Alors que le ministère du Tourisme ne s’est toujours pas décidé à organiser une plus large concertation avec les entrepreneurs et professionnels du secteur, trois mois après la fermeture des hôtels et restaurants pour cause de coronavirus, chef Merlin Ella, président fondateur de l’association des cuisiniers gabonais, multiplie ces dernières semaines des cris d’alarme adressés au gouvernement et particulièrement à la tutelle qui se refuse à faire de véritables propositions face à a crise.
Trois mois après la fermeture des restaurants et des établissements hôteliers, les promoteurs et professionnels du secteur continuent de ressentir durement l’impact dans leur quotidien de cette mesure gouvernementale visant à limiter la propagation du coronavirus. Si certains invitent les autorités à lever, même partiellement la mesure, d’autres, à l’instar du chef Merlin Cédric Ondo Ella, craignent déjà le pire avec les dépôts de bilan qui s’annoncent.
Tirant déjà la sonnette d’alarme en mai, le président et fondateur de l’Association des cuisiniers gabonais (ACG) regrettait l’absence de dialogue entre le ministre du Tourisme et les acteurs du secteur de l’hôtellerie et de la restauration. Pour le lauréat du concours « Nelson Mandela culinary challenge » en 2017, le silence de la tutelle s’apparente à une marginalisation du secteur. «Franchement, je suis très déçu de ce ministère. Bientôt nous allons enregistrer une vague de suicides dans le secteur du tourisme au Gabon», prévenait-il dans un post sur sa page Facebook.
«Aucune discussion, aucune proposition sur les conditions de reprise, aucun appui pour faire face aux différentes difficultés [rencontrées par les professionnels]… Beaucoup de restaurants seront obligés de fermer à cause de vous, car vous ne [leur] proposez rien du tout. Et le tourisme au Gabon va encore reculer de 100 ans», se plaignait-il.
Ces dernières heures, le chef cuisinier est revenu à la charge, constatant que ses précédents cris de détresse n’avaient pas été entendus, mais surtout qu’au moment où certains pays tels que la France ou l’Italie rouvrent progressivement les bars et restaurants le Gabon maintient sa mesure de fermeture de ces établissements. Or, soutient-il, «la pandémie de Covid-19 cause d’énormes dégâts dans le secteur du tourisme au Gabon. Les restaurateurs sont en train de se faire licencier».
Organisée le 9 mai dernier par visioconférence, la réunion entre le ministre Hugues Mbadinga Madiya et certains professionnels du secteur du tourisme (Club tourisme de LBV, FEGAT, GotoGabon) n’avait pas été large. Cette réunion avait pour objectif d’«échanger sur les perspectives du secteur, notamment sur toutes les actions d’ordre structurel à initier dans le but de relancer le secteur après la crise liée au Covid-19», explique le ministère. Un mois après, aucune communication spécifique n’a été faite.
