La presse écrite passe des moments difficiles. Entre les restrictions causées par la pandémie de Covid-19 et l’absence de soutien de l’Etat, il doit encore affronter la rudesse de la piraterie que lui impose le numérique, avec le partage des journaux via des plateformes numériques.
Le secteur de la presse écrite locale broie du noir avec la survenue de la pandémie de Covid-19. Au lieu d’être régulièrement vendus en kiosque, les journaux numérisés circulent gratuitement sur les plateformes de partage, ainsi que sur les réseaux sociaux. Ce qui constitue un énorme manque à gagner pour ces entreprises de presse qui ont déjà du mal à exister.
Avant le Covid-19, de nombreuses entreprises de presse, notamment celle écrite, étaient mal préparées pour une percée sur le marché du numérique. Ce déficit ne leur a pas permis de capitaliser en cette période où toutes les activités ont été à l’arrêt complet ou au ralenti. Elles ont d’une certaine manière laissé le champ libre à la piraterie numérique qui s’est accentuée pour répondre à la demande des lecteurs. «Ce phénomène qui précipite la chute des ventes papiers n’est pas sans conséquence pour la pérennité des entreprises de presse. Surtout que le Fonds de soutien à la presse instauré en 2005 n’a jamais fonctionné. Pendant que la maigre subvention diminue comme une peau de chagrin», a écrit, le 27 juillet, le journaliste George-Maixant Ntoutoume-Ndong, sur la version en ligne du quotidien L’Union, dans un article intitulé «Presse écrite : les dangers de la piraterie numérique».
En effet, les journaux sont parfois numérisés à l’insu de leur propriétaire et mis sur Internet sans l’autorisation de l’éditeur. Quelquefois, ce sont les «maigres abonnés» qui le partagent sans se douter du tort qu’ils causent. Conséquence, les ventes des journaux périclitent.
«Aujourd’hui, il est plus facile de demander L’Union sur un groupe WhatsApp que d’aller en kiosque pour en acheter», a expliqué un lecteur de journaux, sans se douter qu’il participe à la chaine de piratage numérique. «Cette pratique déplorable devient récurrente au Gabon et, particulièrement à Libreville», souligne Ntoutoume-Ndong qui ajoute que «la piraterie numérique des journaux et des livres fragilise aujourd’hui les sociétés d’édition».
L’accès libre et gratuit à ces produits, pourtant payant, impactant fortement le rendement de ces structures. Pis, «il prive son propriétaire des recettes pour faire face à toutes les charges» et «ne permet pas à l’éditeur de récupérer les dépenses effectuées dans le processus de production». Le préjudice financier est donc immense.