Dr. Daniel Mengara
Coordonnateur
Premier ministre du gouvernement de salut national en exil
BDP-Gabon Nouveau
A. Introduction : Dictature et Illégitimité de l’état Bongo
Les conditions de la transparence sont essentielles pour la crédibilité de tout processus électoral. C’est de la transparence électorale que découle le type de légitimité qui garantit la paix. Ainsi, qu’il soit du camp perdant ou du camp victorieux, le citoyen se satisfait nécessairement du résultat du vote transparent dès lors qu’il a confiance en les institutions qui régissent la vie de sa république. Cela suppose donc qu’il y ait au préalable une république régie par l’état de droit et des institutions viables dans lesquelles le citoyen ou la citoyenne se reconnaîtrait. Quand ces institutions bafouent le droit au vote et le droit à l’autodétermination de chaque citoyen par la corruption politique, la fraude et les privations de libertés fondamentales, on aboutit forcément à une situation non seulement d’illégalité, mais aussi d’illégitimité des institutions découlant de telles élections.
Au Gabon, nous sommes forcément dans ce contexte d’illégitimité. N’ayant jamais été élu dans la transparence par le peuple gabonais, Omar Bongo se retrouve obligatoirement marqué du sceau de l’illégalité et de l’illégitimité. Omar Bongo ne peut donc être défini comme président du Gabon, ni de par le passé, ni de par le présent et encore moins de par le futur. Et par voie de conséquence, toute institution, tout organe de régulation et tout système étatique mis en place par un président illégal et illégitime, à l’instar de la Cour constitutionnelle, de la Commission Nationale Electorale (CNE), de l’Assemblée nationale et du Sénat, véritables dépotoirs de parasites politiques inutiles à la nation, se retrouve automatiquement frappée d’illégitimité et d’illégalité. Parce qu’elles ne correspondent en rien aux aspirations fondamentales qui, dans la transparence, permettent au peuple de dicter, par ses choix électoraux, le chemin de développement qu’il préfère, ces institutions ne peuvent être vues comme représentatives de la volonté populaire.
B. Légitime défense et droit à la révolte : les conditions de l’insurrection sont réunies
Ainsi, s’imposer au pouvoir contre la volonté d’un peuple doit être vu comme un acte d’agression, que dis-je, comme une déclaration de guerre envers ce peuple. Le peuple, par définition, est souverain. Son pouvoir est suprême. Il n’y a que le peuple qui est habilité à déterminer, librement, la manière dont il veut être dirigé et, par conséquent, tout régime politique, pour être légitime et légal, se doit d’être l’émanation directe de la volonté populaire. S?imposer à ce peuple par la dictature contraint inévitablement le peuple à revendiquer ses droits par des méthodes révolutionnaires, ce qui peut conduire à une situation de guerre civile effective entre ce peuple et le régime qui s’impose. Mais que l’on ne s’y trompe pas : il est légitime pour un peuple de revendiquer ses droits, même par la guerre civile, mais il n’est pas légitime pour un régime de s’imposer, au point de contraindre le peuple à la rébellion armée. En cela, on peut voir en Omar Bongo quelqu’un qui agresse la nation gabonaise tout entière par des actes de guerre depuis 1967. La nation, ainsi acculée à une situation de légitime défense, ne peut alors que rechercher à rétablir ses droits par tous les moyens possibles, y compris par des moyens violents qui, dans ce cas, deviennent légitimes.
D?ailleurs, le droit du citoyen et du peuple à la révolte fut clairement reconnu par la France en 1793. En effet, la déclaration française des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1793 reconnaît, en son article 11, le droit de tout citoyen à une résistance légitime. Cet article stipule que tout acte « exercé contre un homme hors des cas et sans les formes que la loi détermine, est arbitraire et tyrannique; celui contre lequel on voudrait l’exécuter par la violence a le droit de le repousser par la force. » La déclaration, en son article 35, va encore plus loin en affirmant: « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré et le plus indispensable des devoirs. »
A-t-on atteint, au Gabon, une situation pouvant justifier, par exemple, la prise d’armes par le peuple ou des citoyens révoltés pour réclamer leurs droits ? La réponse à cette question est un « OUI » avec majuscules.
D?abord parce que tous les acteurs politiques gabonais, ont, en leur temps et élection après élection, reconnu qu’au Gabon, le changement ne viendra pas par les urnes. En son temps, Mba Abessole, à la suite de la victoire frauduleuse d’Omar Bongo aux élections législatives de 2001, déclarait à l’AFP le 10 décembre 2001 : » Pour moi, ces élections sont à annuler (…). Les vrais électeurs n’étaient pas inscrits sur les listes électorales. On doit conclure que le changement au Gabon ne peut plus venir par les urnes et qu’on doit chercher d’autres voies si on veut faire en sorte qu’il y ait un Etat pour tous ». Mba Abessole ajoutait aussi, le même jour, qu’il « ne faut pas entretenir un peuple dans la frustration, parce qu’un peuple, même s’il est mou, même s’il est indolent, à un moment il peut se rebeller et ça peut donner des choses terribles que nous ne souhaitons pas ».
A la suite de la même élection, feu Pierre-Louis Agondjo Okawé (que Dieu ait son âme), déclarait le 14 décembre 2001 à l’AFP que « les Gabonais ne croient plus au changement par la voie électorale ».
Notons que ces déclarations furent faites à un moment où la constitution gabonaise était plus libérale que celle d’aujourd’hui. Il n’y avait pas encore de scrutin à un tour et la constitution, à l’époque, ne consacrait pas encore la présidence à vie. Si donc ces déclarations sont vraies et l’ont toujours été, alors force est de conclure que les résultats de l’élection actuellement en cours au Gabon seront nuls et non avenus vu que la constitution, telle que modifiée par Omar Bongo depuis la conférence nationale de 1990, et surtout en 2003, a consacré un retour indéniable au monopartisme et à la dictature pure et dure. Une dérive dictatoriale que le département d’état américain et des ONGs comme Reporters Sans Frontières ne cessent de confirmer dans leurs rapports annuels sur le Gabon.
