Adulé un temps par ses compagnons de l’opposition après les avoir rejoints, le président de Démocratie nouvelle (DN) est aujourd’hui honni par ces derniers pour avoir pris part aux assises d’Angondjé. Dans le Woleu-Ntem, les «exploits» passés de cet ancien député PDG de Bitam n’en finissent plus d’être ressuscités, au même titre que ses petits noms.
Si leur aval avait été demandé avant l’entrée de René Ndemezo’o Obiang au Front uni de l’opposition, en février 2015, il n’est pas sûr qu’ils l’auraient donné. Vincent Essono Mengue, Rostand Essono Ella, Jean Marc Ekoh, François Ondo Edou, Luc Bengone Nsi et bien d’autres opposants de longue date ne connaissent que trop bien le président de Démocratie nouvelle. Un parti se réclamant de l’opposition né en avril 2016 avec un objectif précis : soutenir la candidature de Jean Ping à la présidentielle prévue quatre mois plus tard. Aux yeux de ces derniers, l’ancien député du Parti démocratique gabonais (PDG) à Bitam n’a jamais été qu’«un traitre».
En octobre 2016, c’est Vincent Essono Mengue qui sonnait déjà la charge contre son ancien compagnon du Morena. Peu après l’annonce de René Ndemezo’o Obiang de prendre part au dialogue politique initié par Ali Bongo, au plus fort de la contestation de sa réélection, le maire de la commune d’Oyem avait dit ne pas être étonné de l’énième «retournement de veste» de l’ancien PDGiste, qu’il perçoit encore aujourd’hui comme «un mercenaire politique» aux «intentions cyniques».
S’il vous vient à l’idée d’interroger le pasteur Rostand Essono Ella sur «le cas» Ndemezo’o Obiang, il n’en dira pas forcément du bien. Beaucoup s’en faut. Si l’ancien président de l’Eglise évangélique du Gabon, il y a quelques semaines dans l’hebdomadaire Moutouki l’avait déjà assimilé à «un démon» personnifié, dans une récente interview au journal La Loupe, il accuse le président de DN de n’être un homme «ni de confiance ni de parole». «Lorsque vous êtes avec lui, demandez-vous toujours : où est le piège ? Où se trouve le piège ? Qu’est-ce qu’il veut me faire ?»
Cette méfiance, François Ondo Edou, le vice-président de l’Union nationale, l’aurait souvent exprimée lui aussi, lorsqu’il côtoyait encore Ndemezo’o Obiang. A l’époque, «le mouton», ainsi que l’appelait Jean Marc Ekoh, était déjà vu comme «un espion» d’Omar Bongo. Même lorsqu’il s’était retrouvé emprisonné avec ses compagnons du Morena. Les différents postes de prestige octroyés par le défunt père d’Ali Bongo à l’opposant redevenu avaient fini par convaincre ses compagnons de lutte que RNO n’avais jamais été de leur côté. C’est encore ce que beaucoup au sein de l’opposition pensent.
René Ndemezo’o Obiang serait-il mal compris ? Le président de DN ferait-il l’objet d’un mauvais procès ? Aurait-il changé les habitudes qui lui sont reprochées par ses anciens compagnons depuis son entrée à l’opposition ? Son soutien au pouvoir cache-t-il un autre dessein ? Bien malin qui répondra à ces questions. Pour l’heure, à Démocratie nouvelle, l’on est convaincu d’être sur la meilleure voie pour sortir le Gabon de la crise multiforme qu’il vit depuis plusieurs mois.