Roland Désiré Aba’a Minko a comparu ce 8 juin 2020 à Libreville devant la Cour criminelle spéciale. Poursuivi, entre autres, pour atteinte à la sureté intérieure de l’Etat, l’ancien allié de Jean Ping pour l’élection présidentielle d’août 2016, risque d’écoper d’une réclusion à perpétuité, conformément à l’article 68 du Code pénal. Le verdict dans quelques jours.
Détenu depuis trois ans à «Sans-Famille», la prison de Libreville, Roland Désiré Aba’a Minko a comparu le 8 juin devant la Cour criminelle spéciale. L’ancien candidat à l’élection présidentielle d’août 2016 qui s’était au dernier moment rallié à Jean Ping, est poursuivi pour «atteinte à la sureté de l’Etat, incitation à la révolte contre les autorités de l’Etat et trouble l’ordre public».
Interrogé sur les faits qui lui sont reprochés, celui qui s’était révélé à l’opinion publique par une grève de la faim en juillet 2011 dit avoir simulé un «canular politique». «C’était juste un canular politique qui j’ai monté seul, qui n’avait rien à voir avec la réalité. À travers cette mise en scène basée sur une stratégie de communication ciblée, j’ai voulu attirer l’attention des autorités diplomatiques françaises sur la situation politique du Gabon, marquée des élections truquées. Vu que depuis indépendances, c’est la France qui établit les présidents au Gabon à travers des accords sordides», a expliqué Aba’a Minko devant la Cour criminelle spéciale ce 8 juin.
S’il affirme avoir mesuré la portée de son acte qui aurait pu occasionner sa mort, Roland Aba’a Minko s’est dit heureux d’avoir «atteint son objectif de concentrer toute l’attention du pays et de l’opinion internationale sur la situation politique du Gabon». L’opposant, membre de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) tissée autour de Jean Ping, a présenté à la barre ses excuses à tous ceux qui ont été affectés par son acte.
Le 16 juin 2017, dans un message relayé sur les chaines de télévisions, Roland Aba’a Minko avait lancé un ultimatum à Ali Bongo, alors nouvellement élu président du Gabon pour un deuxième mandat. Il lui demandait de quitter le pouvoir et céder la place à Jean Ping qu’il considérait comme le véritable vainqueur du scrutin présidentiel de 2016. «Nous exigeons dans un délai de 72 heures le départ d’Ali Bongo Ondimba du pouvoir et du Gabon, le désarmement de la Garde républicaine par l’armée gabonaise, l’investiture de Jean Ping président de la République, chef de l’Etat, par la Cour constitutionnelle», avait-il clamé.
Le refus d’Ali Bongo de respecter cette injonction devait, selon lui, «transformer Libreville en une tache noire en raison de l’explosion, chaque jour, des bâtiments administratifs minés avec des explosifs».
Roland Aba’a Minko affirmait alors avoir muri un plan d’action consistant au recrutement de jeunes compatriotes avec à leur tête des lieutenants, la mobilisation des ressources en argent, la location de véhicules, l’achat d’armes blanches et de fusils de type calibre 12 et le repérage des sites concernés.
En dépit des explications et arguments qu’il a soutenus avec beaucoup de confiance, Roland Aba’a Minko risque de subir toute la rigueur de la loi, au regard de la gravité de son acte. Selon les dispositions l’article 68 du Code pénal, l’ancien allié de Jean Ping encourt une réclusion à perpétuité. Le verdict de la Cour criminelle spéciale devrait tomber dans quelques jours.