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France : Danièle Obono, du Gabon au Palais-Bourbon

À peine élue, cette proche de Jean-Luc Mélenchon a récemment été au cœur d’une polémique pour avoir défendu en 2012 la chanson Nique la France. Ce débat aurait-il lieu si elle n’était pas née à Libreville ?

Paris, le 21 mai. Lors d’une rencontre publique intitulée « Mélenchon est-il notre pote ? », des militants proches du Parti des indigènes de la République, mouvement antiraciste radical, interpellent Danièle Obono, alors candidate aux élections législatives sous les couleurs de La France insoumise. Celle-ci salue la volonté de son leader, Jean-Luc Mélenchon, d’en finir avec le franc CFA.

Si elle déclare « ne pas [se] souvenir précisément » de la position de ce dernier sur la présence pérenne de bases militaires françaises sur le continent, elle précise y être personnellement opposée. Son visage était, jusque-là, presque inconnu des journalistes politiques. Mais Danièle Obono, 36 ans, née à Libreville et bibliothécaire dans l’Ouest parisien, n’a pas tardé à faire parler d’elle.

La jeune femme avait à peine fait son entrée à l’Assemblée nationale que le sénateur David Rachline (Front national) rappelait qu’en 2012 elle « avait signé une pétition défendant la chanson du groupe ZEP intitulée Nique la France ». Bronca assurée. Arrivée en France à l’âge de 10 ans, Obono a épousé la lutte antiraciste au lycée, avant de rejoindre la Ligue communiste révolutionnaire (ancêtre du Nouveau Parti anticapitaliste, NPA), formation trotskiste, dès ses premières années d’études en sociologie à la Sorbonne.

« Le racisme ? Je ne peux pas y échapper »

En 2012, elle fait déjà le pari de Jean-Luc Mélenchon, qu’elle a rencontré en 2011, et intègre son conseil national de campagne présidentielle. En 2017, elle est la porte-parole nationale du candidat à l’Élysée, puis se présente avec succès aux législatives à Paris. « Le racisme ? Je ne peux pas y échapper. Je le vis », confie la nouvelle parlementaire.

Au lendemain de la polémique sur son soutien aux artistes qui ont chanté Nique la France, son camarade Éric Coquerel, lui aussi élu de La France insoumise, s’est d’ailleurs étonné à la radio : « Depuis 2012, personne n’a jamais parlé de cette affaire, ni à moi ni à Olivier Besancenot [autre signataire de la pétition et militant du NPA]. Danièle Obono, on lui en parle. Je vais vous dire pourquoi […] : parce qu’elle est noire. » La députée promet de ne pas baisser la garde depuis son nouveau siège au Palais-Bourbon. « La lutte contre le racisme et le machisme sera importante dans mon action politique des années à venir », promet-elle.

Tout en avançant dans ce parcours à la gauche de la gauche, la jeune militante suit l’actualité africaine d’un œil attentif. Sa thèse – qu’elle a mise entre parenthèses – en témoigne : elle porte sur « le rôle des syndicats durant le mouvement de manifestations de l’opposition en 1994 au Nigeria ».

« Je ne suis pas la Madame Afrique de Mélenchon »

Mais la militante prévient : « Je ne suis pas la “Madame Afrique” de Jean-Luc. » Obono partage, dans les grandes lignes, les diverses prises de position du leader de La France insoumise sur les questions africaines, non sans apporter quelques nuances dans certains dossiers. Sur la Côte d’Ivoire par exemple, alors que Mélenchon a pris position en faveur de Laurent Gbagbo, elle se refuse à prendre fait et cause pour l’ancien président, qu’elle juge « très critiquable ».

Je ne vais pas donner des leçons aux démocrates africains

Mais elle « dénonce la manière que la France a de trouver des boucs émissaires pour mieux se dédouaner et reste critique envers les ingérences françaises dans la vie politique de ce pays ». En septembre 2016, quelques jours après l’annonce de la ­réélection d’Ali Bongo Ondimba, Jean-Luc Mélenchon et Danièle Obono participent à une manifestation d’opposants gabonais, à Paris, sur le parvis du Trocadéro.

« Je ne vais pas donner des leçons aux démocrates africains. Je milite depuis la France et je prends ce paramètre en compte », assure-t‑elle. Discrète sur sa vie personnelle, elle avoue néanmoins « n’être pas retournée au Gabon depuis bien longtemps », même si elle y a toujours de la famille. « Le billet coûte cher… »

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