Il est un parti gabonais, légalisé sur le net, qui vit de manière virtuelle. Son nom, connu des milieux subversifs internautes, circule partout, car il est emblématique et injonctif: « BDP » (Bongo Doit Partir!).
Parti réactionnaire , le BDP appelle au départ inconditionnel du président Bongo de la tête du Gabon. Il reprend les nombreux reproches faits depuis 1981 et égrenés sur la place publique: pillage des ressources du pays, confiscation du pouvoir par un individu, de l’appareil étatique et du patronat par une ethnie, encouragement du désordre et de l’insécurité, bafouement des libertés fondamentales et de la dignité humaine, obstruction au progrès et à la libre entreprise locale, etc.
Le parti virtuel de Mengara Minko accuse le président de la République d’avoir donné une part belle au copinage et à la family-affair. Une gestion au pif, à qui mieux-mieux , qui a l’effet pervers d’obliger les dirigeants de demain (différents de ceux d’aujourd’hui) soit à passer par l’étape de la Côte d’Ivoire pour tout restructurer, réorganiser, en un mot pour tout refondre; soit à imposer un nouvel ordre de fer à la Mao Tsé Toung en Chine ou à la Staline en URSS, tout en évitant de plonger dans la rebellion.
Au moment où le débat se focalise autour des dernières élections locales (municipales, sénatoriales et législatives), le RNR, parti de jeunes gabonais, en signe de défiance au pouvoir, s’est opposé dernièrement au gouvernement en tenant un point de presse au cours duquel il a demandé le départ des représentants actuels du peuple et la dissolution des institutions de la républiques.
En cas de non recevabilité de cette reqête, il se réservait le droit de mettre en place un gouvernement parallèle; ce qu’il fit. Les raisons de cette prise deposition » candide et réactive » sont « évidentes et claires à comprendre », selon les partisans de ce parti. Pour eux, les répresentants actuels du peuple n’ont pas eu l’aval de la majorité de la population nationale. Une grande partie, sinon tous, ont été élus par moins de 10% de la population de leurs localités, quand d’aucuns l’étaient par près de 5%. Ils sont de ce fait illégitimes. Des élus du peuple déniés par le peuple, mais qui le représentent ,de même, un président de la république au pouvoir depuis 1968, changeant de constitution au gré des saisons, décrivent une situation de confiscation des rouages politiques et de l’appareil de l’Etat.
Une telle « ironie politique » marque la gabonisation et la tropicalisation de la démocratie. D’abord, un pays avec deux systèmes politiques différents en application: le régime présidentiel et semi-présidentiel. Puis la confusion dans la nature politique, dans son exécution et dans ses hommes, a crée une situation d’amalgame, d’extr êmes dérapages.
La mise en place du parti unique, pour ceux instruits de l’histoire des courants politiques, finit par des situations de blocage et d’éclatement. Un parti unique est une structure, une logique ponctuelle. Il a été imposé au Gabon à une certaine époque par le colon pour dit-il, défendre ses intérêts. Aux habitudes, heureusement ou malheureusement, nées de ces gesticulations politicardes, une ethnie s’est appropriée le pouvoir suprême ( présidence de la république) et la gestion de l’Etat (ministère des finances, ministère de la défense nationale, justice, patronat, etc…). Pourtant, elle n’a jamais travaillé pour mériter ces faveurs ou cette connaissance. Le cadeau, elle le tient de M. Bongo.
Les privilégiés de cette ethnie n’imaginent pas un seul instant que Bongo puisse partir du pouvoir. Quand il arrive que cette éventualité effleure leur esprit, c’est pour s’assurer que la succession ne leur échappera pas: ils ont la situation en main! Mais un proverbe ne dit-il pas « l’homme propose et Dieu dispose »?
ADAN’ZOGH