CONDITIONS. Dans une déclaration commune, l’opposition, autour du PDCI et du FPI, demande la fin des poursuites judiciaires contre tous ses leaders.
« Avant l’entame des discussions, il est indispensable de ramener la sérénité et la confiance entre tous les acteurs par des actes d’apaisement incluant la fin des poursuites judiciaires contre tous les leaders de l’opposition », ont indiqué le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Front populaire ivoirien (FPI) dans une déclaration commune. C’est la preuve que bien que la rencontre entre les présidents Ouattara et Bédié ait « brisé la glace » faisant retomber la tension, elle n’a pas entamé la détermination de l’opposition à ne échanger en position de faiblesse.
L’opposition demande des pourparlers sous l’égide d’un facilitateur
Le PDCI, dirigé par M. Bédié, et le FPI, fondé par l’ex-président Laurent Gbagbo, demandent « la fin de toutes les poursuites judiciaires contre les responsables et militants de l’opposition et de la société civile », « la levée du blocus autour des résidences de tous les leaders des partis politiques de l’opposition », « la libération de tous les prisonniers politiques » ainsi que « le retour des exilés », selon cette déclaration citée par l’AFP. Parmi les exilés sont cités Laurent Gbagbo, l’ex-chef de la rébellion et ex-premier ministre Guillaume Soro, et l’ex-chef des Jeunes patriotes (mouvement pro-Gbagbo) Charles Blé Goudé. Les deux partis demandent aussi que les pourparlers avec le pouvoir du président Alassane Ouattara « soient menés sous l’égide d’un facilitateur ». Il faut savoir que depuis le mois d’août, 85 personnes ont perdu la vie et près de 500 ont été blessées.
Pour rappel, l’opposition conteste la réélection de M. Ouattara pour un troisième mandat, qu’elle juge inconstitutionnel. Charles Blé Goudé a par ailleurs fait savoir dans un communiqué qu’il avait adressé par téléphone à M. Bédié ses « félicitations pour son engagement à ramener la paix » en Côte d’Ivoire. Guillaume Soro, qui a lancé depuis l’étranger un appel à l’insurrection générale en Côte d’Ivoire après la réélection d’Alassane Ouattara, s’est vu promettre par ce dernier « la prison à vie ».
Des situations judiciaires variées
La justice ivoirienne a lancé des poursuites pour « complot contre la sécurité de l’État » contre plusieurs leaders de l’opposition, les accusant d’être responsables de violences meurtrières dans le cadre de leur campagne de « désobéissance civile » contre l’élection présidentielle qu’ils ont boycottée, et d’avoir voulu installer un régime de « transition » présidé par M. Bédié. MM. Gbagbo et Blé Goudé ont été acquittés en première instance de crimes contre l’humanité, lors de la crise post-électorale de 2010-2011, par la Cour pénale internationale, et attendent un éventuel appel, le premier à Bruxelles, le second à La Haye. Le retour de M. Gbagbo est attendu avec ferveur par ses partisans. En attendant, la crainte d’une escalade des violences reste présente en Côte d’Ivoire, dix ans après la crise post-électorale de 2010-11 qui avait fait 3.000 morts, ainsi que 300.000 réfugiés et un million de déplacés internes en Côte d’Ivoire, selon l’ONU.