Le Pozzo di Borgo, hôtel particulier de luxe dans le faubourg Saint-Germain à Paris, a été pris d’assaut par les Panthères de la diaspora, ce samedi 13 janvier. Ils menacent de tout casser dans ce bâtiment ayant coûté au Gabon 65 milliards de francs CFA, si Jean Ping n’est pas autorisé à quitter le territoire national ce même jour.
Les activistes de l’opposition gabonaise à l’étranger, section parisienne de ce qu’ils nomment eux-mêmes les Panthères de la diaspora, ont investi, ce samedi13 janvier en début de soirée, le Pozzo di Borgo. À en croire les commentaires, échanges et déclarations notés lors d’un live vidéo diffusé en direct sur les réseaux sociaux, cette action est consécutive à l’assignation territoriale de Jean Ping.
Le leader de l’opposition a été en effet provisoirement interdit de sortie du territoire national. La Police de l’air et des frontières a été saisie par le premier juge d’instruction du tribunal de Libreville, pour l’empêcher de quitter le pays jusqu’à nouvel ordre. Jean Ping doit être auditionné, à titre de renseignement, le 17 janvier prochain par ledit juge dans le cadre de l’affaire de Pascal Oyougou, un opposant proche de lui incarcéré à la prison centrale pour crime de complot contre l’Etat.
La section parisienne des Panthères de la diaspora indique : «Si Jean Ping n’accède pas à l’avion de Libreville pour Paris, on gaspille ici.» Ils entendent donc rester sur les lieux et y invitent les compatriotes ayant des problèmes de logement en France à se radiner au Pozzo di Borgo. «C’est chez nous», clament-ils. «Ali Bongo a acheté cet hôtel avec l’argent volé du Gabon».
Après donc avoir fait tomber la palissade de chantier entourant le lieu, les manifestants ont accédé à cet hôtel particulier de luxe, acquis en 2010 par le Gabon pour 65 milliards de francs CFA. Officiellement, il devait abriter les services de l’ambassade du Gabon en France. Celle-ci est pourtant restée depuis lors à l’avenue Raphaël dans le 16e arrondissement de Paris.
Cet hôtel particulier de luxe avait commencé à susciter de sérieux doutes lorsque, le 28 juillet 2011, le journal français Libération, sous la plume de Renaud Lecadre, avait publié un article qui indiquait que «Les ploutocrates africains redoublent désormais de prudence. Outre le transfert de comptes bancaires vers des pays judiciairement tempérés, ils évitent d’apparaître en direct sur les titres de propriété. Mais l’habillage n’est pas toujours très subtil. Ainsi, le gouvernement gabonais annonçait en mai 2010 l’acquisition d’un hôtel particulier à Paris, rue de l’Université. Un bien public, donc, au nom du peuple gabonais. Les policiers français ont pisté les différentes SCI (sociétés civiles immobilières) propriétaires de ce bien prestigieux : toutes renvoient à un gérant, Maixent Accrombessi, et à son adresse, palais présidentiel de Libreville, où il officie comme directeur de cabinet d’Ali Bongo.»
Selon la déclaration de l’un des manifestants, six véhicules de police entouraient déjà, en début de soirée, le Pozzo di Borgo. «L’ambassadeur du Gabon a dit aux autorités françaises que ce sont des terroristes qui sont ici», a lancé l’une des figures de proue de l’assiègement de ce bâtiment, l’un des plus beaux hôtels du faubourg Saint-Germain à Paris. Cachant sa splendeur derrière le portail du n° 51 de la rue de L’Université, il fut commandé par le président du Grand Conseil au Parlement de Paris, François Duret, à l’architecte Pierre Cailleteau dit «Lassurance» (1655-1724). Sa construction a commencé en 1706.