Emmanuel Macron a présenté les traditionnels vœux du chef de l’État aux Français lundi 31 décembre dans un contexte tendu. Crise des gilets jaunes, nouvel épisode de l’affaire Benalla… Le président de la République, dont la cote de popularité est en berne, a voulu se montrer à la fois inclusif, visionnaire et proche des Français, tout en insistant sur ses réformes. Dans une mise en scène renouvelée, il a dressé trois vœux : de « vérité », de « dignité » et d’« espoir ».
Emmanuel Macron a choisi de s’exprimer debout. Une innovation qui lui a certainement permis d’avoir plus d’aisance et d’apparaitre comme un président déterminé, pas un président sur la défensive. Une manière d’essayer de reprendre la main, d’abord en tirant une leçon des derniers événements.
Dans son allocution, le chef de l’État a évoqué le mouvement des « gilets jaunes », mais ne les a pas cités. Il a préféré évoquer dans son allocution « de grands déchirements et une colère qui venait de loin : colère contre les injustices, contre le cours d’une mondialisation parfois incompréhensible, colère contre un système administratif devenu trop complexe et manquant de bienveillance, colère aussi contre des changements profonds qui interrogent notre société sur son identité et son sens. »
« Cettecolère » en 2018 « a dit une chose à mes yeux, quels que soient ses excès et ses débordements : nous ne sommes pas résignés », a-t-il poursuivi. Emmanuel Macron a prévenu que « les résultats » des réformes engagées depuis le début du quinquennat « ne peuvent pas être immédiats et l’impatience que je partage ne saurait justifier aucun renoncement ».
Les Français doivent « accepter la réalité », a lancé le président
Emmanuel Macron a essayé d’insister sur la solidarité et son « virage social »: « Cessons de nous déconsidérer ou de faire croire que la France serait un pays où les solidarités n’existent pas, où il faudrait dépenser toujours davantage », a-t-il déclaré. « Nous pouvons faire mieux et nous devons faire mieux ».
Mais le chef de l’État a tenté de positiver la crise des « gilets jaunes » et a exprimé trois vœux pour 2019. Un vœu de « vérité », en invitant les Français à « accepter la réalité » et défendu également une diminution des dépenses de l’État. Ainsi, il a exprimé sa volonté de poursuivre les réformes de son gouvernement, notamment la réforme d’un système qui « ne prend pas assez en compte le mérite ».
Sans citer les « gilets jaunes », M. Macron a affirmé que « l’ordre républicain sera assuré sans complaisance »
Emmanuel Macron s’est également élevé lundi 31 décembre au soir contre « les porte-voix d’une foule haineuse », affirmant dans une allusion aux débordements des « gilets jaunes » que « l’ordre républicain sera assuré sans complaisance » : « Que certains prennent pour prétexte de parler au nom du peuple (…) et n’étant en fait que les porte-voix d’une foule haineuse, s’en prennent aux élus, aux forces de l’ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels, c’est tout simplement la négation de la France », a déclaré le président lors de ses vœux aux Français.
Le président Emmanuel Macron est également revenu sur les mesures annoncées lors de sa dernière allocution le 10 décembre 2018, notamment le grand « débat national », promis pour répondre à la crise des « gilets jaunes ». « Le débat national qui s’ouvre doit nous permettre de parler vrai et je vous écrirai dans quelques jours pour vous en préciser les attentes », a-t-il annoncé. Ce débat, le président l’a aussi évoqué en exprimant un vœu de « dignité ».
« Le gouvernement dans les prochains mois devra poursuivre ce travail pour changer en profondeur les règles de l’indemnisation du chômage afin d’inciter davantage à reprendre le travail, l’organisation du secteur public pour le rendre plus efficace, et notre système de retraites pour le rendre plus juste », a-t-il dit.
Dénonciation de la désinformation et des « manipulations »
Dans son vœu de « vérité », Emmanuel Macron a également dénoncé la désinformation, les « manipulations » et les « intoxications », qui entament selon lui la « confiance démocratique ». « Parler vrai, c’est parler de la réalité », a-t-il lancé dans son allocution: « Le vœu de vérité, c’est aussi celui qui doit nous conduire, afin de demeurer une démocratie robuste, à mieux nous protéger des fausses informations, des manipulations et des intoxications ».
« On peut débattre de tout, a-t-il poursuivi, mais débattre du faux peut nous égarer, surtout lorsque c’est sous l’impulsion d’intérêts particuliers. À l’heure des réseaux sociaux, du culte de l’immédiateté et de l’image, du commentaire permanent, il est indispensable de rebâtir une confiance démocratique dans la vérité de l’information reposant sur des règles de transparence et d’éthique ».
Le mouvement des « gilets jaunes » a donné lieu au partage de nombreuses infox, ou fausses informations, et de théories complotistes, notamment au sujet du pacte de l’ONU sur les migrations signé début décembre à Marrakech, au Maroc. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner s’est notamment ému d’éléments susceptibles, selon lui, susceptibles selon lui, d’attiser la « haine ».
Un « projet européen renouvelé »
Après des vœux de « vérité » et de « dignité », M. Macron a souhaité formuler un « vœu d’espoir en nous-même comme peuple, en notre avenir commun, espoir en notre Europe ». « Ce que nous voulons profondément, c’est retrouver la maîtrise de notre quotidien et de notre destin, ne plus subir ».
« Retrouver la maîtrise de notre vie, c’est choisir notre alimentation, c’est assurer la justice fiscale, c’est nous protéger contre nos ennemis, c’est investir pour innover, c’est apporter une réponse commune aux migrations ; je crois très profondément dans cette Europe qui peut mieux protéger les peuples et nous redonner espoir », a-t-il lancé.
« C’est aussi cela qui doit guider le projet européen renouvelé, que je vous proposerai dans les prochaines semaines », a-t-il ajouté, évoquant ainsi les élections européennes de mai 2019. Emmanuel Macron a planté le décor de l’année 2019 telle qu’il l’espère en essayant de reprendre le fil de son mandat quitte à risquer de minimiser les mécontentements.