Une grille de 184 produits bénéficiant d’une réduction de 15% est adoptée pour une période de six mois, période à l’issue de laquelle des correctifs pourraient être apportés, en vue d’une réduction pérenne de la vie chère au Gabon. Le gouvernement aurait consenti 40 milliards de francs CFA de pertes en termes de taxes pour rendre l’impact de cette mesure effectif.
Le ministre délégué à l’Economie, Noël Mboumba a annoncé le 18 août à Libreville, l’entrée en vigueur de la nouvelle mercuriale des prix, concernant 184 produits de consommation courante faisant l’objet d’une réduction de 15%. Parmi ces produits, 132 sont déjà validés, 52 autres feront l’objet d’une liste additive très prochainement, précise la note d’information élaborée à cet effet.
Appliquée pour une durée de six mois, la configuration de la nouvelle grille permettra au gouvernement de juger de son impact réel dans cet intervalle, avant que des correctifs éventuels ne soient apportés.
S’il garantit avoir appris des dérapages observées lors de l’application de l’ancienne mercuriale, ainsi que de la contribution spéciale de solidarité, le ministre a estimé que ce garde-ligne est nécessaire pour s’assurer que la mesure satisfait le consommateur final et l’opérateur économique. Cet outil de base de prix contrôlés est l’instrument choisi par le gouvernement pour garantir la pérennité d’un pouvoir d’achat raisonnable, assure-t-il.
Alors que le président de la République avait invité le gouvernement d’aller en croisade contre la vie chère, lors du conseil des ministres du 2 juin 2016, Noël Mboumba explique ce retard à l’allumage par la prise en compte d’un certains nombres de préalables, dont une période accordée aux opérateurs économiques pour l’écoulement des stocks, mais aussi la synchronisation de vues entre l’Etat et les opérateurs de la chaine de distribution, regroupés au sein du Syndicat des importateurs et exportateurs (Sympex), de sorte qu’aucune des parties ne subisse le poids de la mesure.
Pour l’autorité ministérielle, les opérateurs économiques n’ont pas à s’inquiéter de l’impact de cette mesure sur leurs marges. «En économie toute chose étant égale par ailleurs, ce qu’ils vont perdre en terme de prix, ils vont le récupérer en volume», a-t-il indiqué.
L’Etat qui a consenti des pertes de l’ordre de 40 milliards de francs CFA, à travers l’exonération des taxes et redevances à la fiscalisation, n’entend pas cautionner l’inobservation de cette mesure. «L’Etat restera intraitable, parce qu’on ne peut pas spolier l’effort qui est consenti par l’Etat, et en bout de chaine qu’il n’y ait pas d’impact. Des sanctions seront prises à l’endroit des commerçants véreux», a-t-il prévenu.
Des listes de produits homologués dans le cadre de ce combat contre la vie chère, seront affichées au niveau de chaque magasin de façon visible. Il y aura des brigades mixtes de contrôle qui devront s’assurer de l’exécution de la nouvelle grille dès la semaine prochaine. De même, la mesure sera étendue à l’intérieur du pays, sauf qu’il y aura un coefficient d’ajustement qui prendra en compte le facteur transport dont la marge est en cours de discutions entre les parties.
«Deux semaines pédagogiques», a annoncé le ministre, seront nécessaires aux opérateurs économiques pour s’ajuster véritablement. L’opportunité de la mise en place d’un numéro vert est actuellement examinée, pour que chaque citoyen soit le censeur d’une augmentation délibérée de la part des commerçants, en remontant l’information en temps réel.
Le gouvernement qui se dit préoccupé par la cherté de la vie, a mis en place un dispositif de surveillance touchant à d’autres secteurs. Les entreprises défiscalisées qui en profitent pour introduire des produits qu’elles transfèrent vers des pays voisins sont dans le collimateur du gouvernement.
Auteur : Alain Mouanda