Appel du Professeur Daniel Mengara, président du mouvement « Bongo Doit Partir- Modwoam ».
La société civile, conduite par le Copil Citoyen, vient d’appeler à une seconde ville morte dite d’« avertissement », cette fois de deux jours, ces 13 et 14 janvier 2022. Les Gabonais doivent suivre, massivement, ce mot d’ordre.
Il y a plusieurs raisons à cela, mais il y a aussi, à cela, une urgence qui va au centre même des besoins de dignité les plus immédiats des peuples du Gabon.
Le Gabon, ne nous en cachons plus, est, plus que jamais, comme le dit si bien le professeur Mouang Mbading, un pays « par terre ».
Il y a, dans la simplicité de cette expression — « par terre » — des signifiés à vastes contenances, dont les plus parlants sont que :
1) Les Bongo ne sont plus capables de tenir la barque : Au sommet de l’État, il y a une régence usurpatrice menée par Sylvia Valentin, exerçant frauduleusement, de l’ombre, les fonctions de chef de l’État que son imposteur d’époux n’a plus su ni pu assumer depuis sa débilitante attaque cérébrale d’octobre 2018. Et depuis, elle a, la Sylvia, étendu ses tentacules jusque dans tout l’Exécutif gabonais, s’entourant au passage de gamins – dont Nourredine Valentin, Jessye Ella Ekogha, Frank Nguema et Patrick Obiang Ndong – qui s’activent, littéralement, à « foutre le bordel » au sein de la République.
2) A cette double imposture a été rajoutée la mise en touche tant du gouvernement de la République que du Parlement, aboutissant ainsi à une situation d’oblitération catastrophique des prérogatives régaliennes qui sont celles des institutions qui sont censées veiller au fonctionnement régulier de l’État : Ossouka, invisible et inaudible Premier ministre servant de paillasson et de serpillère, a été totalement reléguée à la futilité ; elle est comme qui dirait portée disparue. Et le parlement, censé contrôler tout ce bazar, a démissionné, se retrouvant plus que jamais réduit en simple boîte de résonnance apportant, à l’aveuglette, son blanc-seing à tous les décrets anticonstitutionnels pondus par l’Exécutif, un Exécutif, d’ailleurs, où un Ali Bongo léguméfié ne sert plus qu’à venir lire, robotiquement, les discours que lui demandent d’aller réciter le poulailler de bambins qui aident, depuis au moins 2018, Sylvia Valentin à violer la République. Et ce ne sont pas les joutes équilibristes de la belle-mère Mborantsuo qui viendront tromper l’œil averti : la Tour de Pise ne changera jamais ni de camp ni de position ; elle est là pour servir la famille, le clan, rien d’autre. Tout le monde le sait donc : il n’y a plus personne en la demeure. La République a été simplement et purement prise en otage par la Régence.
3) Il n’est pas étonnant, par conséquent, que, de plus en plus, l’Exécutif gabonais se soit transformé en Exécutif de l’arrogance, de la brimade et de la vengeance.
DE LA VENGEANCE : Depuis, au moins, 2015 où – à cause de ses quatre naissances qui ont embrouillé et brouillé la logique républicaine – les Gabonais ont remis en question sa gabonité, Ali Bongo et sa famille, elle-même curieusement, et généralement, composée d’apatrides n’ayant aucun sens de ce que c’est qu’aimer son pays, se sont mis dans la tête que les Gabonais étaient un peuple d’ingrats qui n’arrivait pas à, au moins, reconnaître tout ce que les Bongo avaient fait pour le Gabon depuis qu’ils s’étaient accaparés, à titre familial, le pouvoir en 1967. Sauf que les Bongo semblent n’avoir jamais compris que gérer un pays ne se résume pas à distribuer quelques cuisses de dindon tous les sept ans à l’occasion d’une joute électoraliste aux résultats connus d’avance. Étant incapables de comprendre ce que c’est que gérer un pays, étant également incapables de comprendre que le droit des citoyens à la dignité n’est ni un droit marchandable ni une faveur que l’on distribue aux plus méritants des affidés au gré de leurs prostitutions tant physiques que mentales, il était normal que, par la suite, la déroute électorale de 2016, l’AVC invalidant de 2018 et les moqueries des jeunes exilés dans les réseaux sociaux – qui avaient osé parler d’un sosie à la tête de la République – soient perçues par la Régence et le poulailler de gamins qui portent désormais la parole de la République comme une humiliation, une insulte envers le chef, un lèse-majesté qui méritait punition.
