L’hypothèse d’une »très rare » transmission du coronavirus par des personnes atteintes mais ne présentant pas des symptômes de la maladie, avancée lundi par une responsable de l’OMS lors d’une conférence de presse, a provoqué un émoi dans les médias et les réseaux sociaux. Ce propos, clarifié le lendemain, a lancé un débat au sein de la communauté scientifique.
Un débat ouvert sur la contagiosité des personnes asymptomatiques. Celui-ci a été suscité par la déclaration, lundi dernier, de la responsable technique de la cellule en charge de la gestion de la pandémie du Covid-19 à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Maria Van Kerkhove. Au cours d’une conférence de presse à Genève, elle a en effet déclaré, sur la base d’études réalisées dans plusieurs pays, que la transmission du virus par une personne asymptomatique semblait « très rare ». Un propos ayant surpris plus d’un, puisque depuis le début de la pandémie, il a été admis que les porteurs sains (asymptomatiques) transmettaient tout autant le virus que les personnes malades.
À l’instar des médias au fait de l’actualité du Covid-19, l’Union avait relayé l’info dans sa parution de mardi. Idem pour notre consœur, la newsletter « Covering Covid-19 » à destination des journalistes, qui s’est référée à une étude du 3 juin publiée dans les Annales de Médecine, concluant que 40 à 45 % des personnes infectées par le SARS-COV 2, virus responsable du Covid-19, pouvaient rester asymptomatiques. De même, une publication récente du News England Journal of Medecine affirmait qu’il était « clair » que des personnes sans symptômes pouvaient transmettre le virus.
Ces propos largement relayés sur les réseaux sociaux ont fait vivement réagir une partie de la communauté scientifique. « Contrairement à ce que l’OMS a annoncé, il n’est pas scientifiquement possible d’affirmer que les porteurs asymptomatiques de SARS-CoV-2 sont peu contaminants », a soutenu le Pr Gilbert Deray, médecin à la Pitié-Salpêtrière (Paris), sur son compte Twitter.
Se rendant compte du grand remous suscité par sa déclaration, Maria Van Kerkhove a tenu un nouveau point de presse en direct mardi sur Twitter, pour apporter des « clarifications », évoquant »un malentendu ». « Je faisais référence à un très petit nombre d’études, deux ou trois, en réponse à la question d’un journaliste et non pour exposer une position formelle de l’OMS », a assuré la scientifique.
Cherolle MISSOUKI