A ce titre, le rapport 2004 du département d’état américain publié le 28 février 2005 est sans équivoque : « Le Gabon est une république dominée par une présidence forte. Le Parti Démocratique Gabonais (PDG) est au pouvoir depuis 1968 et a réduit les choix politiques des Gabonais. (?) Le corps judiciaire est marqué par l’inefficacité et est sujet à l’influence gouvernementale. (?) Le record des droits de l’homme du gouvernement est resté médiocre ; malgré des améliorations dans certains domaines, des problèmes demeurent. Le gouvernement a continué à limiter la capacité des citoyens à changer leurs dirigeants. Les forces de sécurité battent et torturent parfois les prisonniers et autres détenus et les conditions de détention demeurent rudes, tandis que les forces de sécurité dispersent parfois violemment les manifestations. Les arrestations et détentions arbitraires ont continué à constituer un problème. Les autorités de manière routinière ont continué à porter atteinte à la vie privée des citoyens. » Un verdict sans appel des Américains qui confirme le Gabon comme un état policier et le régime Bongo comme une infâme dictature.
Ensuite parce que le régime Bongo n’a montré aucun signe de fléchissement pouvant porter à croire en sa capacité non seulement à se réformer sur le plan interne, mais aussi à réformer les institutions pour plus de démocratie et plus de transparence. Au contraire, ce régime a peu à peu ramené le pays à une dictature pure et dure et a totalement balayé d’un revers de la main les petits acquis démocratiques issus de la conférence nationale de 1990. Ces petits acquis, qui pouvaient se résumer en deux actes constitutionnels de poids (mandat présidentiel de 5 ans et limitation des mandats à deux mandats consécutifs au maximum), n’existent plus. La situation institutionnelle est même pire qu’en 1990 puisque la limitation des mandats a été abolie (on peut maintenant être président à vie au Gabon), le mandat présidentiel a de nouveau été ramené à 7 ans au lieu de 5, et le scrutin est maintenant une élection à un tour au lieu de deux. Tout ceci dans une partition politique conçue pour garder Omar Bongo au pouvoir à vie et assurer la pérennité d’un régime dynastique au Gabon. Après le père, le fils : voilà ce que nous réservent les Bongo.
Enfin parce que, sous le régime Bongo, le règne de l’arbitraire a atteint un tel degré de tyrannie et d’enracinement que seule une révolution serait à même de redonner au peuple sa dignité. Ce constat, encore une fois, est justifié par ce que l’on remarque au Gabon, non pas comme une amélioration, mais bel et bien comme une régression. Plutôt que de donner plus de droits et de libertés aux citoyenx au travers de la consolidation de l’état de droit et de la démocratie, le régime Bongo a plutôt opté pour l’arrogance, et partant, la réduction des espaces de liberté qui avaient été momentanément acquis. Parler de démocratie au Gabon aujourd’hui serait une insulte envers le peuple gabonais : tenir des élections multipartistes n’est aucunement un signe de démocratie. Au Gabon, il y a juste des élections, mais pas de démocratie. Au Gabon, on critique, mais juste pour amuser la galerie. Au Gabon, on parle, mais uniquement quand le pharaon Omar Bongo le permet. Au Gabon, on est député, sénateur ou ministre, non pas pour servir l’état, mais pour servir le grand sphinx gabonais Omar Bongo. Et s’ensuit une culture de la corruption et de la médiocrité qui enlise aujourd’hui le Gabon dans la bêtise la plus animalière. Omar Bongo a tout simplement animalisé la société gabonaise, et le bonhomme ne semble aucunement s’en émouvoir. Il en semble même très fier, de son bilan animalier. Quel gâchis !
Et quand on ajoute à cela les misères économiques accumulées qui font que, aujourd’hui, 85% de la population gabonaise soit insupportablement pauvre, avec 60% de citoyens vivant sous le seuil de pauvreté, que 10% des bébés gabonais qui naissent ne voient pas leur premier anniversaire, que, malgré ses richesses immenses et une petite population d’à peine un million d’habitants, le Gabon soit entièrement paupérisé, incapable qu’il a été, après 38 ans de bongoïsme et 45 ans d’indépendance, de s’assurer le minimum vital en matière de progrès et de développement économique. Le Gabon n’a ni routes viables capables de mener à la consolidation du tissu économique national par le transport facile, rapide et sécurisé des personnes et des biens, ni hôpitaux dignes de ce nom (la plupart étant des mouroirs pour le bas peuple), ni système d’éducation capable d’assurer la formation des cadres dont une nation qui se veut moderne a besoin.
Dans notre pays, le développement façon Bongo, c’est la résolution éphémère des problèmes : tel groupe fait grève, on sort quelques milliards pour acheter les meneurs, mais les problèmes restent entiers ; le pays menace de ne pas voter Bongo, alors on improvise en offrant de payer pour un mois la facture d’électricité pour tout le monde. Mais après, même misère ; Edith Bongo va dans un coin visiter les paysans et apporte avec elle un sac de médicaments, sans pour autant construire de dispensaires pour s’occuper des malades une fois le sac de médicaments vidé ; tel village dit qu’il meurt de faim, alors Bongo envoie un sac de cuisses de dindons qui est mangé le jour même et le lendemain, la faim se réinstalle ; tel problème se pose, il faut aller voir Bongo, et Bongo sort un sac de billets de CFA pour distribuer aux plaignants, mais une fois les petits billets dépensés, les problèmes demeurent les mêmes.
