Depuis Harare, l’opposition zimbabwéenne du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) a revendiqué, mercredi 2 avril, sa victoire finale, dès le premier tour, aux élections législatives et présidentielle de samedi, en s’appuyant sur ses propres résultats.
La Commission électorale lui a donné raison en ce qui concerne les élections législatives. Quatre jours après le scrutin, elle a enfin publié des résultats quasi définitifs pour le scrutin législatif, confirmant que l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF) de Robert Mugabe a perdu sa majorité au Parlement. Selon la Commission, le MDC et ses factions dissidentes obtiendraient 105 des 210 sièges de députés, contre 94 pour le ZANU-PF.
Les résultats officiels pour la présidentielle ne sont toujours pas connus, mais « d’après nos propres calculs, nous pouvons dire que le président du MDC, Morgan Tsvangirai, a remporté la présidentielle », avec 50,3 % des voix contre 43,8 % à Robert Mugabe, a affirmé le secrétaire général du MDC, Tendai Biti. Selon les chiffres communiqués par le MDC, M. Tsvangirai a gagné l’élection avec 1 171 079 voix contre 1 043 349 pour le président sortant, qui briguait, à 84 ans, son sixième mandat. Si ces chiffres venaient à être confirmés par les autorités électorales, le second tour, qui devrait être organisé d’ici trois semaines, ne serait pas nécessaire. Mais le MDC « participera au second tour », a néanmoins précisé M. Biti, soulignant que « les médias d’Etat ont déjà commencé à préparer la population » à cette éventualité.
« IL FAUT QU’ILS FASSENT TRÈS ATTENTION »
Le ZANU-PF a immédiatement condamné la revendication de l’opposition concernant le scrutin présidentiel, estimant qu’elle prenait ses « désirs pour des réalités » et aurait dû attendre les résultats officiels, les bulletins étant encore comptabilisés par la Commission électorale. Interrogé par la chaîne britannique Sky News, Bright Matonga, vice-ministre de l’information, a par ailleurs ajouté que Robert Mugabe, que beaucoup donnaient en fuite ou en négociation pour quitter le pouvoir, n’allait « nulle part ». « Il faut qu’ils fassent très attention avec leurs activités, a-t-il poursuivi. Ils pensent qu’ils peuvent provoquer le ZANU-PF, l’armée et la police. »
L’incertitude, les rumeurs et la désinformation font craindre que les tensions, déjà très vives dans le pays, ne dégénèrent en violences entre partisans des deux camps. « Le gouvernement a déployé la police et les services secrets dans les bidonvilles. Beaucoup pensent qu’il pourrait s’agir d’une manœuvre visant à intimider les gens pendant que le régime essaie de trafiquer les chiffres », a explique Tendai Biti lors de sa conférence de presse.
A Harare et Bulawayo, deuxième ville du pays, la police a établi des barrages routiers et interdit la vente d’alcool depuis mardi soir. Desmond Tutu, l’archevêque sud-africain et Prix Nobel de la paix, comme beaucoup d’observateurs, dit craindre un déferlement de violence « compte tenu de la brutalité avec laquelle le régime avait réagi par le passé ». L’ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, redoute quant à lui que les retards et la confusion ne finissent par dégénérer en violences semblables à celles qu’a connues le Kenya.
source: AFP et reuters