Pour son premier déplacement en Afrique, le nouveau secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, est en visite le 10 avril au Gabon, accompagné du secrétaire général de la présidence, Claude Guéant, pour se présenter et s’entretenir avec le président Bongo Ondimba et tenter de raffermir l’axe Paris-Libreville mis à mal par de récentes tensions diplomatiques entre les deux pays.
Après l’éviction le 18 mars dernier de l’ancien secrétaire d’Etat français à la Coopération, Jean Marie Bockel, sur fond de tensions dans les relations franco gabonaises, son successeur, Alain Joyandet, effectue ce 10 avril son premier déplacement en Afrique, précisément à Libreville au Gabon où il s’est entretenu avec le président gabonais Bongo Ondimba.
Le nouveau promut à la Coopération, Alain Joyandet, a expliqué ses intentions dans une interview à Radio France Internationale (RFI) le 9 avril dernier en déclarant «je vais aller faire mon premier déplacement africain au Gabon pour rendre visite au président, parce que je veux renouer les fils partout, je veux que l’ambiance constructive soit là. (…) J’agirai sans doute assez discrètement, je veux construire des relations bilatérales, je n’ai pas du tout l’intention de me laisser enfermer dans les grands mots, l’Afrique n’est pas une. (…) Moi, je dis que je veux parler de l’Afrique en bien, parce que j’aime l’Afrique»
«Le président de la République m’a fixé une mission, il m’a demandé de passer une grande partie de mon temps à m’occuper de l’Afrique et moi, je veux agir peut-être autrement, chacun sa personnalité» a ajouté monsieur Joyandet en référence à son prédécesseur. Une deuxième visite au Gabon de monsieur Joyandet pour aborder les projets de coopération bilatérale concernant la forêt est prévue pour le 23 avril prochain.
Le secrétaire général de l’association Survie, Olivier Thimonier, qui milite pour l’assainissement des relations franco-africaines, a déclaré que cette visite au Gabon «ne donne pas un signe positif sur l’évolution de la politique de la France en Afrique. (…) En allant au Gabon, il va rectifier la ligne politique adoptée par le secrétariat d’Etat à la Coopération depuis l’arrivée de Jean-Marie Bockel à sa tête».
L’ancien secrétaire d’Etat français à la Coopération avait jeté un froid en janvier dernier en annonçant son intention de «signer l’acte de décès de la Françafrique» et en invitant le président français Nicolas Sarkozy à ne plus «céder à un certain nombre de caprices (…) de certains pays qui ont (…) une rente pétrolière qu’ils ne consacrent pas aux investissements qu’ils nous demandent de financer».
Ces propos avaient été très mal accueillis au Gabon et Libreville avait jugé «inacceptable (…) ces clichés méprisants faisant des Etats africains de vulgaires mendiants sollicitant sans fin l’aumône de la France».
Plusieurs sources française et gabonaise avaient par ailleurs indiqué que Libreville avait officieusement oeuvré pour le départ de Jean Marie Bockel de son poste, nommé secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens combattants à la faveur d’un remaniement ministériel le 18 mars dernier.
Le porte parole du gouvernement gabonais, René Ndemezo Obiang, avait accueilli le départ de monsieur Bockel comme «un signe intéressant» pour le renouveau des relations franco gabonaises et la politique de coopération de la France avec les pays africains.