La visite officielle de quarante huit heures, du ministre des Affaires étrangères du Portugal, Luis Amado, à Libreville, où il est arrivé en début de soirée, mardi, n’est pas le fait du hasard, pour peu qu’on se remémore objectivement l’intérêt longtemps manifesté avec beaucoup de ferveur et d’ardeur par les autorités de Lisbonne à développer avec le Gabon, la meilleure coopération possible, au double plan politico-économique et commercial.
D’emblée, parcequ’il s’agit du tout premier déplacement solennel à ce niveau élevé d’une personnalité politique portugaise en terre gabonaise, il y a lieu de voir à travers la présence du chef de la diplomatie portugaise, Luis Amado, la volonté politique de son pays à raffermir davantage la coopération bilatérale entre le Portugal et le Gabon, en donnant plus de force, au plan politique, d’abord, à l’axe Lisbonne-Libreville.
Ensuite, on note, évidemment, que ces bonnes dispositions d’esprit des autorités portugaises envers leurs homologues gabonaises, remontent déjà à près d’une décennie, si ce n’est pas plus, en terme de durée dans le temps. Et s’il est un fait historique, entre autres, pour le rappeler, c’est sans conteste le Sommet Portugal-Gabon, en 2001, au palais de Bélem, lors de la visite officielle de trois jours que le président de la République gabonaise, Omar Bongo Ondimba, a effectué au mois de décembre, cette année-là, à Lisbonne, à l’invitation de son homologue de l’époque, l’ancien président Jorge Sampaio.
Nul n’ignore, que cette visite officielle du chef de l’Etat gabonais, était la première du genre, offerte par Lisbonne, à un chef d’Etat d’Afrique francophone. Elle fut, assurément, un succès politique et diplomatique pour Omar Bongo Ondimba, convaincu de la nécessité d’impulser une véritable dynamique à la coopération entre les deux capitales, d’ouvrir plus d’espace aux produits portugais sur le marché national, de telle sorte que celle-ci repose sur un substratum plus concret, nonobstant l’existence d’entreprises portugaises dans les secteurs du bois et de la pêche au Gabon.
En outre, la qualité des thèmes abordés entre les deux présidents portugais et gabonais, à la fois sous l’angle bilatéral ainsi que sous régional, tant au palais de Bélem (siège du pouvoir Exécutif) qu’à l’Assemblée de la République (Parlement) en présence des présidents des groupes parlementaires.
En somme, les autorités portugaises avaient tenu, à cette occasion, à saluer, d’une seule voix, de façon éclatante, l’engagement constant du président Bongo Ondimba en faveur de la paix sur l’échiquier politique africain, grâce à son implication décisive dans le règlement des conflits dans plusieurs pays, notamment au Tchad, au Congo-Brazzaville, en RCA, en RDC, au Burundi, au Rwanda, en Angola et à Sao Tomé et Principe…
Ce faisant, au regard de ce déplacement du ministre des Affaires étrangères lusitanien, Luis Amado, au Gabon, il saute aux yeux que Lisbonne garde particulièrement vivace à l’esprit le rôle positif du président gabonais dans la recherche de la paix à l’intérieur des pays africains lusophones, et tient une nouvelle fois à féliciter Omar Bongo Ondimba pour son engagement effectif en Angola, aux côtés de la « Troïka » (USA, Russie, Portugal) chargée par l’ONU de la supervision de la mise en œuvre des « Accords para paz » signés à Bessesse, au Portugal.
A ce propos, rappelons qu’il y a quelques années, le président Bongo Ondimba avait successivement accueilli, à Franceville, puis à Libreville, les protagonistes de la vieille crise angolaise, à savoir son homologue José Eduardo Dos Santos et l’ancien et défunt chef de l’UNITA, Jonas Maleiro Savimbi auxquels il avait offert gracieusement le gîte, ainsi que sa générosité reconnue. Naturellement, les trois pays de la « Troïka », y avaient participé, en présence du défunt représentant du secrétaire général de l’ONU, Alioune Blondin Bèye.
Enfin, on croit savoir, qu’un autre élément décisif de l’opinion positive de Lisbonne envers la diplomatie pacificatrice du Gabon, concerne la médiation réussie par le président Bongo Ondimba pour obtenir la libération de cinq otages portugais qui étaient détenus par le Front de libération de l’enclave du Cabinda (FLEC-R.) après soixante quatorze heures de captivité particulièrement pénible. On s’en souvient, autant que les autorités portugaises, d’ailleurs, ces ex-otages, eux-mêmes, s’étaient rendus à Libreville visiblement éprouvés, avant de regagner le Portugal, afin de remercier de vive voix le chef de l’Etat gabonais.
A maints égards, en définitive, cette forte dimension politique et diplomatique entoure encore cette visite officielle de Luis Amado dans la capitale gabonaise. Où, on a bien conscience que la diplomatie est à la base de la coopération entre les Etats.
Enfin, en ce qui concerne le Portugal et le Gabon, s’agissant de ce chapitre, sans être exhaustif, plusieurs accords lient les deux pays, notamment dans le domaine de la coopération culturelle, scientifique et technique, puis dans le secteur de la coopération entre le Centre des Investissements et du Commerce extérieur du Portugal et la Chambre de Commerce, d’Agriculture et d’Industrie du Gabon.
Au final, le moins qu’on puisse dire, dans le nouveau contexte observé à l’aune du dernier Sommet Union européenne-Afrique, tenu les 8 et 9 décembre 2007, à Lisbonne, auquel le président Bongo Ondimba aura pris une part active, c’est qu’au moment où le Portugal entend donner une nouvelle impulsion à sa diplomatie africaine, incontestablement, ses autorités voudraient s’appuyer sur le « carrefour diplomatique » qu’est plus que jamais Libreville au sein de l’Union africaine.