En voyage officiel dans la capitale chinoise, le chef de l’État a multiplié les contacts avec les autorités et les entreprises locales et signé des contrats à tour de bras.
Il n’y a pas à dire, les Chinois savent recevoir. Pour sa première visite d’État depuis sa tempétueuse réélection, en août dernier, Ali Bongo Ondimba s’est offert trois jours de câlinothérapie à Pékin. Accompagné de son épouse, Sylvia, il a eu droit à un somptueux banquet, donné par le président Xi Jinping dans la grande salle dorée du Palais du peuple, un privilège réservé aux invités de marque. Les visiteurs gabonais n’oublieront pas de sitôt ce concentré munificent d’architecture communiste, où les fins mets de la cuisine chinoise ont été servis au rythme d’un orchestre.
Autre geste de réconfort, la Chine a proposé d’effacer les stigmates des émeutes postélectorales que porte encore Libreville, s’engageant à reconstruire l’aile de l’Assemblée nationale incendiée le 31 août dernier par les manifestants. Entre sourires amicaux et poignées de mains diplomatiques, les hôtes n’ont pas oublié le business.
Des accords signés pour l’agriculture et le pétrole
Quand le quatrième producteur africain de pétrole, avec 220 000 barils par jour, rencontre le premier importateur mondial (7,37 millions de barils), les affaires n’attendent pas le dessert. La Chine est toujours prompte à offrir son savoir-faire, sa main-d’œuvre, des prêts à taux réduits et des avantages financiers pour construire des infrastructures chez ses fournisseurs en matières premières.
Quant au président gabonais, il était venu à Pékin avec la ferme intention de donner un coup d’accélérateur à son Plan stratégique Gabon émergent (PSGE), dont le but principal est d’arriver à réduire la dépendance du pays vis-à-vis des exportations de matières premières brutes grâce à une diversification de l’économie.
Son directeur de cabinet, Martin Boguikouma, et le ministre de l’Économie, Régis Immongault, ont donc enchaîné les rendez-vous avec les patrons, tandis que le chef de l’État proposait la création d’une zone économique spéciale exclusivement réservée aux entreprises de l’Empire du Milieu. Quelques conditions toutefois : que les matières premières soient transformées localement et que le transfert de technologie soit favorisé.
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Ali Bongo Ondimba souhaite en outre accroître les investissements directs chinois, notamment dans l’agriculture, car le Gabon dispose de grandes étendues de terres arables. Les Gabonais ont également eu des contacts avec des entreprises spécialisées dans l’exploitation minière. Quatre accords ont été signés, avec des perspectives prometteuses.
Aucune condition politique
Les entreprises chinoises sont déjà très présentes dans l’économie gabonaise. Elles ont conquis des parts de marché dans l’exploitation pétrolière, l’industrie du bois, la pêche et les infrastructures. Dans ce dernier secteur, elles construisent notamment les stades de Port-Gentil et d’Oyem en vue de la Can 2017. ABO a également informé les investisseurs du secteur du tourisme de la possibilité d’un accord en vue d’une liaison aérienne Libreville-Pékin et encouragé les banques à venir s’installer au Gabon.
Les investissements directs de la Chine dans le pays sont en constante augmentation. Elle en est devenue le troisième fournisseur (8,6 %, en volume) et le premier client (14,2 % des exportations du pays lui sont destinées). Pékin est, de plus, un partenaire qui n’impose pas de conditions politiques particulières à ses fournisseurs. Ce qui n’est pas pour déplaire au président gabonais.
Georges Dougueli