Le tribunal correctionnel de Paris a condamné jeudi le journaliste Pierre Péan pour avoir laissé entendre que le président gabonais Ali Bongo était à l’origine des tentatives d’assassinat de Jean-Pierre Lemboumba.
Les passages incriminés figurent dans le livre Nouvelles affaires africaines, publié en 2014 aux éditions Fayard, dans lequel le journaliste Pierre Péan revient longuement sur les relations entre Ali et Omar Bongo. Dans l’un des chapitres, l’auteur laisse entendre que le président gabonais aurait commandité deux tentatives d’assassinat à l’encontre de Jean-Pierre Lemboumba, qui était alors le directeur de cabinet d’Omar Bongo et aurait comploté pour empêcher le fils Bongo de succéder à son père. « Un contrat a été mis sur sa tête, écrit ainsi Pierre Péan. C’est un voyou du Havre qui est chargé de l’exécution. La PJ retrouve le donneur d’ordre : un Coréen proche d’Ali Bongo. »
Une « base actuelle insuffisante »
Des accusations « très graves » et « formulées de façon affirmative », dont « la base factuelle s’avère insuffisante », a jugé la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris.
En l’occurrence, le journaliste avait rapporté les propos de Jacques Foccart, le « Monsieur Afrique » des présidents français, qui lui avait confié que la première tentative d’assassinat avait été « plus ou moins inspiré par Ali Bongo ». Une allégation jugée « trop vague » par le tribunal, qui a également réfuté les propos rapportés par Pierre Péan d’un enquêteur anonyme.
Les juges notent en outre que « s’agissant de la seconde tentative d’assassinat, aucun document n’est versé à l’appui des propos incriminés ».
En revanche, le tribunal a débouté le président gabonais concernant d’autres passages du livre, où l’auteur relate la rumeur selon laquelle Ali Bongo serait responsable de l’empoisonnement mortel de Georges Rawiri, ancien président du Sénat et considéré comme le numéro 2 du régime.
Pierre Péan a également été relaxé pour ses propos sur la fraude lors des élections présidentielles de 2009, au motif qu’ils sont étayés par une « documentation solide, variée, abondante, et qui se recoupe ».
Un euro de dommages et intérêts
Dans son jugement, le tribunal correctionnel condamne le journaliste Pierre Péan et son éditrice Sophie de Closets à payer une amende de 1 000 euros chacun et à verser un euro de dommages et intérêts à Ali Bongo.
L’avocate du président gabonais, Me Delphine Meillet, s’est déclarée « extrêmement satisfaite » par le jugement du tribunal. « Pierre Péan est un habitué de la 17e chambre (où sont jugées notamment les affaires de diffamation, ndlr) et il est légitime qu’il soit condamné, explique-t-elle à Jeune Afrique. Son ambition est claire : il s’agit de délégitimer le président Bongo. »
Contactée par l’AFP, l’avocate de Pierre Péan et de son éditrice, Me Florence Bourg, a salué pour sa part une décision « globalement très positive », puisque les juges ont relaxé l’auteur sur les passages relatifs aux accusations de fraude électorale et à la mort de Georges Rawiri.