Le dialogue politique initié par Ali Bongo Ondimba a débouché sur un ensemble de réformes réorganisant le fonctionnement des institutions de la République ainsi que l’activité politique, syndicale et associative.
Le rideau s’est refermé ce vendredi 26 mai 2015 sur le dialogue politique au cours d’une cérémonie solennelle de remise du rapport final au président de la République, Ali Bongo Ondimba, par Emmanuel Issoze Ngondet, co-président du bureau desdites assises.
Cette cérémonie tenue au palais du bord de mer à Libreville a surtout été marquée par la signature de ce qu’il convient désormais d’appeler l’«Accord politique d’Angondjé» par les acteurs de la classe politique gabonaise et les facilitateurs au dialogue.
A la lumière du rapport final, les Gabonais ont décidé d’ouvrir une nouvelle page. Tous les aspects de la vie nationale ou presque sont passés au peigne fin au cours des deux mois qu’auront duré ces pourparlers.
Le rapport consensuel remis au chef de l’Etat porte sur un ensemble de recommandations visant à réformer la vie politique, syndicale et associative au Gabon et permet de mettre le pays à l’abri d’une nouvelle crise similaire à celle survenue au lendemain de la présidentielle du 27 août 2016.
Entre autres recommandations formulées par les participants, le maintien du mandat présidentiel à sept ans renouvelables puisque la limitation du nombre de mandats n’a pas été levée. Le scrutin présidentiel passe désormais à deux tours. Le ministère de l’Intérieur se voit dépouillé du droit d’annoncer les résultats des élections au profit de la Commission électorale qui se fera dorénavant appeler Centre gabonais des élections (CGE).
Le président de la République conserve également le droit de nommer trois juges de la Cour constitutionnelle, dont le président de ladite Cour. Bien que le mandat des juges de la Cour a été fixé à neuf ans non-renouvelables contre sept ans, renouvelables par le passé.
Cette Cour perd aussi sa mission du recensement général de population au profit du ministère en charge des Statistiques. La création de la Haute Cour de justice, une juridiction d’exception constituée de 13 membres et non permanente, sera chargée de juger le président de la République en cas de violation de son serment ou de haute trahison. Celle-ci jugera également les membres du gouvernement en cas de faute.
Autre réforme de taille, l’Assemblée nationale qui prend de l’épaisseur avec le nombre de députés qui devra augmenter dès les prochaines élections législatives prévues le 29 juillet 2017, contrairement au Sénat qui verra le nombre de ses membres diminuer.
Le nombre de leur mandat passe de 7 à 5 ans. Mais, les élus du peuple que sont les députés, les sénateurs et les élus locaux auront la possibilité de cumuler les mandats. Autres innovation de taille, l’Accord politique d’Angondjé reconnait à tout Gabonais âgé de 18 ans de participer à la vie politique de son pays en votant, en créant un parti politique ou en se présentant à une élection.
Cette réforme supprime ainsi l’âge minimum fixé jusque-là à 35 ans pour la candidature à la présidentielle. Elle autorise aussi les bi-nationaux à se présenter à la présidentielle. Les commissaires ont également plaidé en faveur d’un statut de la majorité et de l’opposition et des financements publics au profit des partis politiques. L’activité associative et syndicale sera dorénavant soumise aux lois et règlements de la République.
Pour Emmanuel Issoze Ngondet, co-président du dialogue politique et chef de la délégation de la majorité, «les conclusions du dialogue traduisent la volonté des participants à tourner la page.» Il tient également à rassurer les uns et les autres que «la majorité n’entravera pas l’application des résultats issus du dialogue et que le gouvernement veillera à leur application.»
Pierre-Claver Maganga Moussavou qui a tenu à rappeler que la participation à cette grand-messe n’est pas un signe de faiblesse encore moins l’occasion d’asservissement d’un camp par un autre, a fait savoir que ce moment d’échanges a plutôt contribué à désamorcer une bombe.
Dans un souci d’apaisement, le co-président du dialogue et membre de la délégation de l’opposition a par la suite plaidé auprès du chef de l’Etat la cause des Gabonais interpellés lors des dernières émeutes pour une liberté provisoire.
Prônant la non-violence et le consensus tout au long de son discours, le président de la République a qualifié les réformes issues de l’«Accord d’Angondjé» d’«audacieuses». «Nous préférons être les amateurs du consensus plutôt que d’être les adeptes de la polémique violente», a déclaré Ali Bongo Ondimba.
Solennellement, le chef de l’Etat s’est engagé à traduire en lois et règlements les recommandations issues de ce dialogue.