DE LA BRIMADE : Le Covid-19 a ainsi offert à la Régence et aux gamins porte-paroleurs l’occasion de se venger des peuples ingrats du Gabon. On sait la litanie des arbitraires. Sous prétexte de mesures anti-Covid : privations de la liberté de circuler, privations de la liberté d’exercer son petit commerce (je pense principalement au petit commerce informel de nuit qui permettait aux mamans de vendre le poisson braisé qui leur permettait de payer les frais scolaires de leurs enfants), pluie de décrets dont le seul but était de brimer. La décision incongrue de faire payer des tests PCR est, d’entrée de jeu, frappée d’incongruité : en situation de pandémie, les soins et services y attenant doivent toujours rester gratuits, et ce de par les injonctions régaliennes que commandent les impératifs de santé publique. Mais au pays des Bongo, le mot « régalien » veut dire « se régaler », sur le dos et le sang des Gabonais.
C’est ainsi que, depuis que la pandémie coronnienne s’est déclarée mondiale depuis, au moins, le mois de mars 2020, le régime des Bongo s’est montré particulièrement hautain, mais aussi autiste, face aux injonctions non seulement de la science du Covid-19, mais aussi aux impératifs régaliens qui doivent inséminer les politiques de santé publique dans les situations de pandémie. Et les arbitraires de s’installer : au moment même où ceux-là mêmes qui étaient les plus touchés — les pays développés — relaxaient les mesures de confinement, les contraintes de port de masque et les couvre-feux, le Gabon des Bongo — qui est pourtant incapable de détecter un seul nouveau virus malgré sa vantardise de disposer d’un centre de recherche de carrure internationale (le fameux CRIMF) — inventa sa propre science du Covid, pour maintenir un couvre-feu et des interdictions de circuler qui n’avaient plus lieu d’être. Même tous seuls dans leurs voitures, dans la rue ou dans un parc, les Gabonais se devaient, près de deux ans plus tard, de continuer à garder leur masque sur le nez.
Et tandis que les autres pays d’Afrique et du monde, dont les plus touchés comme l’Afrique du Sud, éduquaient et informaient, pour convaincre, par la raison et la science, leurs nations du bien-fondé de la vaccination, au Gabon on décida de forcer les Gabonais à la vaccination par la méthode la plus abjecte qu’on puisse imaginer : faire payer à un pays affamé, appauvri, des tests PCR qui — scandale — avaient été offerts au Gabon en don. Le Covid-Business était né : les Bongo avaient décidé non seulement de brimer, mais aussi de se remplir les poches en brimant. Au passage, ils rendaient un vaccin supposé être gratuit indirectement payant puisque la seule manière, surtout pour les Gabonais de l’intérieur, de pouvoir se faire vacciner, était de payer le voyage vers un centre de vaccination. Cependant, en imposant l’obligation vaccinale, les Bongo avaient oublié qu’on ne peut pas imposer le vaccin – et donc édicter des interdictions de se déplacer – dans un pays incapable de vacciner : en dehors de Libreville, où sont les fameux centres de vaccination qui permettraient, par exemple, aux Gabonais de Makongonio de se faire vacciner sur place sans avoir besoin de payer leur transport aller-retour sur Libreville ? Au final, l’on voit bien que tout semble avoir été organisé au Gabon pour que le manque de centres de vaccination – il en faudrait au moins 600 dans tout le Gabon – confine les Gabonais à l’obligation du test PCR pour pouvoir avoir le droit se déplacer dans leur propre pays. Il suffisait alors de rendre le test payant pour que la mafia bongoïste se remplisse les poches dans le même temps qu’elle exerçait sa vengeance sur les peuples « ingrats » du Gabon.
DE L’ARROGANCE : Le discours du Nouvel An 2022 du « sosie » – pardon, d’un Ali Bongo léguméfié par la Régence, le clan, le poulailler de gamins et les affidés – est donc devenu, à lui tout seul, symptomatique non seulement du mépris, mais aussi de l’arrogance du clan envers les Gabonais. Ali Bongo, comme tous les dictateurs, a semblé plus que jamais frappé de cécité historique : il croit encore que les Gabonais prêtent attention aux litanies de promesses toujours répétées chaque année, mais jamais réalisées ni entamées. Il ne semble pas se rendre compte que les Gabonais, depuis belle lurette, savent qu’il n’est pas et n’a jamais été l’homme d’État qu’il se proclame – autre imposture – être ; que les Gabonais savent, plutôt, qu’il est un « homme de tas », banal, médiocre, entassé depuis ses multiples naissances dans la pourriture d’État qui est celle – désormais quinquagénaire – des Bongo au Gabon.
Et le fait que ces impolis du Copil Citoyen aient osé non seulement mettre à nu les arbitraires du juridisme au rabais des institutions bongoïstes, mais aussi appeler à une ville morte que – oh que diantre ! – les Gabonais suivirent comme un seul homme, n’est pas venu arranger les choses. Les Bongo firent comme à leur habitude : au lieu de se montrer humbles et sensibles aux souffrances des Gabonais telles qu’exprimées pacifiquement et silencieusement dans la ville morte du 15 décembre, ils perçurent cette ville morte comme une humiliation, une injure. Résultat : ils choisirent le bras de fer en en remettant une couche. Dans leur décret en préparation, les tests PCR non seulement ne seraient plus gratuits, mais coûteraient désormais 50.000 CFA au lieu de 20.000 précédemment. Il y a dans ce manège une claire volonté de brimer, de punir, comme le feraient des enfants rancuniers : « Vous avez voulu nous humilier ; on va vous montrer quels types d’animaux nous sommes », semblaient-ils ainsi menacer, en guise de réponse à un peuple qui n’en peut plus d’être resté le seul au monde à avoir été privé de la liberté de circuler, depuis maintenant près de deux ans !
