Après deux semaines d’une phase citoyenne où les Gabonais ont pu venir exprimer leurs préoccupations et propositions pour réconcilier le pays, le dialogue marque une courte pause. Les partis politiques se consultent pour préparer le lancement des débats qui débuteront mardi prochain. En attendant, le bureau politique du dialogue a fait part de certaines inquiétudes vis-à-vis de la sécurité et de leur bon déroulement. Dans un communiqué, ses 16 membres interpellent le gouvernement pour qu’il prenne des mesures afin de garantir la tranquillité des travaux. L’organe demande aux autorités d’interdire les manifestations qui pourraient troubler l’ordre public, et ce alors que ce samedi 15 avril la coalition d’opposition autour de Jean Ping organise un meeting à Libreville.
Baptisé « méga-meeting », avec un objectif de 100 000 personnes, le rassemblement prévu par Jean Ping sera le premier du genre à Libreville depuis la dernière crise.
Le bureau du dialogue politique a demandé au gouvernement d’agir pour éviter des troubles à l’ordre public. « Nous craignons que les gens hostiles à ce dialogue viennent perturber nos travaux. Nous souhaitons travailler dans la sérénité, mais c’est au gouvernement de choisir les mesures à prendre », explique René Ndémézo Obiang.
Co-président du bureau, il cite par exemple les Gabonais ayant participé à la phase citoyenne et qui souhaitaient participer aussi à la phase politique. Il parle également des quelque 70 organisations qui continuent de réclamer des per diem en tenant un sit-in. Mais il évoquait aussi le meeting de Jean Ping.
Le meeting finalement autorisé
Le porte-parole du gouvernement déclarait vendredi dans la journée que la situation était en cours d’évaluation par le ministère de l’Intérieur. « Si quelqu’un fait une activité politique, il en demande une autorisation pour que l’administration évalue les risques ou non. S’il y a un risque de débordement, ce ne sera pas autorisé. S’il n’y a aucun risque, ce sera autorisé », a précisé Alain-Claude Bilie Bi Nzé.
De son côté, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, porte-parole de Jean Ping, expliquait qu’aucune autorisation n’a à être demandée, puisque le meeting de samedi se tiendrait dans un lieu privé, en l’occurrence la cour d’un collège. Selon lui, le bureau du dialogue politique se comporte de façon contradictoire avec d’un côté une volonté de s’asseoir autour d’une table et de l’autre, celle de restreindre les libertés publiques.
En fin de soirée, le ministère de l’Intérieur a finalement autorisé le meeting organisé ce samedi à Libreville. Dans un document consulté par RFI, Lambert-Noël Matha parle d’un non-respect des procédures d’organisation des réunions publiques. Il ajoute que la Coalition pour la nouvelle République, la coalition de Jean Ping, n’a pas d’existence légale. Néanmoins, en conclusion, le ministre dit qu’il autorise le meeting, tout en demandant aux organisateurs de le circonscrire au lieu prévu.