Alors que la pression s’est accentuée sur la capitale, Bangui, cette semaine, la Russie a informé les Nations unies du départ d’un des éléments déployés depuis décembre 2020 en Centrafrique, selon un courrier adressé au comité de sanction de l’ONU chargé de contrôler l’embargo en vigueur dans le pays et que RFI a pu consulter. Cela ne signifie pas la fin de la présence russe pour autant.
La Russie annonce le départ de « 4 hélicoptères », ainsi que d’« instructeurs » militaires, sans dire combien précisément. Sachant qu’un certain flou règne à Bangui sur la nature et l’ampleur exacte des renforts russes envoyés pour la présidentielle. Moscou a d’abord nié l’envoi de « forces régulières », puis déclaré officiellement l’arrivée de « 300 instructeurs non armés » pour accompagner la « formation » de l’armée centrafricaine et sécuriser l’élection.
Cependant d’importants renforts en matériel ont été signalés à l’arrivée à l’aéroport de Mpoko. Des témoignages concordants font état de la présence d’éléments russes ces dernières semaines sur le théâtre des opérations. En privé, aussi, plusieurs sources diplomatiques soupçonnent également qu’une partie d’entre eux seraient en fait des paramilitaires russes.
Remerciement aux « forces spéciales russes »
Quant au chef de l’État Faustin-Archange Touadéra, c’est aux « forces spéciales russes » qu’il a adressé ses remerciements lors de son discours du 31 décembre.
Après des débuts difficiles, la Minusca coopère aujourd’hui sur le terrain avec ces forces russes. Plusieurs réunions de coordination ont eu lieu. Il faut aussi rappeler qu’entre temps, Moscou a notifié au comité des sanctions l’arrivée de deux « hélicoptères non armés » supplémentaires. Et cela a fait grincer des dents à New York. Certains pays du Conseil de sécurité ont demandé à ce sujet des clarifications que la Russie n’a pas souhaité donner.
À la demande de Bangui, une nouvelle réunion est prévue à l’ONU la semaine prochaine sur la Centrafrique. Selon un courrier que RFI a consulté, la RCA demande à l’ONU des renforts supplémentaires, ainsi qu’une levée – même temporaire –, de l’embargo sur les armes en vigueur.
Levée de l’embargo partiel sur les armes
Dans le pays, le MCU, le mouvement du président Faustin-Archange Touadéra, demande dans un communiqué la levée de l’embargo partiel sur les armes en vigueur dans le pays. C’est une demande que formulent régulièrement les autorités du pays.
Ce nouvel appel intervient 3 jours après que la coalition de rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) a mené ses premières offensives repoussées en périphérie de la capitale Bangui. Et alors que les autorités du pays ont sollicité une réunion de sécurité des Nations unies la semaine prochaine à ce sujet.
« Quel est ce citoyen qui ne peut pas accepter qu’on puisse placer son pays ad vitam aeternam sous embargo comme cela ? , questionne Mathieu Simplice Sarandji, secrétaire exécutif national du Mouvement cœurs unis (MCU). Nous sommes un peuple souverain qui a aussi besoin de défendre les intérêts de son peuple. C’est pour cela que nous sollicitons du Conseil de sécurité la levée de cet embargo pour que nos forces de défense et de sécurité aient les coudées franches pour agir afin de défendre le peuple centrafricain. »
« Défendre les intérêts du pays »
Est-ce que cela signifie que les forces en présence actuellement ne suffisent pas face à la coalition rebelle, la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) ?
« Je ne dis pas cela, répond Mathieu Simplice Sarandji. Mais, il est dit qu’on est mieux servi que par soi-même. Je salue l’intervention des uns et des autres. La présence des forces qui sont sur le territoire national qui combattent aux côtés de nos Faca, de nos éléments de la gendarmerie et de la police. Mais elles ne sont pas là pour rester chez nous éternellement. »
Ce dernier de conclure : « Il faudrait que nous ayons quand même la capacité de pouvoir défendre les intérêts de notre pays en comptant sur nos propres forces. C’est pour cela que la levée de cet embargo est salutaire pour nous ».