Pierre Emangongo
Le Potentiel (Kinshasa)
Le président gabonais Omar Bongo Ondimba menace d’interdire la sortie des opposants à l’étranger où ils se permettent de le critiquer. Cette sanction concerne implicitement les partis d’opposition dont le mouvement «Bongo doit partir» (Bdp-Gabon nouveau), rapporte le journal Le Point citant une agence privée Gabonews. Cependant, un analyste déplore le fait que le président Bongo ignore le rôle des avis contradictoires dans le jeu démocratique.
Le président gabonais Omar Bongo Ondimba a annoncé son intention d’interdire aux représentants de l’opposition de quitter le Gabon, dénonçant ceux qui vont «à l’extérieur pour dénigrer les gens, les insulter», a rapporté lundi l’agence de presse privée Gabonews, citée par le journal Le Point.
«On va demander à la France, au ministère de l’Intérieur (français) de nous donner la liste de tous ces Gabonais qui font des conférences de presse, qui sont déjà en campagne électorale, et nous allons leur refuser le droit de sortir du Gabon, advienne que pourra», a déclaré dimanche M. Bongo, cité par Gabonews, à son retour du sommet mondial des Nations unies à New York.
Le président Bongo a déploré le fait que ces hommes politiques laissent le Gabon et préfèrent aller dénigrer les dirigeants à l’extérieur. A cet effet, il s’est adressé au ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration, Pascal-Désiré Missongo, lui demandant de ne plus délivree des passeports à cette catégorie des politiciens.
«Nous tous, nous allons être ici. Les élections qui se passent au Gabon, c’est au Gabon. Ce n’est pas aux Etats-Unis, ce n’est pas en France, ce n’est pas ailleurs mais c’est ici. Alors pourquoi les uns se baladent là-bas, conférence de presse du matin au soir. Tous ces gens-là, terminé!», a conclu le président Bongo, sans nommer les opposants en question.
Mais implicitement il attaquait le le mouvement «Bongo doit partir» (Bdp-Gabon nouveau), illégal au Gabon, et créé en 1998 aux Etats-Unis.
Ce mouvement, note le journal Le Point, a multiplié récemment les déclarations exigeant le report et la transparence de l’élection présidentielle prévue au Gabon à la fin de la année. Selon Bdp, une manifestation programmée en France le 15 septembre a été interdite par la préfecture de police de Paris. Dix partis de l’opposition gabonaise avaient dénoncé le 9 septembre à Libreville les conditions «illégales» de la préparation du scrutin présidentiel et accusé M. Bongo et son gouvernement de préparer une «fraude électorale».
HORS DU JEU DEMOCRATIQUE
Un analyste estime que la déclaration du président Omar Bongo va à l’encontre du jeu démocratique qui exige la tolérance et le respect des opinions des autres.
Il justifie également la préférence de ces opposants de s’exprimer à l’étranger par les risques de répressions arbitraires des services de sécurité et des agents de l’ordre gabonais qui préservent avant tout les intérêts du président au détriment de ceux de la Nation. Ces opposants, souligne l’analyste, préfèrent s’exprimer à l’extérieur d’où émane le soutien politique de plusieurs régimes africains dont celui du président Bongo, au pouvoir depuis 1967.