Au moment où des bruits de couloir laissent entendre que le président de la République, fâché de ce que certaines de ses directives n’aient pas été traduites en acte, notamment sur la question des voiries urbaines de Libreville dont il a lui-même constaté récemment le piteux état, Ali Bongo ne ferait-il pas mieux de chercher la raison de cet échec au sein de son propre cabinet ?
Samedi, Ali Bongo s’est offert une nouvelle virée sur le terrain. Après son passage dans certains quartiers du 1er, 5e et 6e arrondissement de Libreville trois jours plus tôt, c’est dans la commune d’Owendo qu’il s’est rendu cette fois, précisément aux quartiers dits Derrière-la-pédiatrie et à Ça-m’étonne. Si la communication du palais n’a pas officiellement communiqué sur cette sortie comme pour la première, plusieurs médias et pages des réseaux sociaux qui lui sont proches s’en sont chargé, et n’ont pas hésité à rapporter les bruits de couloirs entendus ces derniers jours, qui laissent entendre qu’Ali Bongo n’est pas particulièrement enchanté par l’action du gouvernement quant à la régularisation de certaines situations qu’il juge urgentes. La réhabilitation des voiries urbaines de la capitale et des communes environnantes en fait partie.
Or, selon le chef de l’État, si Rose Christiane Ossouka Raponda et son gouvernement méritent d’être applaudis pour leur action contre la pandémie du coronavirus et ses conséquences sur l’économie du pays, la Première ministre et ses collègues le sont moins sur la question de l’amélioration des conditions de vie des populations, notamment l’amélioration des conditions d’accès à leurs domiciles ou à leurs lieux de travail. Ali Bongo a lui-même eu à constater l’étendue des difficultés rencontrées par ses compatriotes dans les quartiers qu’il a visités.
Des indiscrétions évoquent plus que jamais un probable remaniement au sein du gouvernement ou dans la haute administration publique. D’autant plus que, «le président a convoqué une nouvelle réunion de travail au Palais du Bord de mer en présence du Premier ministre et de plusieurs membres du gouvernement» à la suite de cette nouvelle virée, rapporte le site LaLibreville.com, un des relais de la présidence de la République.
Remaniement au cabinet présidentiel
Seulement, si l’option d’une nouvelle redistribution des responsabilités au gouvernement est plutôt bien accueillie pour hâter les travaux sur le terrain, certains conseillent néanmoins de regarder dans l’entourage immédiat du chef de l’État. Ils estiment en effet que la faute ne revient pas au seul gouvernement. Ali Bongo ferait mieux de chercher les déterminismes de l’échec de la réhabilitation des voiries urbaines de la capitale au sein de son propre cabinet.
Certains estiment à tort ou à raison que le président de la République et même le coordonnateur des Affaires présidentielles sont mal entourés. À défaut d’un changement radical de personnes, le chef de l’État pourrait remanier son cabinet en replaçant des personnes jugées plus actives sur le terrain. Ce serait notamment le cas d’Ernest Mpouho Epigat, le cousin d’Ali Bongo, qui pourrait, selon des indiscrétions, ravir la place de Theophile Ogadanga, actuel directeur de cabinet du président. Ancien ministre, le cousin serait «la touche politique» qui fait défaut aussi bien au chef de l’État qu’à son fils Noureddin Bongo Valentin.
Ce lundi 9 novembre, en tout cas, conduite par le ministre de l’Intérieur, la commission interministérielle mise en place à la suite de la première sortie d’Ali Bongo devrait tenir sa première réunion. Celle-ci sera axée sur l’élaboration d’une feuille de route permettant de lancer un programme de réhabilitation des voiries urbaines dans le Grand Libreville à soumettre à la Première ministre.