Dira Bongo aux Gabonais: « Vous, les partis politiques-là, vous voulez pluche dé trancheparenche aux jélections ? Mais comment cha, vous jaussi, mes frères, voilà chinqué chent (500) millions pour dichetribuer entré vous et laichez-moi chette hichetoire dé trancheparenche là de côté ; vos jenfants meurent de paludichme ? Mais comment, vous né voyez pas qué vous javez la paix que les jautres pays n’ont pas ? Ch?est quoi le paludichme quand vous javez la paix ? pas de routes au Gabon’ Hé bèèè voilà un petit kilomètre pour vous, et rendez-vous dans chept (7) ans pour le prochain kilomètre dé route chi vous votez pour moi en novembre 2005. Vous voulez la démocrachie ? Mais on né mangé pas la démocrachie, mes jamis, on mangé la paix, mêmé quand on a lé ventre vide, mêmé quand vos jenfants meurent dé palu, mêmé quand vous n’avez pas de travail parce que j?ai tout donné à Edith, mêmé quand je vous donne le shida en couchant vos filles vierges, mêmé quand j?ai mis tout votre argent dans mes comptes à l’étranger ; et chi vous jojez mé démander dé partir parcé qué vous mé trouvez incompétent, vous mé trouverez sur votré chemin parce qué maintenant, quand lé chien aboie, la caravane ne passé plus, elle écraje».
Et ceci depuis 38 ans.
A la fin, Omar Bongo a institué au Gabon une culture de la mendicité, qui consiste à appauvrir tout le monde pour ensuite distribuer, au coup par coup, les faveurs aux plus méritants, je dirais, aux plus mendiants; il s’est ainsi constitué en le seul arbitre du Gabon, donc l’homme qui est le seul habilité à résoudre les problèmes, qu’ils soient politiques ou économiques. A la fin, le Gabon s’est doté, d’une part, d’un état manioc (on n’y va que pour manger) et, d’autre part, d’une économie cuisses de dindons (on résout les problèmes économiques à coup de cuisses de dindons distribués à la population comme on distribue des os aux chiens). Quel mépris !
Ainsi, au Gabon, la corruption et la mendicité ont fini par ronger la moralité et transformer le Gabonais en parasite. Omar Bongo dépense des sommes faramineuses chaque année pour corrompre non seulement tout le pays, mais aussi des organismes étrangers qui viennent lui vendre la possibilité de faire des photos avec les grands leaders de ce monde. Omar Bongo le paparazzi? Ainsi, les 9 millions de dollars payés en 2003 à la compagnie américaine GrassRoots Interactive, une société de lobbying américain, pour obtenir en 2004 une photo avec George Bush à la Maison Blanche, ne sont que la pointe visible de l’iceberg. Omar Bongo, c’est au moins 400 milliards de CFA dépensés chaque année pour acheter la soumission des Gabonais par des postes politiques, des dons d’argent et la distribution de cuisses de dindons. Et l’on en passe. Ajoutez à cela l’insécurité devenue chronique dans le pays par la volonté délibérée d’Omar Bongo de terroriser la population pour justifier son maintien au pouvoir, et on aboutit à une situation de traumatisme national qui ne peut que mener à la révolution.
Ceux qui, du régime comme de l’opposition, se satisfont de cette situation en balançant à tout vent des discours de paix n’ont véritablement aucun amour pour leur pays. C?est parce qu’ils ne se rendent même pas compte du fait qu’il y a longtemps que le Gabon a perdu la paix et que la paix ne veut pas juste dire absence de guerre. Aujourd’hui, le Gabon, pour cause de misère et de paupérisation chronique de ses populations, perd pratiquement autant de citoyens en tant de supposée paix qu’un pays en guerre civile. Et on ose parler de paix à ce pauvre peuple affamé et animalisé ! Quelle animalité !
Voici donc un pays doté d’atouts naturels et humains qui auraient pu en faire un exemple de développement économique et de démocratie en Afrique, mais qui se retrouve à mendier son développement par l’endettement chronique et les dons, tout en échouant dans des domaines où des pays moins nantis comme le Cameroun (agriculture), le Bénin (démocratie) et le Sénégal (tourisme) ont réussi : c’est maintenant la Chine qui vient financer et construire des édifices publics au Gabon pour le Gabon : le Gabon n’arrive pas à réunir 16 milliards de francs CFA pour se construire lui-même un Sénat, mais Omar Bongo n’hésite pas à payer 5 milliards de CFA à un lobby américain pour obtenir une photo avec George Bush; à combien de lobbies américains, français, chinois et autres Monsieur Bongo a-t-il payé 5 milliards de CFA pour obtenir une photo, une visite ou une poignée de mains’ Le Gabon deviendrait-il une colonie chinoise pour que ce soit désormais la Chine qui se doive de venir construire chez nous les édifices publics qui devraient faire la fierté nationale? Où sont passés les milliers de milliards de francs CFA accumulés depuis les années 70 par le Gabon ? Quelle honte !
Et voilà le bourreau du Gabon Omar Bongo s’apprêtant à parachever l’assassinat du Gabon pour 7 années de plus ! Quelle cruauté ! Quelle dégénération ! Quel diabolisme!
C. 27 Novembre 2005 : Trahison d’une opposition interne inepte ?
La participation de l’opposition à l’élection présidentielle de novembre 2005 devient à ce titre hautement anachronique et peut même, à terme, se transformer en un acte de trahison nationale car tout ce à quoi sa participation servira c’est cautionner la victoire frauduleuse d’Omar Bongo. Car il semble en effet que cette opposition ne sache pas très bien ce qu’elle veut. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre en même temps. Soit on juge que l’élection actuellement en préparation est correcte et on y participe sans broncher, soit on trouve que les conditions d’une élection transparente ne sont pas réunies et on s’organise pour forcer l’adversaire à démocratiser le processus AVANT l’élection.
