Le chef de délégation de l’opposition aux assises d’Agondjé a échangé avec la presse sur l’opportunité des choix opérés au cours de ces travaux. Si René Ndemezo’o présente les conclusions du dialogue comme des avancées notables, il a également précisé qu’ils ne sont pas « allés au dialogue pour prendre le pouvoir à Ali Bongo».
Le président de Démocratie nouvelle (DN, opposition), René Ndemezo’o, qui animait une conférence de presse ce 30 mai à Libreville a été surprenant. Si une certaine opinion acquise à l’opposition espérait que la question du résultat de la dernière présidentielle serait un préalable à ce dialogue, René Ndemezo’o a coupé court : «après l’annonce des résultats par la Cour constitutionnelle, l’élection présidentielle était terminée».
Pour le président de DN, sa participation à ces assises se résume à contribuer à l’amélioration du dispositif électoral et institutionnel en vue des élections «non contestées», a-t-il précisé, relevant au passage qu’il s’y est engagé pour prévenir «la crise qui menaçait de diviser durablement le peuple gabonais et qui risquait d’avoir de lourdes conséquences sur la paix et la stabilité dans notre pays, voire dans la sous-région d’Afrique centrale».
Concernant la limitation des mandats, l’ancien directeur de campagne de Jean Ping à la dernière présidentielle estime « qu’il vaut mieux laisser les dispositions de la Constitution dans leurs formulations actuelles, qui disent que le président de la République est élu pour une durée de sept (7) ans, il est rééligible », de sorte à permettre au président (actuel ou à venir) d’entreprendre quelques actes notables. La loi ne doit pas être un motif d’interruption de l’œuvre d’un «bon président», a dénoncé le président de DN. Il appartient «au peuple d’en décider… Ce qui est important, c’est la souveraineté du peuple», a-t-il argumenté.
Suffisamment relayée dans la presse ces derniers jours, l’organisation d’un troisième dialogue semble une hérésie pour l’ancien député de Bitam. Réné Ndémezo’o s’est interrogé sur la pertinence d’un troisième dialogue, tout en ironisant sur la médiation supposée des Nations unies. «Sur cette question, il y a beaucoup d’intox. Il paraît que ce nouveau dialogue serait réclamé par la communauté internationale. Je dois dire que cette communauté internationale était représentée au dialogue qui vient de prendre fin. Aussi bien les Nations unies que l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) qui sont tombés d’accord avec l’Union africaine (UA), pour dire que c’est l’UA qui les représente par le facilitateur désigné par le président de la Commission de l’UA au dialogue qui vient d’avoir lieu. Il est venu avec le mandat des Nations unies, de l’OIF pour être facilitateur à ce dialogue. Les Nations unies que d’aucuns évoquent pour dire qu’il faut qu’il y ait un nouveau dialogue. Mais les Nations unies étaient déjà là ! », a-t-il indiqué. Il a du reste confié avoir eu au téléphone le président Alpha Condé, le médiateur qui serait attendu. Selon Ndémezo’o, sa venue n’est plus d’actualité. « Venir au Gabon ? Pour faire quoi ? Vous êtes en train de discuter au dialogue entre gabonais », aurait rétorqué le président Guinéen.
Favorable à la trêve sociale, il plaide pour qu’elle soit «d’une durée assez longue ». Dans le secteur éducation, pris en exemple, l’ancien ministre pense que cela permettra «qu’il y ait réellement éducation dans notre pays».
A la question de savoir si oui ou non il serait favorable avec son parti à une entrée au gouvernement, l’ancien ministre pense que c’est l’unique moyen pour s’assurer de l’exécution des actes du dialogue. Son parti n’entend pas servir les conclusions du dialogue et se croiser les bras. Sa participation est donc actée.
Visiblement, René Ndemezo’o ne court pas les pieds dans le sac. Sa démarche, pense-t-il, a bien produit des avancées. Elle a contribué à dégraisser «le mastonde» qu’est la Cour constitutionnelle de ses prérogatives relatives à la question électorale. La nomination du président du Centre gabonais des élections (CGE) par ses pairs est considérée comme une avancée par René Ndemezo’o, qui estime que cette liberté lui permettra d’agir sans le poids d’une quelconque dette morale. De même, il brandit comme autre trophée remporté, le mode de scrutin aux élections présidentielle et parlementaire, désormais à deux tours.
Sur la question des prisonniers politiques, le président du DN estime que deux moyens existent pour que ceux-ci sortent de prison : la libération provisoire ou la grâce présidentielle, au terme d’un jugement. Selon Ndémezo’o, ces deux possibilités ont été sollicitées. Finalement, il appartient désormais à Ali Bongo d’agir à sa guise, au gré de ses intérêts. Mais le gouvernement de large ouverture attendu par tous les « dialogueurs » saura-t-il résorber la crise actuelle ?
Auteur : Alain Mouanda