
Mi-octobre, vous avez cependant subi un coup dur, avec l’invalidation du stade omnisport Omar Bongo, qui devait accueillir le match d’ouverture et la finale. Que s’est-il passé ?
La Confédération africaine de football a malheureusement estimé que, à cause des contraintes de temps, le stade Omar Bongo ne pourrait pas être prêt pour l’ouverture de la compétition. Elle est la seule habilitée à valider des enceintes sportives et elle a pris sa décision. Mais il ne faut pas oublier que, même sans ce stade, nous correspondons parfaitement au cahier des charges de la CAF, qui impose l’existence de quatre stades, dont un de 40 000 places, censé abriter l’ouverture et la finale. C’est le cas de notre stade de l’Amitié à Libreville, qui s’ajoute à celui de Franceville et à deux nouvelles enceintes à Oyem et à Port-Gentil, qui ont été réceptionnés par le ministère des Sports. Le stade Omar Bongo était surtout un bonus, sur le plan émotionnel.
Qu’en est-il de la sécurité, dans un contexte où le terrorisme est une préoccupation majeure lors des grands rassemblements ?
Tous les événements internationaux sont effectivement menacés, comme ont pu le constater les organisateurs du dernier championnat d’Europe en France. Nous avons renforcé le dispositif de sécurité et de contrôle et une commission dédiée travaille au sein du Comité d’organisation de la CAN 2017 afin que les supporteurs puissent suivre cette compétition dans la paix.
Il y a un déphasage entre ce qui se dit hors du Gabon et ce qui se passe chez nous.
Plusieurs appels au boycott ont également été lancés. La crise politique qui a suivi l’élection présidentielle d’août va-t-elle perturber cette CAN 2017 ?
Je ne crois pas. Il y a eu des appels au boycott pour la cérémonie du tirage au sort et elle a pourtant eu lieu sans encombre. Autre exemple : nous avons lancé un appel pour recruter 2 000 volontaires pour l’organisation et nous avons reçu 8 000 demandes. Tout cela pour dire qu’il y a une forte adhésion autour de cette CAN. Il y a véritablement un déphasage entre ce qui se dit hors du Gabon sur Internet et ce qui se passe chez nous.
Vous n’avez jamais douté ?
Non, le comité d’organisation n’a jamais arrêté de travailler. Cela fait bientôt deux ans que nous travaillons à livrer une compétition digne de ce nom, répondant aux standards internationaux. Les événements qui ont suivi la présidentielle à Libreville n’étaient qu’éphémères et n’ont pas entamé notre moral. Nous étions en liaison permanente avec la CAF, qui est la seule autorité en la matière, et avec qui nous avions une relation de confiance. Malgré deux adversaires de haut niveau, le Ghana et l’Algérie, et malgré le fait que nous avions accueilli la compétition en 2012, c’est à nous qu’elle a confié l’organisation de l’événement.
Quelle différence entre CAN 2012 et CAN 2017 ?
Je crois qu’en 2012, nous n’avions pas toute l’expertise nécessaire. Mais, aujourd’hui, 80% des membres du comité d’organisation sont des anciens de l’édition 2012. La pression n’est par conséquent pas la même. C’était également important pour nous d’avoir « notre » CAN, et non une co-organisation. Nous allons pouvoir juger la capacité du Gabon d’organiser un tel événement. Enfin, cette édition va aussi se jouer à l’intérieur du pays, avec un projet de développement sportif et social qui va profiter à tout le pays. Port-Gentil, qui fut la ville phare du football gabonais, avait bien besoin de son nouveau stade de 20 000 places, tout comme Oyem, dans le Nord, qui avait été privée de matchs en 2012. Sur ce plan, on estime avoir réparé une erreur.
Sur le plan sportif, que peut espérer le Gabon ?
Le Gabon a aujourd’hui une équipe mature qui comporte la plus grande star de cette CAN, Pierre-Emerick Aubameyang. Je pense donc qu’il peut jouer sa carte à domicile. Nous espérons dépasser le stade des quarts de finale, qui est jusque-là notre plafond, et regarder vers un objectif plus ambitieux qui est la finale. Mais il y a beaucoup de concurrence, avec l’Algérie, le Maroc, ou encore le Ghana, qui est peut-être le pays africain le plus constant de cette compétition. Je vois bien le Ghana être une nouvelle fois finaliste, face aux Gabonais, je l’espère.
Mathieu Olivier