Il est à ce titre drôle d’entendre la remarque faite par le frère Moulomba de l’UPG lors de son débat avec René Ndemezo Obiang sur la Deustche Welle le 28 octobre dernier à propos de l’interview du Dr. Daniel Mengara invitant l’UPG et l’UGDD à se ressaisir et à rejoindre le BDP dans le boycott. Monsieur Moulomba avait alors estimé que le boycott que demandait le BDP voulait dire baisser les bras et laisser Omar Bongo continuer. Hé bien, non cher ami Moulomba. Il y a boycottage actif et boycottage passif. Le BDP-Gabon Nouveau est pour le boycottage actif. Dans ce cas, boycotter activement ne veut pas dire laisser Bongo gagner quoique ce soit. Au contraire! Le boycott actif veut dire adopter au sein d’une opposition unie des stratégies visant d’une part à forcer Bongo à accepter les conditions de la transparence et d’autre part, à empêcher le vote par des actions de subversion systématique si Omar Bongo s’entête.
Le BDP-Gabon Nouveau estime qu’il est beaucoup plus facile de forcer la transparence avant l’acte qu’après l’acte. Une fois l’élection passée, Bongo se proclamera élu et il sera alors plus difficile d’obtenir gain de cause, le vin étant bu jusqu’à la lie. Dans ce cas, quelle voie de recours restera-t-il aux opposants ayant participé en dehors de fomenter la violence pour avoir gain de cause APRES l’acte? A moins que cette opposition républicainement conviviale ne soit naïve au point de croire que les plaintes déposées à la Cour constitutionnelle d’Omar Bongo sans succès depuis 15 ans vont soudain aboutir comme par miracle à l’occasion de cette élection’ Car si la Cour constitutionnelle se montre incapable d’annuler ou de reporter le scrutin dans les conditions de fraude actuelles, en quoi l’opposition peut-elle espérer avoir gain de cause une fois que Bongo se sera proclamé vainqueur? Et quel recours aurait alors l’opposition en dehors de la violence et des soulèvements populaires’ En réalité, la position du BDP-Gabon Nouveau pour un boycott actif et révolutionnaire AVANT l’élection est beaucoup plus propice non seulement à l’établissement de la transparence, mais aussi à la préservation de la paix. Une opposition organisée peut facilement, par un boycott révolutionnaire qui bloquerait le pays et empêcherait la tenue de l’élection (boycott actif, et non passif), forcer le régime Bongo à la transparence, quitte à reporter l’élection. Et si la transparence est obtenue AVANT l’élection, les possibilités de paix pour le pays seraient plus grandes et l’opposition aurait une meilleure chance de gagner. Cette opposition qui va comme des moutons de panurge à une élection perdue d’avance est incroyablement sidérante. Ce n’est véritablement pas ce que l’on peut appeler une opposition, car cette opposition ne sait pas ce qu’elle veut.
Et quel malheur pour le Gabon si demain, par son entêtement à participer à une élection perdue d’avance, l’opposition (qui savait à l’avance que l’élection serait faussée, mais a manqué à ses responsabilités pré-électorales en participant sans demander la transparence) appelait le peuple à se déverser dans la rue pour protester contre une fraude qu’ils auraient pu mieux combattre AVAN l’élection ! Quel malheur pour le Gabon si, devant l’irresponsabilité de la classe politique, le pays plongeait en effet dans la guerre civile et le chaos parce que, ni le pouvoir, ni l’opposition conviviale, n’ont jugé utile de négocier, par patriotisme, la paix AVANT l’élection pour éviter au peuple les souffrances d’une révolution armée ou d’une insurrection généralisée qui ne manquerait pas d’éclater au Gabon cette année ou dans les années qui viennent si Omar Bongo se maintient au pouvoir par la fraude !
Pour le BDP-Gabon Nouveau, il est de la responsabilité de l’opposition de se montrer responsable en tant que force du changement, et ceci pas seulement à l’occasion des élections. A ce titre, on notera qu’il y a trop de contradictions dans la démarche de l’opposition gabonaise depuis 1993:
1) Une opposition électorale : Le Gabon n’a pas ce qu’on pourrait appeler une opposition politique. Nous avons une opposition électorale. Autrement dit, notre opposition ne sait pas qu’une élection ne se gagne pas durant l’année électorale, mais plutôt pendant les années qui la précèdent. C?est pendant ces années que l’on investit le terrain, qu’on s’organise et qu’on négocie avec le pouvoir les conditions de la transparence. Or, pendant les années non électorales, on ne voit nulle part les partis de l’opposition s’activer à investir le terrain et à concocter des alliances. Les fameux candidats actuels ont plus brillé par leur silence que par leur activisme. Ainsi, Pendant 7 ans, Mamboundou est resté terré à Ndendé pour ne réapparaître que pendant les mois précédant les élections. Dans le cas de Myboto, même situation : on se déclare opposant deux mois avant l’élection et on se croit capable de pouvoir, en deux mois, défaire un régime dont la défaite aurait dû être préparée chaque jour pendant les sept années précédentes ou du moins depuis que Myboto s’était brouillé avec son ancien complice Omar Bongo. Et ce n’est finalement que ces deux derniers mois que l’on a enfin vu l’UPG se doter d’un site Internet pour enfin informer ses militants. Un gros retard idéologique, donc, pourrait-on dire. Et demain, une fois la fraude bongoïste entérinée par leur propre participation, ces partis retomberont dans une autre léthargie de 7 ans, jusqu’aux mois précédant les prochaines élections. Quel paradoxe !
