Hervé Patrick Opiangah, le très puissant collaborateur du chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba qui réclame 600 millions de FCFA à Jean Ping, sera devant la presse ce jeudi en fin de matinée pour parler entre autre de cette affaire privée devenue quasiment « une affaire d’Etat ».
La sortie de M. Opiangah correspondant quasiment à la fin de l’ultimatum adressé à Jean Ping pour solder sa dette.
Le 14 octobre dernier, un huissier, des hommes cagoulés et armés ont débarqué au domicile de l’opposant pour lui notifier la saisie d’un certains nombre de ses biens sous huitaine s’il ne s’acquittait pas de sa dette.
Petit retour plus de deux ans en arrière, le lundi 12 janvier 2015, le réveil pour Jean Ping et sa famille est très mouvementé. Au moins 300 jeunes attaquent et caillassent sa résidence. Caméra de surveillance cassée, le compteur électrique n’y échappe pas, des feux sont allumés, jets de projectiles divers et variés, l’ambiance est chaude.
Ces évènements se passent bien avant la présidentielle du 27 août 2016, mais l’opposant a une certitude : ces centaines de jeunes sont envoyées par celui qu’on appelle à l’époque le bras armé d’Ali bongo, Hervé Opiangah, un très proche du président Bongo. Jean Ping porte plainte contre Opiangah qui lui, crie à la diffamation. Le procès a lieu. L’opposant ne se présente pas. Il est condamné à verser à Opiangah 600 millions de francs CFA pour diffamation.
Ses comptes bancaires gabonais et français sont alors gelés tout cela avant la présidentielle. Ce qui fera dire au porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie Bi Nzé petite phrase : « Mais comment fait-il pour faire campagne alors que son argent est gelé ? »
C’est donc cette affaire qui reprend ce vendredi selon un témoin joint chez l’opposant ce matin : « C’est un huissier de justice qui est venu avec des éléments de la police encagoulés. Il est venu faire une saisie de la maison du président. L’huissier se présente en disant qu’il va tout saisir. On est au pays de Marlboro ».
Alors, les huissiers ont déjà saisi une partie de ces 600 millions de francs CFA. Et quelque temps après leur arrivée, l’huissier et les hommes cagoulés ont quitté la résidence de Jean Ping, comme le confirme maître Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, porte-parole de l’opposant : « C’est une étape de plus dans le harcèlement de Jean Ping, mais c’est surtout un exemple patent de l’instrumentalisation des forces de sécurité et de défense dans notre pays. Qu’un huissier vienne pour poser un acte pourquoi pas à la limite. Mais qu’il vienne avec 30 gendarmes encagoulés en plein jour au domicile de Jean Ping pour faire signer un acte, l’armée finit par servir à autre chose qu’à sa mission première. Sur les conseils de ses avocats qui sont arrivés, il a signé l’acte et l’huissier est parti. Monsieur Jean Ping, à part sa résidence principale dans laquelle il habite, a d’autres biens immobiliers dans Libreville qui sont notoirement identifiés par la justice. Pensez-vous que le premier bien que l’on puisse saisir dans une affaire judiciaire, c’est la résidence principale ? Est-ce que l’on peut venir saisir la résidence de Jean Ping qui de mon point de vue vaut au moins trois ou quatre fois les sommes en cause ? C’est une plaisanterie ».
Un délai d’un mois a été donné à l’opposant avant que ses biens ne soient vendus aux enchères. Joint par RFI, Jean-Rémy Batsantsa, avocat de Jean Ping, ne décolère pas.
« C’est absolument grave. Ce que nous allons faire, nous les avocats de Monsieur Ping, c’est que nous allons regarder attentivement tous ces actes et nous allons voir s’il y a lieu de les contester mais nous allons, de toute façon, les contester. Nous savons bien que les tribunaux sont aux ordres du pouvoir, mais nous irons quand même devant les tribunaux. C’est sans doute là un moyen pour eux d’essayer de réduire les capacités d’action de Monsieur Ping, en ce sens que l’on veut l’asphyxier, financièrement, de façon qu’il ne puisse plus avoir les moyens de mener sa résistance et son combat », a-t-il déclaré.
Martin Safou & rfi.fr