Les deux nations semblent avoir fait un pas de plus vers la guerre alors que leur différend frontalier dure depuis maintenant trois mois. Après le rappel de l’ambassadeur soudanais à Addis-Abeba en début de semaine, les autorités éthiopiennes ont accusé jeudi l’armée soudanaise de vouloir faire plonger les deux parties dans un conflit de grande ampleur.
Alors que des escarmouches et des tirs d’artillerie ont déjà fait plusieurs dizaines de morts, Khartoum et Addis-Abeba n’en finissent pas de hausser le ton, rapporte notre correspondant dans la capitale éthiopienne, Noé Hochet-Bodin.
Le dernier communiqué du ministère éthiopien des Affaires étrangères va un pas plus loin. Le Soudan y est accusé d’avoir violé les principes de base du droit international, de mener des campagnes de désinformation et d’adopter une attitude provocatrice envers Addis-Abeba.
Il est aussi question d’une tierce partie qui manipulerait le Soudan. Sans être nommément cité, il s’agit ici évidemment de l’Égypte, désigné comme le cerveau de la déstabilisation de l’Éthiopie, notamment en raison de leur dispute à propos du barrage éthiopien sur le Nil.
Cette escalade supplémentaire éloigne les chances de négociations, où tour à tour la Turquie et le Soudan du Sud sont pressenties pour endosser le costume de médiateur.
Médiation compliquée
Mais la situation est « compliquée, sensible et très dangereuse », affirme un diplomate impliqué dans les efforts de médiations entre le Soudan et l’Éthiopie pour éviter l’escalade. En effet, chaque partie campe sur sa position en avançant ses conditions.
Le Soudan cherche à déployer son armée au nord d’el-Fashaga, après son avancée en décembre dernier qui lui a permis de reprendre 90% de cette région. L’Éthiopie réclame tout simplement le retrait de l’armée soudanaise avant toute discussion.
Le principal point de divergence est que pour l’Éthiopie il s’agit d’un conflit frontalier alors que, pour le Soudan, el-Fashaga fait partie intégrante de son territoire selon l’accord de 1902.
Cette tension à la frontière est également ravivée par le désaccord sur le remplissage du barrage de la Renaissance. Addis-Abeba compte commencer d’une manière unilatérale le remplissage de la deuxième phase du barrage en dépit des protestations de Khartoum et du Caire.