2) Une opposition légaliste, républicaine et convivialiste : Richard Moulomba, Secrétaire Général de l’UPG, lui-même l’a confirmé lors de sa récente intervention le 28 octobre sur la radio allemande Deutsche Welle en déclarant que son parti était un parti qui luttait « pour la libération de notre pays par les voies démocratiques ». Même son de cloche du côté de Zacharie Myboto, dont le parti nouvellement créé, l’UGDD, s’est positionné comme l’UPG dans ce qu’on peut aujourd’hui appeler l’opposition légaliste et républicaine du Gabon, dont le but serait, dans ce cadre, de respecter et utiliser le cadre légal gabonais pour arriver au pouvoir par des « voies démocratiques ». Le problème avec cette position « légaliste » est qu’elle se heurte à deux questions fondamentales : les lois du Gabon sont-elles des lois suffisamment démocratiques pour permettre à un parti d’opposition de gagner dans la transparence une élection comme celle du 27 novembre ? Et ceux qui sont chargés d’appliquer les lois au Gabon (Cour constitutionnelle, magistrats, etc.) sont-ils suffisamment libres pour pouvoir donner gain de cause à un candidat de l’opposition qui aurait gagné l’élection, remettant ainsi en cause non seulement Omar Bongo, mais aussi leur propre statut qui dépend directement de la présence d’Omar Bongo au pouvoir ?
A ces deux questions, le commun des Gabonais répondra « non », car il n’existe tout simplement pas de contexte légal ou républicain adéquat pour permettre un changement démocratique de régime au Gabon. Cela sous-entend donc que le discours légaliste de Myboto et de Mamboundou est voué à l’échec politique : ils se sont eux-mêmes autocensurés et attaché les mains en se déclarant légalistes car ce légalisme suppose qu’ils ne pourront jamais sortir du cadre légal tracé par Bongo et ses sbires pour rester au pouvoir. Si donc, il y a un fléau qui frappe le Gabon aujourd’hui, ce fléau réside dans le légalisme immobiliste dans lequel s’embourbent les opposants gabonais. Par ce légalisme, les opposants gabonais montrent qu’ils sont, en fait, tous des opposants conviviaux comme le fut Mba Abessole.
A ce titre, l’opposition de Pierre Mamboundou n’a rien de radicale, celle de Zacharie Myboto non plus. Le radicalisme politique, lorsque confronté à une dictature, ne peut s’accommoder d’un légalisme qui fait la part belle au régime en place. Pour être fonctionnelle, une opposition radicale se doit d’oser la rébellion, se doit de sortir du cadre légal tracé par la dictature pour la dictature, et prendre le risque de fonctionner hors-la-loi, c’est-à-dire hors du cadre faussement républicain qu’aura façonné le régime Bongo pour s’assurer une pérennité à toute épreuve. Malheureusement pour le Gabon, nos opposants semblent vouloir tout simplement amuser la galerie au profit de Bongo, transformant ainsi le terrain politique gabonais en une kermesse entre amis tous complices de l’assassinat du peuple gabonais ; on fait tout juste entrevoir au peuple des lueurs d’espoir, mais sans jamais dépasser le point de non retour, et les années s’accumulent sans jamais apporter le renouveau dont ce peuple a besoin pour une dignité nouvelle. Et si donc, ces partis légalistes appelaient le peuple à protester après l’élection pour se plaindre de la fraude, ne seraient-ils pas alors en train de rejoindre la position initiale du BDP-Gabon Nouveau, qui aurait préféré que tout le monde travaille au blocage du pays AVANT l’élection plutôt qu’après, de manière à s’assurer de la transparence avant que d’aller au vote? Le risque est donc plus grand pour le Gabon de plonger dans la guerre civile par des actions de protestation posés après l’élection que par des actes posés avant l’élection. Quelle ironie !
3) Participer à des élections perdues d’avance tout en se plaignant : il nous semble au BDP que l’opposition UPG / UGDD ne sait pas trop ce qu’elle veut : ou l’on considère que les conditions de la transparence sont suffisamment réunies et l’on participe aux élections sans broncher tout en s’apprêtant à accepter démocratiquement le résultat du vote, ou l’on considère que les conditions d’une élection transparente et démocratique ne sont pas réunies et on refuse de participer tout en s’organisant pour imposer au régime de mettre en place les conditions de la transparence. Mais on ne peut pas, logiquement, faire les deux en même temps sans montrer un certain degré d’amateurisme et d’irresponsabilité politique. Soit on considère que le régime Bongo est une dictature et on le combat avec des moyens révolutionnaires, soit on considère que tout va bien et on accepte Bongo comme président avant et après les élections, sans se plaindre de la fraude. Participer à une élection qui pue la fraude et continuer à se plaindre de la fraude sans actions concrètes pour l’éliminer avant l’élection sonne comme un désir caché de tout simplement reconduire Omar Bongo au pouvoir : demain, Bongo dira tout simplement qu’il avait en face de lui une opposition faite de deux poids lourds divisés et que lui n’a fait que profiter de cette division pour gagner. Et du coup, le peuple gabonais aura encore été trahi par une opposition totalement incapable d’articuler une idéologie de prise de pouvoir viable ; sauf si cette incapacité était à dessein, auquel cas on verra des gouvernements d’union nationale se créer qui consacreront publiquement les alliances secrètes, au grand dam des pauvres populations laissées à elles-mêmes alors que les vainqueurs et les vaincus se partageront le pactole de leurs honteuses compromissions.
4) Appeler Omar Bongo président de la république tout en disant que Bongo n’a jamais gagné d’élection au Gabon : Richard Moulomba de l’UPG a montré pêle-mêle cette contradiction le 28 octobre lors de son intervention sur la radio allemande Deutsche Welle en disant, d’une part, que Bongo n’avait jamais gagné d’élection au Gabon (ce qui a toujours été la position du BDP), mais en continuant, d’autre part, à appeler Omar Bongo président de la république. Quand on fait de l’opposition et que l’on se veut logique, l’on ne doit pas se permettre ce type de contradictions. L?UGDD de Myboto fait exactement la même erreur politique en disant que Bongo n’avait pas gagné l’élection de 1998, pour ensuite se retourner et continuer à appeler Bongo président de la république. Ou Monsieur Bongo est président de la république sur la base de son élection par le peuple gabonais, ou il ne l’est pas. Mais on ne peut pas appeler avec respect Président de la république un homme qui n’a jamais gagné d’élection. Ou Bongo est un dictateur, ou il ne l’est pas. Le langage politique de l’opposition doit être idéologiquement clair. Voilà pourquoi le BDP-Gabon Nouveau a toujours été égal à lui-même en maintenant qu’Omar Bongo est 1) un dictateur, 2) n’a jamais gagné d’élection au Gabon, 3) ne peut être reconnu comme président du Gabon et que 4) rien de bon ne peut se passer au Gabon tant qu’Omar Bongo est au pouvoir, ce qui veut donc dire que 5) Bongo doit partir, 6) par tous les moyens possibles. Malheureusement, l’opposition convivialement républicaine et légaliste du Gabon ne semble pas s’accommoder de tels détails qui, pourtant, ont une valeur idéologique importante dans le cadre du combat que nous menons tous pour la libération de la nation gabonaise. On ne combat pas une dictature avec le respect. On combat une dictature par une idéologie révolutionnaire qui se retrouve même dans le langage politique que l’on utilise. Nos opposants républicains ne semblent apparemment pas avoir encore compris ce principe.
