Au Gabon, une nouvelle opération « mains propres » serait en cours dans le pays. Plusieurs personnes qui occupaient des postes stratégiques sont traquées et arrêtées. Leurs noms et leur nombre exact ne sont pas connus.
Les arrestations ont été lancées après le Conseil des ministres présidé par Ali Bongo il y a plus d’une semaine. Au cours de ce Conseil, le chef de l’État s’est séparé de son directeur de cabinet, Brice Laccruche Alihanga. Plusieurs lieutenants de ce dernier ont été limogés le même jour et seraient la cible des arrestations en cours.
Selon plusieurs sources, la première victime a été Renaud Alloghe Akoué, arrêté alors qu’il venait de quitter le poste de directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale. Ismaël Ondias Souna aurait été pris avant même la passation de service avec son successeur à la direction générale de la Société équatoriale des mines. Des arrestations ont également eu lieu à la compagnie nationale des hydrocarbures. La justice est restée muette dans la conduite de ce dossier, qui a créé la psychose dans le pays.
Finalement, ce lundi, le procureur de la République, Olivier Nzaou, a brisé le silence. Il a reconnu, sans les citer, que plusieurs personnes sont en garde à vue pour des soupçons de corruption et de blanchiment de grande envergure.
Un rééquilibrage dans la guerre des clans
Le limogeage de Brice Laccruche Alihanga de son poste de directeur cabinet avait été présenté comme un rééquilibrage dans la guerre des clans qui s’est intensifiée au palais du bord de mer depuis l’AVC du chef de l’État, Ali Bongo. Une façon de mettre un coup d’arrêt à sa toute-puissance sans pour autant le mettre totalement à l’écart.
Voilà donc aujourd’hui plusieurs de ses proches qu’il avait placés à la tête d’importantes régies financières dans des secteurs comme le pétrole, les mines ou l’assurance maladie, arrêtés. Veut-on s’en prendre maintenant à son trésor de guerre pour le neutraliser définitivement ou bien veut-on simplement envoyer un message alors même que le chef de l’État a promis d’en finir avec la corruption.
Le gouvernement que je dirige s’est résolument engagé dans la lutte contre les actes répréhensibles de gestion, dans la lutte contre la mauvaise gouvernance, dans la lutte contre l’impunité… Nous allons intensifier cette lutte.
Julien Nkoghe Békalé, Premier ministre du Gabon
« Dans notre pays, les sociétés publiques brassent beaucoup d’argent, avec des circuits financiers occultes, des comptes difficiles à tracer », explique l’économiste Mays Mouissi qui s’interroge néanmoins sur la portée réelle de ces enquêtes et redoute «une justice à géométrie variable en fonction des intérêts politiques ». Un opposant ironise : « Ce n’est ni plus ni moins que du règlement de comptes. Nous, on regarde et on compte les points ».