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Politique en Afrique: le miroir de la honte

Chaque fois que les Africains tentent de démontrer aux yeux du monde leur volonté de ne pas sombrer dans le chaos des conflits et de la précarité socioéconomique, ce sont leurs dirigeants qui se donnent en spectacle. Et quel triste spectacle que ce qui s’est passé au Kenya et ce qui se passe au Tchad, au Zimbabwe, au Cameroun, au Burkina Faso…

Au Tchad, Idriss Deby a profité des attaques rebelles du 3 février 2008 pour essayer d’anéantir son opposition en réduisant ses leaders au silence. Si l’on sait aujourd’hui où se trouvent Lol Mahamat Choua et Ngarlejy Yorongar, c’est l’incertitude totale sur le sort d’Ibni Oumar Mahamat Saleh, un autre opposant arrêté dans les mêmes circonstances.

Adapter la Constitution du Tchad à son ambition n’a pas suffi à Idriss Deby. Il a choisi la méthode à la « Gbagbo » pour essayer de se débarrasser de ceux qui l’empêchent de tourner en rond. Et cela avec la complicité des forces françaises qui, par deux fois, lui évitent malicieusement de tomber dans les mains des rebelles.

Dans la même région d’Afrique du Centre, un dictateur mourant non content de condamner la majorité de ses concitoyens à la misère, veut mourir au pouvoir. Et pour ce faire, il est lui aussi prêt à tripatouiller sa Constitution.

Heureusement, les Camerounais ne l’entendent pas de cette oreille. De nombreuses villes du pays ont connu, ces derniers jours, de nouvelles émeutes contre la cherté de la vie et l’intention affichée du président Paul Biya de s’accrocher au pouvoir.

Un dinosaure au profit duquel Ahmadou Ahidjo s’était pourtant éclipsé lorsqu’il a senti que son état de santé ne lui permettait plus de présider aux destinées de son peuple.

Ce dernier a d’ailleurs été la première victime de la trahison et de la mégalomanie de son successeur qui, en l’accusant d’un complot monté de toutes pièces, l’a condamné à mourir en exil au Sénégal.

Le 6 novembre 2007, Paul Biya a fêté ses 25 ans de pouvoir à 75 ans. Il n’est pas encore « rassasié » puisqu’il veut briguer un autre mandat en 2011 (il aura 78 ans).

Des vieux mourants s’accrochent au pouvoir

Ce qui n’est plus surprenant dans le paysage africain. Le zimbabwéen, Robert Mugabe, est lui aussi candidat à sa propre succession dans un pays où la situation des droits humains n’a cessé de se détériorer depuis les élections de mars 2005.

Le 30 août de la même année, le Parlement, dominé par les partisans de Robert Mugabe, avait approuvé la révision de la Constitution permettant la nationalisation des fermes appartenant aux « Blancs ».

Un arrêté interdit aux Zimbabwéens soupçonnés d’activités « terroristes » ou d’opposition politique virulente, de sortir du territoire. Le texte priva également de droit électoral toute personne ayant au moins un parent étranger bien que détenant le statut de résident permanent.

Il prévoit en outre que toute personne suspectée de porter atteinte aux « intérêts » nationaux puisse être interdite de sortie du territoire. Cet arrêté viole ainsi le droit de combattre l’oppression, inscrit dans les droits de l’Homme.

Longtemps considéré comme l’un des « pères de l’indépendance » de l’ancienne Rhodésie du Sud, l’ancien chef de guérilla a plongé l’ancien grenier à blé de l’Afrique dans la dictature et, depuis le début des années 2000, dans la pénurie alimentaire la plus grave de l’histoire du pays. Aujourd’hui, touché par la sénilité à 84 ans (il est né le 21 février 1924), il se cramponne toujours au pouvoir.

Difficile de lui reprocher cette mégalomanie à côte d’autres vieux dinosaures comme Abdoulaye Wade et Oumar Bongo Odimba. Président du Sénégal, le Diombor (lapin) de Kébémer est né le 29 mai 1926 dans cette localité.

A défaut de pouvoir prétendre à un 3e mandat, il est en train de neutraliser son opposition politique afin de se faire succéder par un homme de son choix et continuer à tirer les ficelles politiques dans l’ombre.

La succession de Bongo, un sujet tabou au Gabon

Même s’il n’a pas encore 80 ans, Oumar Bongo Odimba ne veut pas entendre parler de sa succession. Les fidèles qui ont eu l’outrecuidance d’ouvrir le débat sur ce sujet tabou au Gabon l’ont vite appris à leurs dépens. A 73 ans (il est né le 30 décembre 1935), Bongo fait office de doyens des Chefs d’Etats africains puisqu’il règne, en despote, sur son pays depuis plus de 40 ans. Réélu le 27 novembre 2005, Bongo est loin de vouloir quitter le pouvoir de son plein gré. On lui prête même l’ambition de transformer son pays en dynastie en se faisant succéder par son fils Ali Bongo qui ne cesse de cumuler de très hautes responsabilités dans son pays.

Né le 3 février 1951 à Ouagadougou (ex-Haute-Volta, actuel Burkina Faso) Blaise Compaoré est également sur la voie tracée par ces tyrans qui sont aujourd’hui de vrais cancers pour leur pays et constituent la honte du miroir Afrique. Ce dernier a non seulement tripatouillé la Constitution du Faso, mais il a toujours massacré ses opposants, y compris de pauvres journalistes qui avaient réussi un moment à le déstabiliser. En février dernier, il n’a pas hésité à mater dans le sang de pauvres citoyens dont le seul crime a été de manifester leur raz le bol contre la vie chère.

Le Mali en quête de voie de sagesse

Il est à espérer que le Comité d’experts chargé de la réflexion sur la consolidation de la démocratie au Mali saura éviter à notre pays tels scénarii catastrophes. Les maux de la démocratie malienne n’ont rien à avoir avec la limitation du mandat présidentiel. Nous sommes de ceux qui pensent que dix ans sont largement suffisants pour réaliser des projets de société concrets au bénéfice de son pays. Après, on est irrémédiablement touché par l’usure et l’immobilisme.

La réflexion doit surtout porter sur la loi électorale et la Charte des partis politiques qui, avec la Constitution, constituent les textes fondateurs de notre démocratie. De 1992 à 2007, les élections organisées ont surtout mis à nu des lacunes et insuffisance liées comme la faiblesses des taux de participation, la mauvaise organisation des scrutins toujours contestés par les perdants…

Que faire pour amener les Maliens aux urnes ? Quelle politique d’inscription sur les listes électorales mettre en place ? Comment amener les partis politiques à pleinement jouer leurs rôles démocratiques ? Que faire pour susciter l’avènement au Mali d’une classe politique digne de ce nom ? Voilà autant de pistes de réflexions que les hommes et les femmes désignés pour animer le Comité d’experts chargé de la réflexion sur la consolidation de la démocratie au Mali doivent réellement explorer !

Cela évitera au Mali de s’enliser un jour sur des chemins de la confiscation despotique du pouvoir comme au Kenya, au Cameroun, au Zimbabwe, au Tchad voire au Gabon et au Burkina Faso. Cela est d’autant souhaitable que nos acquis démocratiques sont maigres et surtout… très fragiles pour nous éviter un retour à la case départ au hasard d’un tripatouillage constitutionnel.

source: Mali.fr

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