INVITÉ RTL – Le chef de service des urgences de l’hôpital européen Georges-Pompidou assure que « nous n’avons malheureusement pas de preuve de l’efficacité l’hydroxychloroquine ». Si Didier Raoult se dit sûr de son traitement, « l’intuition ne fait pas la science » pour Philippe Juvin.
Ce mercredi 24 juin à 17 heures, le professeur Raoult va être entendu par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale. Le professeur Philippe Juvin, chef de service des urgences de l’hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP), reconnaît que Didier Raoult est « un scientifique de renom », mais estime au sujet de l’hydroxychloroquine que « malheureusement, aujourd’hui, on ne sait pas si ça marche ».
« Nous n’avons malheureusement pas de preuve de l’efficacité de l’hydroxychloroquine. Il y a beaucoup de travaux qui montrent que ça n’a pas d’effet. Raoult prétend que ça en a, mais l’intuition ne fait pas la science », lance le professeur. Didier Raoult assure de son côté au Parisien que 3.700 patients ont été traités à Marseille avec une mortalité de 0,5%.
« On ne peut pas tirer des conséquences aussi définitives qu’il le fait. La science appelle un peu de modestie », juge Philippe Juvin. « Il n’y a pas eu d’essai en double aveugle », note le chef de service des urgences à hôpital Georges-Pompidou.
Malheureusement, aujourd’hui on ne sait pas si ça (l’hydroxychloroquine) marche
Le professeur Christian Perronne, chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital de Garches (AP-HP), estime à l’inverse dans son livre intitulé Y a-t-il une erreur qu’ILS n’ont pas commise ? que l’administration généralisée de l’hydroxychloroquine en France aurait pu sauver 25.000 personnes, sur les presque 30.000 morts du coronavirus en France.
« Je pense que Didier Raoult a totalement raison. Ces chiffres sont basés sur des choses concrètes publiées. On voit à l’IHU de Marseille chez Raoult qu’il y a eu 3% de décès, alors que dans la France entière il y a eu 20% de décès », pointe le professeur.
Il rappelle que « quand on compare la France avec d’autres pays qui ont généralisé l’utilisation de l’hydroxychloroquine et l’azithromicine dès le début, comme le Portugal, le Maroc, la Grèce, certains pays de l’Europe de l’Est et ailleurs, on voit que les taux de mortalité ont été très faibles ».
Pour Christian Perronne, « les chiffres vont parler et il faut être serein ». Il estime qu’une « intelligencia a voulu promouvoir des médicaments qui n’avaient même pas une seule donnée montrant que ça pouvait marcher car ça rapportait à l’industrie pharmaceutique ».