Le gouvernement gabonais « envisage une loi d’amnistie » pour les responsables des violences post-électorales survenues au lendemain de l’annonce de la victoire d’Ali Bongo Ondimba le 31 août 2016 suite à l’élection présidentielle controversée encore critiquée à ce jour par l’opposant et candidat malheureux, Jean Ping.
Manifestations anti-Ali Bongo, pillages, interpellations par centaines, destruction des édifices publics (notamment l’Assemblée nationale), assaut des forces de sécurité contre le QG Jean Ping, au Gabon principalement à Libreville, de nombreux opposants et membres de la Société civile en tête desquels, Bertrand Zibi, soutien de l’opposant Jean Ping, croupissent à la prison centrale pour avoir protesté contre la victoire d’Ali Bongo Ondimba réélu après délibération de la Cour constitutionnelle. Pour le gouvernement, il est désormais question d’envisager une « loi d’amnistie » pour traiter au « cas par cas certaines situations engageant des personnes qui se seraient rendues coupables » de violences durant la tragique crise post-électorale de 2016.
D’après le Premier ministre qui a annoncé cette éventualité, l’idée émane de l’exécutif, c’est-à-dire du Président de la République, Ali Bongo Ondimba. Pour ce faire, une commission nationale sur les violences post-électorales verra le jour pour traiter ces cas. Comment comprendre cette soudaine prise de position sur la situation des responsables des violences post-électorales alors que depuis longtemps, soit plusieurs mois après le fameux Dialogue politique qui invitait le gouvernement à plancher sur cette question, les autorités de la République n’ont jamais fait cas des personnes emprisonnées au lendemain del’annonce de la victoire d’Ali Bongo Ondimba ?
Carte de l’apaisement ?
Une coïncidence peut-être pas évidente mais en lien avec la réalité et qui laisse paraitre l’emprise des partenaires internationaux dans cette décision si particulière. Depuis quelques jours en effet, l’Union Européenne (UE) accentue la pression pour la prise d’une résolution contre le Gabon. Elle invite dans une « Proposition de résolution commune » datée du 13 septembre 2017 notamment la France, « en particulier, en raison de ses liens historiques forts avec le Gabon, de peser de tout son poids politique et économique sur le gouvernement gabonais et de jouer un rôle constructif au sein des institutions européennes ». L’invitation de l’organisation interpelle notamment le Gabon sur la réforme de son « système judiciaire ».
Pour le gouvernement gabonais, envisager une « loi d’amnistie » est déjà un grand effort. « On n’a pas besoin d’avoir, parallèlement à cet effort national, une initiative venant de la communauté internationale », estime le Premier ministre, Emmanuel Issoze-Ngondet. Une position qui vise certainement à contrer la fronde de l’UE en direction du pouvoir gabonais, laquelle invite les organismes internationaux auxquels le Gabon est partie prenante à « réexaminer leurs politiques à l’égard du Gabon et à envisager des sanctions ciblées à l’encontre des responsables ». Un mauvais signal perçu de loin par le pouvoir en place.
Michael Moukouangui Moukala