Sur la base d’une vidéo diffusée sur la toile et dans laquelle s’exprime un supposé témoin, taxé lui-même de ravisseur, le ministre délégué aux Affaires étrangères, Yolande Nyonda, est accusé d’avoir commandité un crime dans sa région. Indignée, sa famille menace de porter plainte.
Au Gabon, les crimes rituels suscitent toujours autant la hantise et sur la toile, les coupables sont vite désignés. A tort ou à raison, des personnalités politiques sont souvent pointées du doigt. C’est le cas du ministre délégué aux affaires étrangères, Yolande Nyonda. A Tsamba Magotsi, dans la province de la Ngounié, au sud du Gabon, le ministre est accusé d’avoir commandité un crime rituel. Elle est incriminée sur la base d’une vidéo diffusée sur la toile et dans laquelle s’exprime un supposé témoin, taxé lui-même de ravisseur.
Dans cette contrée où les crimes rituels, assurent certaines indiscrétions, sont «presque monnaie courante», des personnalités politiques sont souvent citées comme des commanditaires, à tort ou à raison. Sa famille est vite montée au créneau pour la défendre et surtout brandir la menace d’une plainte contre les commanditaires supposés de cette vidéo. «La famille Nyonda s’indigne de ce qu’à chaque fois qu’une certaine personnalité politique de Tsamba Magotsi est citée dans les affaires des crimes rituels, systématiquement les jours qui suivent, Yolande Nyonda fait l’objet d’attaques et d’accusations malveillantes dans les réseaux sociaux», indiquent les membres de la famille Vincent de Paul Nyonda. En effet, il y a quelques semaines, le député du coin et ancien ministre Guy Bertrand Mapangou avait été accusé pour le même mobile. D’ailleurs, il n’a pas encore pu se laver de cet opprobre, tant la charge était virale.
Selon des sources concordantes, Yolande Nyonda était dans la Ngounié, la semaine dernière, pour accueillir, en tant que nouvelle autorité politique de la province, le ministre de la Défense nationale venu présider la cérémonie de sortie d’une promotion de l’Ecole de formation des officiers de Mandilou. Quelques jours après, cette vidéo datant de 2018, assurent les mêmes sources, a été publiée.
La famille rappelle que tout commence en 2016, quand un jeune homme dénommé Nzai disparait après avoir été invité à prendre un verre avec des amis. «Certaines personnes arrêtées sont connues pour être des proches d’une personnalité de Tsamba Magotsi», affirme la famille de Yolande Nyonda qui à son tour, semble accuser quelqu’un d’autre. «Comme si cela ne suffisait pas, quelques mois plus tard, un jeune homme du nom d’Etienne Malata disparaît à son tour dans les mêmes conditions», poursuit la famille signifiant que c’est cette dernière affaire qui donnera lieu à «une grossière mise en scène» : la vidéo devenue virale où l’on voit un supposé témoin taxé lui-même de ravisseur, assurer que le vrai ravisseur, un homme costaud, lui aurait assuré qu’il a été envoyé par Yolande Nyonda dit « Yoyo ».
Selon la famille, cette vidéo «serait» celle de la reconstitution de la scène de l’enlèvement d’Etienne Malata et censée être une pièce de l’instruction, donc confidentielle gardée par les officiers de police judiciaire (OPJ) de Fougamou. «Dans le processus de l’instruction, notre fille a été confrontée à ceux qui jusque-là, étaient considérés comme des présumés coupables», fait savoir la famille qui assure que leurs aveux leur avaient été dictés par des tierces sous les coups de la torture. Ils avaient d’ailleurs, souligne la famille, demander pardon à Yolande Nyonda pour le tort et le préjudice moral causés. «Tout cela est consigné dans procès-verbal». Selon la famille, l’affaire qui refait surface a été jugée le 28 février 2019, par la Cour criminelle de Mouila. Yolande Nyonda et son supposé complice ont été reconnus non-coupables puisque n’étant pas au Gabon au moment des faits, tandis que les accusateurs ont été condamnés à la perpétuité. «Il convient de préciser que notre fille comparaissait devant a Cour criminelle en qualité de simple témoin et non d’accusée», signale la famille indignée tant le dossier est juridiquement clos. La famille se réserve le droit de porter plainte contre X pour diffamation et dénonciation calomnieuse.