le dictateur Bongo
Franchement, quelle gloire y a-t-il à tirer de son statut de doyen des chefs d’Etat africains, dans ce contexte de plus en plus difficile où les dieux de la popularité semblent vouloir déserter les petits mondes de dirigeants trop longtemps restés au pouvoir ?
Quelle fierté y a-t-il à tirer de ce statut particulier alors que, l’un après l’autre, sont indexés tous ces dirigeants africains, qui conçoivent le pouvoir comme un costume taillé uniquement à leur mesure ? Voilà 40 ans que la flore politique gabonaise est dominée par un baobab nommé Omar Odimba Bongo.
Un baobab dont une certaine opinion se plaît à présenter comme le plus ancien d’Afrique, et renfermant, par conséquent, selon elle, les meilleurs trésors de sagesse sur le continent. Il faut cesser cette comédie. En quoi Bongo a-t-il plus de mérite et de clairvoyance que des anciens chefs d’Etats africains comme le Malien Alpha Omar Konaré, le Béninois Mathieu Kérékou ou les Sénégalais Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf qui se sont fait une telle philosophie du changement qu’ils ne se sont pas opposés à l’alternance, refusant ainsi d’être les otages de courtisans soucieux de leurs seuls intérêts ? Les temps changent et il faudra bien que Omar Bongo se rende à l’évidence ; mais surtout, qu’il ait enfin la force morale de s’imaginer hors du pouvoir.
Il y aura certainement des gens pour dire que, même à 80 ans révolus, Bongo a toujours des ressources suffisantes pour encore offrir le meilleur de lui-même. Cela est peut-être vrai. Mais ce qui souffre moins le doute, c’est que l’exercice du pouvoir d’Etat en Afrique est l’un des rares domaines où l’on n’éprouve curieusement pas le besoin de se permettre un repos bien mérité après avoir passé de longues années à servir la Nation.