5) Rejet de la violence et discours de paix: Si comme l’avaient dit Agondjo Okawé et Mba Abessole en 2001, le changement au Gabon ne sera plus possible par les urnes, comment expliquer la position défensive actuelle de Myboto et de Mamboundou, qui rejettent tous azimuts la violence alors qu’en face, le régime Bongo n’arrête pas d’exercer des violences non seulement sur ces opposants eux-mêmes, mais aussi le peuple gabonais ? Le Gabon vit pourtant actuellement une guerre civile qui n’a pas de nom, avec la paupérisation généralisée qui fait qu’un bébé sur dix ne voit pas son premier anniversaire au Gabon et plus de 60% des Gabonais vivent en dessous du seuil de pauvreté. Pourquoi alors, au vu des violences multiples exercées par le régime Bongo sur les Gabonais, ne pas également adopter une position de légitime défense et se positionner dans une relation dialectique qui, seule, pourrait mener le régime Bongo à reculer là où il n’a fait qu’avancer ? Myboto et Mamboundou se rendent-ils compte que c’est par leur position de passivité et d’immobilisme légaliste qu’ils permettent au régime Bongo de continuer à brimer les Gabonais et à réduire leurs espaces de liberté ? Il faudra donc, au Gabon, non pas une opposition convivialiste ou républicaine dans un contexte sans république, mais bel et bien une opposition radicale et révolutionnaire capable de sortir de sa léthargie politique pour affronter le régime Bongo sur le terrain de la violence : ?il pour ?il, dent pour dent devraient être les nouvelles normes idéologiques d’une telle opposition. Le jour où le Gabon aura une opposition véritablement radicale, ce jour-là sonnera le glas du régime Bongo. Et si le Gabon avait eu une opposition véritablement radicale en ce mois de novembre 2005, il ne se tiendrait pas dans ce pays une élection le 27 novembre prochain et Omar Bongo et son régime ne seraient pas assurés de voir l’année 2006 en étant au pouvoir.
Le rejet de la violence par l’opposition convivialiste gabonaise est donc un simple aveu d’incapacité et peut-être aussi de complicité avec le régime Bongo pour tromper le peuple. Car le Gabon est à un tournant décisif où seule la violence multiforme pourrait le sauver de la dictature. La violence, il ne faut pas la comprendre de manière uniforme. La violence peut prendre des formes bénignes comme le simple fait de faire un sit-in autorisé ou non autorisé devant la présidence de la république pendant des semaines pour demander la démission d’Omar Bongo, elle peut être le simple fait de déclarer des grèves générales, de boycotter activement ou le simple fait de demander la transparence avant les élections par des marches de protestations autorisées ou non autorisées, le tout visant à tout simplement rendre le pays ingouvernable. La violence peut aussi prendre une forme classique, c’est-à-dire une forme plus assertive, plus violente comme l’insurrection populaire organisée ou l’insurrection armée. Le Gabon est prêt pour n’importe laquelle de ces formules. Toutes ces formes de violences, bénignes et non bénignes, doivent faire partie du répertoire idéologique de toute opposition qui se respecte. Au Gabon, le point de saturation est atteint, mais il n’y a pas d’opposition pour l’exploiter. Et demain, si le peuple, de manière spontanée, se soulevait, on verra cette inepte opposition se mettre en avant pour appeler le peuple au calme, sauvant encore une fois, comme en 1990, 1993 et 1998, le régime d’Omar Bongo.
L?opposition gabonaise représentée par Mamboundou et Myboto n’a tout simplement pas encore compris qu’on ne peut pas tenir un discours de paix dans un contexte qui est un contexte de guerre : Omar Bongo a préparé la guerre, mais l’opposition convivialiste prépare la paix, et c’est comme cela qu’elle croit pouvoir arracher le pouvoir à Bongo ? Quelle naïveté ! Et voilà pourquoi Omar Bongo s’imposera encore, non pas parce qu’il aura été élu (il ne l’a jamais été), mais parce que, en face de lui, il aura de douces brebis qui passeront leur temps à reculer à chaque fois que le berger Bongo les effarouchera par des accusations de violence ou des menaces de violence.
