Le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), au pouvoir depuis 1985, a déposé le 4 avril dernier à l’Assemblée nationale une proposition controversée de révision constitutionnelle qui vise à permettre au président Paul Biya de briguer un nouveau mandat en 2011.
Au lendemain des émeutes de fin février dernier qui avait été provoqué entre autres par le projet d’une révision constitutionnelle pour permettre au président Paul Biya de Briguer un troisième mandat, le parti au pouvoir au Cameroun depuis 1985, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) de Paul Biya, a soumis le 4 avril dernier à l’examen de l’Assemblée national un projet de révision constitutionnelle qui porterait à rendre illimité le nombre de mandat présidentiel.
Le projet de loi déposé le 4 avril dernier, qui propose des amendements à six des articles de la Constitution de 1996, a été soumis dès le 7 avril à l’examen de l’Assemblée nationale camerounaise qui est très largement dominée par le RDPC qui détient 153 des 180 sièges.
La controverse se fait autour de l’article 6, alinéa 2, qui stipule dans la Constitution en vigueur que « le président de la République est élu pour un mandat de sept ans renouvelable une fois » et que le RDPC propose de modifier afin que le chef de l’Etat puisse être « rééligible » sans restriction. Cette proposition pourrait être adoptée avant la fin de l’actuelle session parlementaire, fixée au 11 avril.
Si la presse locale accueille la nouvelle avec recul, « On savait que le projet allait être déposé ces jours-ci » déclare un journaliste, l’opposition a vivement manifesté sa désapprobation dès le 4 avril dernier avec l’occupation de la tribune de l’Assemblée par quinze députés du Social Democratic Front (SDF), le principal parti de l’opposition.
Joseph Mba Ndam, président du groupe parlementaire du Front démocratique social (SDF) a réaffirmé le 6 avril dernier que « cette démarche est frustrante » et « constitue une fraude contre le peuple camerounais ».
Adamou Ndam Njoya, leader d’une autre formation de l’opposition, l’Union Démocratique Camerounaise (UDC), a déclaré qu’ils allaient « continuer à déposer des amendements. Nous avons fait une proposition de limitation des mandats (…) cela permet à ceux qui sont au pouvoir de ne pas s’oublier et de savoir qu’ils ont des échéances ».
Les propos du président Biya, qui avait implicitement donné son feu vert à l’amendement en estimant début janvier que l’actuelle Loi fondamentale apportait une « limitation à la volonté populaire », avaient déjà provoqué la colère des populations. Lors d’émeutes fin février dernier, en marge du mouvement contre la vie chère, les manifestants scandaient des slogans hostiles à la révision constitutionnelle et au président Biya lui-même.
Parallèlement, les initiatives engagées par le gouvernement pour la réduction du coût de la vie, qui devaient prendre effet à compter du 1er avril, tardent à se concrétiser sur le terrain, instaurant un climat social fragile que de nouvelles vagues de frustrations politiques pourraient enflammer.