Personne, évidemment, ne se laissera mettre de la poudre aux yeux : le qualificatif de « VIP » pour des tests PCR ne peut cacher le fait qu’un Gabonais pauvre, qui gagne à peine 80.000 CFA par mois (le vrai SMIG pratiqué au Gabon), se doive tout de même de débourser plus de la moitié de son salaire de misère – 50.000 CFA – pour acheter, tous les 14 jours, sa liberté de circuler. La réalité est donc cruelle : les Gabonais, quel que soit leur statut économique, sont désormais tous transformés en « VIP » condamnés à payer, par tests PCR interposés, les frais des avions que Sylvia Bongo affrète tous les deux mois pour aller à Londres, Paris ou Dubaï renouveler sa garde-robe. Les Bongo ont tout simplement décidé de se moquer des Gabonais en les proclamant VIP de la misère.
AUTREMENT DIT :
Quand les dirigeants d’un pays, déjà imposteurs au départ, en viennent à engager ce type de bras de fer totalement irrationnel avec les peuples qu’ils disent diriger, quand les revendications et les souffrances de ces peuples ne font aucune place à l’esprit non pas d’altruisme – il ne s’agit aucunement ici d’aumône – mais de devoir, de responsabilité et d’obligation régaliens de la part de ceux qui se disent dirigeants, c’est que, dans leurs têtes, ils n’ont plus rien à perdre : ils sont en guerre contre leurs propres peuples. Et ce n’est pas demain que cette haine que les Bongo vouent aux Peuples du Gabon prendra fin. Les dictateurs sont rancuniers.
Devant cette réalité, celle d’un régime autiste et hautin qui a déclaré la guerre à son propre peuple, quel est l’esprit de naïveté qui fera qu’un Gabonais puisse encore croire, après tant de brimades, après tant d’arrogances, après tant de meurtrissures vengeresses, que quoi que ce soit de bon puisse encore arriver au Gabon tant qu’un Bongo sera au pouvoir, tant que Sylvia Bongo servira de régente à un régime mort-vivant, tant que l’Assemblée de béni-oui-ouis nationaux du Gabon laissera l’exécutif pondre des lois aux visées infâmes, et tant qu’existera une Cour constitutionnelle qui, ayant annulé un arrêté anticonstitutionnel, fait bizarrement un clin d’œil au gouvernement pour lui dire qu’il a 30 jours pour remédier à un arrêté qui, dès son annulation, ne pouvait pourtant plus trouver remède puisque n’ayant jamais, de par son annulation, existé ?
Le Copil Citoyen, en appelant les Gabonais à leur première ville morte du 15 décembre, avait donné au peuple le moyen le plus efficace, le plus sûr, le plus serein, d’exprimer son mécontentement sans risquer la vie de ses enfants. Il sera donc impératif que, pour ce second appel à ville morte des 13 et 14 janvier 2022, le peuple réponde de nouveau de la manière la plus massive possible. Face à la guerre que la régence et les affidés bongoïtes ont désormais déclarée aux peuples du Gabon, rester à la maison est une arme redoutable. Elle relève des processus de désobéissance civile et de défiance qui, ailleurs, ont plié moult dictatures. Comme l’a toujours dit le mouvement « Bongo Doit Partir » face au manque de courage qui a souvent – à tort – été attribué aux Gabonais, le principe est simple : « si vous n’avez pas le courage d’aller dans la rue, ayez au moins le courage de rester à la maison ».
Les Gabonais se doivent donc d’avoir le courage de rester à la maison. il leur faut répondre massivement à ce second appel à la ville morte du Copil Citoyen. Ce n’est qu’à ce prix que prendront fin les privations de liberté de circuler, les privations de liberté d’entreprendre et les privations de liberté de respirer qui font, désormais, partie de l’arsenal répressif mis en place par les Bongo, sous prétexte de pandémie. La « riposte » des Bongo n’ayant rien à voir avec le Covid-19, mais tout à voir avec leur désir d’assujettir et de brimer tout un peuple tout en se remplissant les poches avec les 50.000 CFA des tests PCR, il est du devoir de tous, je dis bien de tous, même de ceux qui soutiennent ce régime mais sont néanmoins condamnés à payer les tests PCR comme tout le monde, de rester à la maison ces 13 et 14 janvier.
Fait le 11 janvier 2022 à Montclair, New Jersey, États-Unis d’Amérique
Professeur Daniel Mengara
Président, « Bongo Doit Partir-Modwoam »