6) Plus facile de changer les choses avant l’acte qu’après l’acte : Pour que l’opposition puisse gagner cette élection, c’est AVANT l’élection qu’il lui faudra préparer sa victoire. Ceci passe donc par l’adoption commune de positions idéologiques radicales qui lui permettront de mettre entre parenthèses ses candidatures pour déclarer conjointement devant la nation qu’au vu des conditions de préparation frauduleuse de cette élection, sa participation n’est plus d’actualité et que les partis de l’opposition radicale unifiés exigent, immédiatement, la convocation d’une conférence nationale souveraine qui va se charger de refaire tout ce qu’Omar Bongo a défait depuis 1990 et réformer l’état d’une manière qui ne permettrait plus à qui que ce soit de manipuler les lois au Gabon au profit d’un régime quelconque. Dès lors, cette opposition dirait directement au régime qu’elle allait non seulement boycotter le vote, mais aussi s’organiser pour empêcher le vote si le régime s’entête à l’organiser sans transparence. Dès lors, les leaders des partis dits de l’opposition se réuniraient en un état major de crise, organiseraient des meetings de boycott autorisés ou non autorisés à travers le pays, demanderaient aux populations de ne pas voter et appelleraient à détruire les urnes et les bureaux de vote, mettant ainsi le pays dans une situation d’ingouvernabilité qui ne laisserait pas beaucoup de choix au régime Bongo : soit il arrête tous les leaders de l’opposition sous les yeux de la communauté internationale et nationale (ce qui serait son suicide et sa fin), soit il recule devant la pression populaire et accepte l’idée de la réforme immédiate et durable, ce qui lui permettra de partir dans la paix et d’aller planter les choux dans son village. D’ailleurs, Omar Bongo n’a pas suffisamment de militaires pour surveiller tout le Gabon. Fomenter la chute de ce régime n’est donc pas la chose la plus difficile, mais pour cela, le pays a besoin d’une opposition qui parle d’une seule et même voix, de manière à rassembler tout le peuple gabonais autour d’une plateforme du boycott claire et vigoureuse.
L?équation de la victoire est donc simple à résoudre si l’opposition acceptait de prendre quelques risques en s’opposant farouchement à la dictature de Bongo : dans cette équation, l’opposition ne pourra jamais perdre si elle sait ce qu’elle veut. Et cela permettrait donc, une fois la réforme obtenue, d’aller aux élections avec des chances de changement véritable. Il ne servira à rien, pour l’opposition Myboto / Mamboundou de protester après l’élection dans la mesure où, par leur participation, ils auront montré qu’ils trouvaient que les conditions de l’élection étaient acceptables. Il sera alors contradictoire de leur part d’appeler les gens à la violence vu qu’ils ont accepté de participer à une élection perdu d’avance en connaissance de cause. Leur participation serait ainsi une simple validation de la victoire de Bongo, rien d’autre.
D. Sans réformes, nécessité d’une opposition radicale et révolutionnaire
Pour le BDP-Gabon Nouveau donc, c’est dans l’opposition véritablement radicale et révolutionnaire, celle qui répondra aux violences dictatoriales du régime Bongo par des violences de légitime défense, que se trouve le salut du Gabon. Il n’y a qu’une telle opposition, que j’appelle non seulement l’opposition de la troisième voie, mais aussi de la troisième voix, c’est-à-dire une troisième voix idéologique, celle qui adopte l’insurrection comme passage obligé du changement au Gabon, qui pourra pousser Omar Bongo à non seulement reporter le scrutin des 25 et 27 novembre, mais aussi à établir les conditions de la transparence qui feront élire le meilleur des candidats, sauvegardant ainsi la paix, la seule et véritable paix démocratique, au Gabon. Il va sans dire que si le BDP-Gabon Nouveau arrivait au Gabon aujourd’hui, il s’inscrirait automatiquement dans cet esprit révolutionnaire de la troisième voie. Pour que la libération s’obtienne, il faut acculer Omar Bongo à la réforme, et pour cela, il faut rendre le Gabon ingouvernable.
Quelles sont donc les conditions de la paix au Gabon ? C?est simple : Omar Bongo doit accepter, pour sauver le pays et AVANT l’élection, les conditions de la transparence telles que posées par le BDP-Gabon Nouveau. Et l’opposition doit accepter, si Bongo refuse ces conditions, de renoncer à participer à l’élection pour adopter comme le recommande le BDP-Gabon Nouveau, une posture commune de boycott révolutionnaire. Par boycott révolutionnaire, nous entendons un boycott actif qui, au travers de stratégies de subversion diverses, doit amener au blocage total du pays et à son ingouvernabilité, de manière à forcer le régime Bongo à réformer le système électoral dans le sens des propositions énoncées par le BDP-Gabon Nouveau. Ces propositions sont :
1. Réforme constitutionnelle immédiate
– Retour au mandat de 5 ans renouvelable une seule fois, donc une limite globale de 10 ans pour tout président élu au Gabon ; ceci voudrait dire exclusion automatique d’Omar Bongo qui a déjà passé 38 ans au pouvoir ;
– Retour au scrutin à deux tours comme cela se fait en France, au lieu du seul tour institué frauduleusement par Omar Bongo pour s’assurer une victoire sans légitimité ;
– Conditions de nationalité : Modification de l’article 10 de la constitution relatif aux conditions de nationalité pour les candidats aux élections: cet article, sous sa forme actuelle, n’a aucun sens au Gabon, pays où il n’existe aucun Gabonais de quatrième génération. Au vu de cet article, aucun des candidats actuellement en lice pour l’élection présidentielle des 25 et 27 novembre n’est éligible. C?est donc une élection anticonstitutionnelle qui est en train de se tenir au Gabon si cet article reste sous sa forme actuelle ;
– Conditions d’âge : Modification de l’article 10 de la constitution relatif aux conditions d’âge : le BDP trouve anachronique qu’Omar Bongo ait décidé d’éliminer de la course électorale tous les Gabonais de moins de 40 ans, alors que lui-même est arrivé au pouvoir à 32 ans. Seul le peuple peut décider pour qui il veut voter et c’est à lui de décider d’élire ou de rejeter tout candidat qu’il trouverait trop jeune ;
– Réduction draconienne des pouvoirs du président de la nouvelle république qui découlerait de la réforme ; le nouveau président du Gabon sera tout simplement privé, par des mécanismes constitutionnels, de sa capacité de nuisance autocratique.
