Loin des félicitations et autres encouragements adressés au Premier ministre ces derniers jours, l’analyste économiste Mays Mouissi estime quant à lui que le chef du gouvernement a violé la loi en faisant une déclaration des biens «hors délai». Julien Nkoghe Bekale s’est présenté à la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) le 19 novembre au lieu du 11 avril dernier, comme prescrit par la loi.
Le Premier ministre s’est acquitté d’une disposition légale en déclarant ses biens à la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI), le 19 novembre 2019. Ce timing a cependant arraché des commentaires négatifs à Mays Mouissi, pour qui cette déclaration a été faite en «violation de la loi».
«Julien Nkogue Bekale a transformé sa propre violation de la loi en opération de communication à son avantage. Les gens semblent applaudir alors qu’il (le Premier ministre, ndlr) aurait dû être démis de ses fonctions», a estimé l’analyste économiste. Pour appuyer ses dires, Mays Mouissi a exhumé la loi N°002/2003, instituant un régime de prévention et de répression de l’enrichissement illicite en République. Selon ce texte, les membres du gouvernement doivent faire une déclaration de fortune à la CNLCEI dans les trois mois suivant leur prise de fonction. Or, le rituel auquel s’est soumis Julien Nkoghe Bekale, a largement été effectué au-delà des limites prescrites par la loi.
«Le Premier ministre a été nommé à cette fonction le 12 janvier 2019. Il avait jusqu’au 11 avril pour faire sa déclaration de fortune. Ne s’étant manifestement pas exécuté, il aurait dû être demis de ses fonctions dès le 12 avril», a estimé Mays Mouissi dans un tweet, le 20 novembre. «Et pourtant, vous l’avez tous vu se présenter à la CNLCEI pour effectuer sa déclaration de fortune, le 19 novembre, soit sept mois après la date limite de déclaration, avec des caméras de télévision comme pour dire qu’il montre l’exemple», a-t-il ajouté.
Mays Mouissi a également regretté l’attitude de CNCEI, qui a reçu «une déclaration hors délai avec le sourire comme si c’était normal». À la lumière des faits, la quasi-totalité du gouvernement est donc «hors la loi».