Au Gabon, après la journée ville morte du 15 décembre, le bras de fer se poursuit entre le gouvernement et la société civile sur l’application du passe sanitaire. Un arrêté du gouvernement devait rendre ce passe obligatoire dès le 15 décembre dernier, mais des militants de la société civile avaient saisi la Cour constitutionnelle pour obtenir son annulation. Vendredi 24 décembre, la Cour a annulé l’arrêté du gouvernement « considérant que le gouvernement n’avait pas informé régulièrement le Parlement ». Malgré la décision de la Cour constitutionnelle, le gouvernement a publié un autre arrêté identique au premier. D’où la colère de la société civile.
C’est sur les réseaux sociaux que les Gabonais ont découvert la décision de la Cour constitutionnelle vendredi en début de soirée. L’arrêté du gouvernement rendant obligatoire le passe sanitaire pour l’accès dans les lieux publics est annulé. Annulé également le paiement du test PCR actuellement gratuit et très vite de nombreux internautes ont jubilé.
Finalement, la joie de ces Gabonais a été de très courte durée. 4 heures plus tard, le conseiller en communication du ministère de l’Intérieur est apparu à la télévision nationale pour lire une déclaration dans laquelle le gouvernement prend acte de la décision de la Cour constitutionnelle, mais annonce, dans le même temps, que le gouvernement a pris un nouvel arrêté. Celui-ci reprend exactement les mêmes mesures contenues dans le précédent texte retoqué par la Cour constitutionnelle.
Colère des acteurs de la société civile, ceux qui avaient saisi la Cour constitutionnelle. Ils accusent le gouvernement de provocation, comme Georfois Mfoumboula Lebika, l’un des citoyens qui a saisi la Cour constitutionnelle contre l’arrêté :
« Le gouvernement affiche simplement son mépris envers les institutions, mais au-délà, il les défie. Parce que le gouvernement techniquement ne peut pas démontrer qu’en quatre heures, ils aient pu faire la navette adminsitrative entre la saisine des parlementaires, la prise en compte des observations de ces derniers, au point de produire le même arrêté. Donc nous sommes surpris et allons introduire de nouveaux recours pour l’annulation. »
Une source proche de la présidence de la République explique à RFI que la Cour constitutionnelle n’a jamais remis en cause le fond de l’arrêté, mais plutôt sa forme.