– Et pour sauvegarder le futur, mise en place de mécanismes capables d’empêcher la modification fantaisiste de la constitution par un régime à tendance monarchisante comme celui d’Omar Bongo ;
2. Réforme immédiate de l’état
La réforme de l’état comprend deux volets. Un volet à long terme qui pourra faire l’objet de réformes soutenues et progressives à moyen et long terme visant à l’éradication de la corruption, à la bonne marche des services de l’état, à la réduction de la masse salariale dans le service public, à la mise en place d’une vraie stratégie de développement par le nouveau gouvernement de la république, etc., et un volet à court terme qui entre dans le cadre de l’urgence relative aux mécanismes de fonctionnement de l’état et à la résolution des anachronismes institutionnels qui immobilisent aujourd’hui le pays dans la dictature. A ce titre, le débat national que le BDP et les Gabonais souhaitent avant la tenue de cette élection devra mener, immédiatement, aux réformes suivantes :
– Transformation de la Cour constitutionnelle en une Cour suprême apolitique totalement indépendante du gouvernement. Elle devra se composer de 9 membres apolitiques élus, avec un budget de fonctionnement indépendamment voté annuellement par le parlement. Ainsi, la Cour suprême en tant qu’organe suprême de la branche judiciaire de l’état, pourra à jeu égal avec l’Exécutif et le Législatif, garantir dans le cadre de l’équilibre des pouvoirs, les droits constitutionnels du peuple.
– Transformation de la Commission Nationale Electorale en un organe indépendant relevant directement de la Cour suprême telle que réformée ci-dessus, avec un budget indépendant voté par le parlement.
– Réduction des effectifs de l’Assemblée nationale de 120 députés à 63 (7 par province).
– Suppression du Sénat et son remplacement par un Conseil des sages de 9 membres élus dans les 9 provinces du pays et devant entourer le Président de la république pour superviser son action ;
– Un premier ministre élu par le parlement sur la base de sa compétence et non plus par le président de la république, avec en sus l’établissement de mécanismes permettant au parlement de vérifier en direct à la télévision la compétence de tout nouvel aspirant aux fonctions de ministre ou de premier ministre, ainsi qu’à d’autres hautes responsabilités au sein de l’administration publique ;
– Systématicité de l’enquête de moralité sur toute nouvelle personne nommée ou élue à des postes clés de la république, avec obligation de déclaration de fortune et justification de l’origine légale de sa fortune ;
3. Elections Générales et Appel à l’ONU
– Elections générales : Suite aux réformes décrites ci-dessus, le pays pourra alors se lancer dans l’organisation d’élections générales (présidentielles, législatives et locales) ; des élections générales permettraient un meilleur renouvellement de la classe politique gabonaise, et apporteraient un peu plus de renouveau dans l’esprit des institutions et la manière de gérer le pays.
– Appel à l’ONU : Pour permettre, dans un premier temps, d’éviter les problèmes qui ont toujours émaillé les élections précédentes et donner un plus grand sceau de transparence au scrutin, il faudra que la nation fasse appel à l’ONU pour aider le pays à organiser la toute première élection véritablement démocratique de son histoire. L?ONU se chargerait alors de faire un nouveau recensement de la population et des électeurs, et assurerait ainsi la tenue des élections trois à six mois après leur report. Il va sans dire que le régime qui sortira d’une telle élection sera un régime doté du type de légitimité qui assurera la paix et le développement durables au Gabon.
Le BDP-Gabon Nouveau pense que ces conditions minimales de réformes, si établies et formalisées avant toute nouvelle élection au Gabon, seraient à même de redonner aux Gabonais la confiance qui se doit dans leurs institutions, et partant, de poser les bases d’une démocratie stable et garante du développement durable et de la paix dans notre pays.
C?est là la seule démarche qui pourrait assurer la paix au Gabon, car la vraie question que les Gabonais doivent toujours se poser est la suivante: Omar Bongo peut-il être élu président au Gabon dans un contexte de transparence électorale véritable ? La réponse est non, sans aucun doute. Donc, la participation de Bongo aux prochaines élections présidentielles est inutile et toute victoire de Bongo, dans ce cas, doit être vue comme une victoire volée, et par conséquent, comme un acte de guerre envers le peuple gabonais.
Si donc, malgré les protestations des Gabonais, l’élection du 27 novembre se tient, il faut au peuple gabonais s’organiser pour répondre à cet acte de terrorisme du régime Bongo par des actes de légitime défense qui, au travers de réseaux de résistance, rendront le pays ingouvernable et redonneront enfin le Gabon aux vrais Gabonais. Car on ne peut pas être Gabonais et cautionner l’assassinat du Gabon par un régime terroriste comme celui d’Omar Bongo. Les patriotes gabonais qui se trouvent dans l’opposition et ceux qui se trouvent au sein du régime doivent accepter, dès maintenant, l’idée selon laquelle pour sauver le Gabon, il faudra que Bongo parte, et cela immédiatement. On ne peut pas accepter de plonger tout un pays dans la guerre civile à cause d’un seul homme. Si le prix à payer pour le Gabon est la tête de Bongo, alors Bongo doit être démis de ses fonctions par les membres du régime eux-mêmes pour permettre un vrai dialogue national qui est aujourd’hui impossible à cause de Bongo.
La jeunesse a également son rôle à jouer. Par des grèves, des réseaux de perturbations, ils peuvent contribuer à l’immobilisation du pays, et ainsi forcer la transparence avant l’élection. L?exemple des petits Français protestant l’exclusion en France peut également inspirer les jeunes Gabonais, car dans un état comme celui du Gabon qui a pris sur lui de brimer la jeunesse et de priver les Gabonais de leurs droits humains, la révolution comme expression de la légitime défense du peuple est un devoir national. Il n’y a pas de Gabonais aujourd’hui qui doivent rester indifférents devant la prise en otage actuelle du Gabon par Omar Bongo.
Par patriotisme, donc, Bongo doit partir.
En novembre 2005, chers compatriotes, résistons et rejetons Omar Bongo dans les poubelles de l’histoire, pour que vive le Gabon.
Dr. Daniel Mengara
Coordonnateur
Premier ministre du gouvernement de salut national en exil
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