L’Institut Pasteur affirme ce vendredi que les anticorps présents dans les sérums de personnes précédemment infectées par le SARS-CoV-2 ou vaccinées neutralisent le variant anglais mais pas le variant sud-africain.
Des chercheurs de l’Institut Pasteur, en collaboration avec le CHR d’Orléans, le CHRU de Tours, le CHI de Créteil, le CHU de Strasbourg et l’Hôpital Européen Georges Pompidou, ont étudié la sensibilité de des variants anglais et sud-africains aux anticorps neutralisants présents dans les sérums de personnes précédemment infectées par le SARS-CoV-2 ou vaccinées. Ils ont comparé cette sensibilité avec celle du virus de référence circulant majoritairement en France (appelé D614G). Bonne nouvelle: les chercheurs ont démontré que le variant anglais est neutralisé de façon presque identique au virus de référence. Le variant sud-africain est, quant à lui, moins sensible aux anticorps neutralisants et il faut des concentrations six fois plus élevées d’anticorps sont nécessaires pour neutraliser le variant sud-africain par rapport à la souche de référence.
Le variant anglais a été neutralisé par 95% des sérums de personnes ayant été infectées par le SARS-CoV-2
Dans le détail, les résultats de l’étude montrent que le variant anglais a été neutralisé par 95% (79 sur 83) des sérums de personnes ayant été infectées par le SARS-CoV-2, recueillis jusqu’à neuf mois après l’apparition des symptômes. Les mêmes proportions sont observées pour la souche D614G circulant majoritairement en France depuis de début de l’épidémie. En revanche, les chercheurs ont observé une perte d’activité neutralisante contre le variant sud-africain dans 40% des sérums d’individus exposés au virus, pour les sérums prélevés à neuf mois après la primo-infection. Ils ont également montré que des concentrations environ six fois plus importantes d’anticorps étaient nécessaires pour neutraliser le variant sud-africain (B.1.351) par rapport à la souche D614G. «Nous montrons que les variants à propagation plus rapide, et en particulier le variant sud-africain, ont acquis une résistance partielle aux anticorps produits après une infection naturelle. Cette perte d’efficacité est surtout visible chez les individus avec de faibles niveaux d’anticorps», commente Olivier Schwartz, co-principal auteur de l’étude et directeur de l’unité Virus et Immunité à l’Institut Pasteur.
Cette différence de sensibilité est aussi observée chez les personnes vaccinées, les anticorps présents dans leurs sérums sont efficaces sur le variant anglais mais moins efficaces face au variant sud-africain. A noter que c’est le vaccin Pfizer/BioN’Tech qui a servi à l’étude de Pasteur. Quatre semaines après la première injection du vaccin, ce qui correspond à une semaine après la seconde injection, les sérums d’individus vaccinés sont presque aussi efficaces contre le variant anglais que contre le virus de référence mais restent moins efficaces contre le variant sud-africain. En effet, 80% des sérums sont neutralisants pour la souche de référence et le variant anglais, et 60% des sérums sont neutralisants pour le variant sud-africain.