Le Gabon a exhorté « les autorités françaises compétentes » à mettre fin à une « campagne de calomnies (…) par les médias français » contre son président Omar Bongo Ondimba, dans un communiqué publié vendredi par le quotidien national L’Union.
Interrogé par l’AFP, le secrétaire d’Etat français à la Coopération Alain Joyandet a rappelé que la presse était « indépendante ».
Selon l’Union, le Conseil des ministres présidé jeudi à Libreville par le chef de l’Etat a marqué « son accord total » avec une déclaration gouvernementale dans le même sens faite mercredi, « pour dénoncer énergiquement l’abjecte campagne de calomnies et d’insultes orchestrée par les médias français publics et privés contre la personne » de M. Bongo.
« Traduisant les sentiments de profonde indignation du peuple gabonais (…), le Conseil invite les auteurs et complices de ces actes, de même que les autorités françaises compétentes, à mettre un terme à ces agissements dont la persistance pourrait conduire à une grave détérioration des liens historiques entre la France et le Gabon », ajoute le texte, sans identifier ces « auteurs et complices ».
Dans sa déclaration de mercredi, Libreville avait fustigé « l’acharnement complice des médias français et de certains acteurs » contre M. Bongo, sans non plus citer de nom, en avertissant que cela risquait de ternir « gravement les relations historiques » entre les deux pays.
Il évoquait un « battage médiatique » notamment sur « les biens immobiliers » du président Bongo en France, à propos desquels deux ONG ont porté plainte en décembre à Paris, ainsi que la « divulgation fortement médiatisée, en violation flagrante du secret bancaire, d’informations sur les comptes » de M. Bongo en France.
Vendredi, le ministre gabonais des Affaires étrangères, Paul Toungui, a fait part du même message aux diplomates accrédités dans le pays lors d’une réunion au siège de son département, a indiqué à l’AFP ce ministère.
« Maintenant, nous attendons la réaction des autorités françaises », a commenté une source proche de M. Toungui.
Interrogé vendredi après-midi lors d’une visite à Lyon (centre-est), le secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, a déclaré qu' »en France, la presse est indépendante ».
« Il ne m’appartient pas (…) de restreindre la liberté d’expression », a-t-il ajouté.
Fin février, la presse française a rapporté la saisie des comptes bancaires en France du président gabonais, après que M. Bongo eut été condamné dans ce pays à rembourser 457.347 euros versés par un Français pour faire libérer son père détenu à Libreville en 1996.
Ces affaires suscitent de plus en plus de commentaires anti-français au Gabon, notamment dans la presse. Dans une tribune intitulée « Touche pas à l’homme blanc! » publiée le 2 mars par L’Union, un journaliste avait ainsi fustigé une « presse-commando de France », citant l’AFP, Radio-France Internationale (RFI), Sud-Ouest, Le Nouvel Observateur, Le Monde et Canal+.
« Il est temps de ne plus accorder l’hospitalité à n’importe quel Français dans notre pays », estimait de son côté le journal satirique privé Le Scribouillard dans son édition de jeudi.