Brice Laccruche Alihanga, l’ancien tout-puissant directeur de cabinet du président du Gabon Ali Bongo Ondimba, a été interpellé, mardi, dans le cadre d’une vaste enquête anticorruption.
La vaste opération anticorruption visait à l’origine son entourage mais elle a fini par rattraper Brice Laccruche Alihanga, l’ancien tout-puissant directeur de cabinet du président gabonais Ali Bongo Ondimba. Le Franco-gabonais a été interpellé mardi 2 décembre.
Il y a encore quelques semaines, Brice Laccruche Alihanga avait considérablement irrité une bonne partie des caciques du pouvoir en menant, en l’absence d’Ali Bongo convalescent après un accident vasculaire cérébral (AVC), une tonitruante « tournée républicaine » dans tout le pays. Il avait ensuite été écarté de la présidence début novembre, après une manifeste amélioration de la santé et une reprise en main du pouvoir par le chef de l’État ou son entourage proche, selon les analystes.
Depuis, il était devenu invisible, bien qu’à la tête d’un ministère sans réel pouvoir. Après qu’une bonne dizaine de personnalités proches de lui eurent été arrêtées, longuement interrogées par les enquêteurs puis, pour 13 d’entre elles, incarcérées, Brice Laccruche Alihanga « a été interpellé ce matin à son domicile », de même que deux ministres considérés comme ses proches et limogés du gouvernement, comme lui, lundi soir. Il s’agit de Tony Ondo Mba, ex-ministre de l’Énergie, et Noël Mboumba, ex-ministre du Pétrole.
« Les trois hommes ont été abondamment cités par des personnes actuellement en détention dans des faits de détournements de deniers publics, de concussion et de blanchiment de capitaux », a ajouté le magistrat. C’est « une plainte de l’agence judiciaire, qui est une agence de l’État, qui a conduit à ces interpellations », a tenu à préciser le procureur Roponat.
L’homme fort du pouvoir
Directeur de cabinet depuis plus de deux ans, Brice Laccruche Alihanga, 39 ans, était devenu littéralement l’homme fort du pouvoir depuis qu’Ali Bongo avait été affaibli par un AVC en octobre 2018. Il était depuis en convalescence à l’étranger, puis au Gabon.
Brice Laccruche Alihanga avait été limogé à la surprise générale début novembre de son poste de directeur de cabinet du président, avant d’être nommé dans la foulée à la tête d’un mystérieux ministère « chargé du Suivi de la stratégie des investissements humains et des objectifs de développement durable ».
Lundi soir, il avait perdu son portefeuille dans un remaniement, qui a remis en selle des ministre eux-mêmes limogés lors des incessantes refontes du gouvernement, survenues lorsque Brice Laccruche Alihanga dirigeait le cabinet d’Ali Bongo.
De nombreuses personnalités proches de Brice Laccruche Alihanga ont été la cible, ces dernières semaines, d’une vaste opération anticorruption qui a déjà conduit une dizaine d’entre elles en détention préventive..
« En tout, et sans compter les interpellations de ce matin, il y a bien eu 13 personnes placées sous mandat de dépôt » depuis le début de l’opération anticorruption, a précisé le procureur. « Deux sont en liberté provisoire, six ont été mises hors de cause » et le propre frère de l’ex-directeur de cabinet, Grégory Laccruche, maire d’Akanda, une commune limitrophe de Libreville, « est toujours en garde à vue », selon le procureur Roponat.
Avec AFP