Régulièrement accusé de favoriser la déforestation, le géant singapourien de l’agro-alimentaire Olam a annoncé avoir ouvert le mardi 11 avril au Gabon sa plus grande usine d’huile de palme en Afrique.
« D’une superficie de 17 hectares, l’usine permettra de traiter 90 tonnes métriques de régimes de palmier par heure et de produire 138 700 tonnes métriques d’huile de palme par an », détaille un communiqué de la multinationale singapourienne.
« D’ici une décennie, le palmier à huile apportera autant de revenus que le pétrole à notre pays », a renchéri le président gabonais Ali Bongo lors de l’inauguration de l’usine.
Il s’agit de la deuxième usine du groupe Olam au Gabon. Elle est issue d’un partenariat public-privé et située sur le site de Bilala au sein du lot 1 de la plantation de Mouila, dans la province méridionale de la Ngounié.
Lancée en 2015, la première usine de transformation d’Olam est, quant à elle, située à Awal, près de Kango, à 60 km au sud-est de la capitale Libreville.
Huile « équitable »
Affecté par la baisse des coûts du baril de brut depuis 2014, le Gabon s’est lancé dans un plan de diversification de son économie, en mettant notamment l’accent sur l’agriculture, peu développée dans ce pays de forêts.
À Mouila, « l’huile produite sera certifiée RSPO [Roundtable on Sustainable Palm Oil], ce qui garantit une huile de qualité, respectant les standards du label », indique le communiqué d’Olam.
En février, la multinationale singapourienne s’était engagée à suspendre pendant un an le défrichement des forêts primaires du Gabon, l’une des grandes réserves de biodiversité en Afrique, suite à un accord signé entre son PDG, Sunny Verghese et Henry Waxman, président de l’ONG Mighty Earth. De son côté, celle-ci s’engageait à suspendre pendant un an sa campagne contre Olam.
« Depuis le 31 janvier, nous constatons que la déforestation sur les différents sites des projets de palmier à huile et de l’hévéa a cessé », confirme Marc Ona, président de l’ONG Brainforest et détenteur du Prix Goldman pour l’environnement.
Brainforest craint néanmoins que l’inauguration de la nouvelle usine d’Olam au Gabon n’ « ouvre une nouvelle phase dans la justification de l’extension du palmier à huile par Olam sur toute l’étendue du territoire ».
Déforestation
En décembre dernier, Mighty Earth et Brainforest avaient estimé qu’Olam avait « déboisé depuis 2012 environ 20 000 hectares de forêts dans ses concessions gabonaises ».
Créé en 1989 au Nigeria dans le but d’exporter des noix de cajou vers l’Inde, Olam est aujourd’hui présent dans 65 pays, dont 25 en Afrique. Désormais premier distributeur mondial de noix de cajou, et second distributeur mondial de café, Olam est majoritairement détenu par le japonais Mitsubishi et par Temasek, le fonds souverain de la république de Singapour.
Présent au Gabon depuis 1999, le groupe agro-industriel singapourien y est actif dans l’huile de palme, l’hévéa, l’engrais et dans le développement de la zone économique spéciale de Nkok. Le groupe compte 4 400 employés dans le pays.
Jeune Afrique avec AFP