Le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant et le secrétaire d’Etat français à la Coopération Alain Joyandet, dont c’était le premier déplacement à l’étranger, ont effectué jeudi une visite express à Libreville pour aplanir les différends après une crise diplomatique.
« Quelques nuages ont traversé le ciel de nos relations. Ils sont derrière nous. C’est ce que nous pouvons dire aujourd’hui après un temps passé avec le président de la République du Gabon (Omar Bongo Ondimba). Les relations sont au beau fixe », a affirmé M. Joyandet.
Le nouveau secrétaire d’Etat a remplacé le 18 mars Jean-Marie Bockel qui voulait signer « l’acte de décès de la Françafrique » et dont les autorités gabonaises avaient salué l’éviction.
Les deux hommes sont arrivés à Libreville peu avant midi (11H00 GMT). Le président Bongo s’est d’abord entretenu en tête à tête avec le secrétaire général de l’Elysée avant d’accueillir la délégation française dans son ensemble avec le secrétaire d’Etat.
« Je dirais les choses très clairement, il y a eu (…) quelques incompréhensions entre la France et le Gabon », a souligné M. Guéant. « Il y a eu quelques crispations (…), le président Sarkozy s’en est expliqué par téléphone avec le président Bongo. Et il a tenu à ce que le nouveau secrétaire d’Etat à la Coopération et son secrétaire général viennent à Libreville pour dire au président et au peuple gabonais l’estime, la gratitude (…) le reconnaissance » de la France.
Les deux hommes, qui ont affirmé que les échanges avec le président Bongo avaient été « chaleureux », ont précisé que la remise à plat de la présence militaire française en Afrique, annoncée fin février au Cap par le président Nicolas Sarkozy, n’avait pas été évoquée. La France dispose d’une base militaire au Gabon.
Les relations entre Paris et Libreville s’étaient tendues après la reconduite aux frontières françaises en février de deux étudiants gabonais, et de la diffusion par une télévision française d’un reportage sur le luxueux patrimoine immobilier en France du président Bongo, doyen des chefs d’Etats avec plus de 40 ans au pouvoir.
Claude Guéant a souligné, « hasard du calendrier », que l’Assemblée nationale française a donné jeudi son vert à la ratification par Paris d’un accord France-Gabon sur « la gestion concertée des flux migratoires et le codéveloppement ». Libreville avait demandé à plusieurs reprises à Paris d’appliquer cet accord signé en juillet 2007.
Le Gabon s’était également senti visé par le discours, en janvier, de Jean-Marie Bockel promettant la fin de la « Françafrique ».
Des sources française et gabonaise avaient indiqué à l’AFP que Libreville avait oeuvré au départ de M. Bockel, nommé secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens combattants.
Interrogé sur la « Françafrique », Claude Guéant a notamment affirmé: « Il faut s’entendre sur le terme de Françafrique. Si la Françafrique c’est une relation post-coloniale, elle est derrière nous. Si la Françafrique, c’est la recherche par les partenaires d’une amitié, solide, réelle dans le respect des peuples et des souverainetés, oui c’est une Françafrique qui a de l’avenir. C’est celle que nous souhaitons de part et d’autre ».