Jeune afrique : Y a-t-il une crise diplomatique entre Paris et Libreville ?
André Mba Obame : Non, il n’y a pas de crise entre la France et le Gabon, mais il y a un malentendu. Il y a eu d’abord l’expulsion de deux ressortissants gabonais par la France, puis un déchaînement pour le moins curieux des médias publics français contre le chef de l’État. Cette affaire a fait l’objet d’une ouverture d’enquête par le parquet de Paris, enquête qui a été classée sans suite. Nous ne comprenons pas que les médias reviennent là-dessus au mépris de l’autorité de la chose jugée.
Certains pensent que le président Bongo aurait suscité l’hostilité des milieux d’affaires en donnant de gros contrats à la Chine…
Demandez plutôt à ceux qui ont lancé cette cabale médiatique. Pour sa part, le président veille aux intérêts du Gabon. Il travaille avec tous ceux qui croient au développement de notre pays. Jusqu’à présent la France est présente et tient toute sa place. Mais nous attachons du prix à la diversification de nos partenaires. Ce que gagne la Chine, la France ne le perd pas. Quoi qu’il en soit, la solution n’est pas de déstabiliser le Gabon. C’est pourquoi nous nous interrogeons sur les motivations réelles de ceux qui essaient de fragiliser le chef de l’État.
En matière d’immigration, appliquez-vous la réciprocité ?
Nous poursuivons l’application de cette mesure. Les Français qui arrivent à l’aéroport sans visa sont reconduits à la frontière. Cela a déjà été le cas pour une dizaine de personnes. Dans le pays, plusieurs centaines de Français sont en situation irrégulière. Nous n’allons pas aller les chercher là où ils se trouvent. Mais si, au hasard d’un contrôle de routine, la police mettait la main sur quelqu’un qui n’a pas sa carte de séjour en règle, cette personne serait reconduite à la frontière. Il n’y a pas de chasse aux Français, mais, en 2007, Paris a expulsé 53 Gabonais, alors que le Gabon n’a expulsé aucun Français de son territoire. Il nous semble donc normal d’appliquer désormais strictement la règle de réciprocité.