Au cours de la conférence de presse qu’il a donné jeudi au siège de son parti au quartier Awendjé dans le 4ème arrondissement de Libreville, Pierre Mamboundou, leader de l’Union du peuple gabonais (UPG, opposition), a déclaré qu’au regard de « l’organisation approximative des élections futures qui persiste », il serait souhaitable que celles-ci soient reportées d’au moins deux semaines, a constaté GABONEWS.
Le leader de l’opposition gabonaise accuse, particulièrement, le ministère de l’Intérieur en le pointant de « responsable administratif et maître d’ouvre dans la confection de la liste électorale », de manipuler les instruments électoraux dont la loi et de non respect des dispositions constitutionnelles.
Il prend pour exemple le « retard accusé volontairement» dans la transmission des listes électorales à la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP). Laquelle transmission, selon lui, s’est faite en plusieurs phases et dont certaines au delà des délais requis par la constitution, « ce qui est une preuve flagrante de la violation de la loi », a-t-il ajouté.
Outre la question des listes électorales, l’ancien maire de Ndéndé (sud) a également critiqué l’Opération d’établissement des Cartes nationales d’identité qui, de son avis, « se fait dans un désordre apparemment planifié par le pouvoir ». Sans pourtant indiquer ses sources, il dit avoir des informations sur la falsification, dans des locaux spécialement aménagés, de ces cartes et celles d’électeurs par « les responsables politiques du pouvoir ».
Concernant le franc électoral, « le ministère de l’Intérieur tergiverserait sur la clé de répartition » de celui-ci, estime-t-il.
Pierre Mamboundou s’est également prononcé, non sans rappeler son opposition à l’existence de cette institution, sur l’augmentation du nombre de membres du sénat qui passe de 91 à 102.
A ce sujet, il affirme que l’ordonnance prise en Conseil des ministres le 25 janvier dernier est nulle et non avenue car « non conforme à la constitution » dans la mesure où l’article 35 de l’alinéa 5 de la Constitution dispose qu’ « il ne peut être procédé à aucun découpage des circonscriptions électorales dans l’année précédant l’échéance normale de renouvellement de chacun des chambres du parlement ».
Or, la législature actuelle prend fin en avril 2008, date à laquelle le Sénat se verra entièrement renouvelé, a-t-il précisé avant d’ajouter que « l’UPG (…) se réserve le droit de saisir la Cour Constitutionnelle pour qu’elle dise le droit sur cette matière ».
Enfin, invitant le président de la CENAP à « prendre acte du non respect des dispositions légales et de proposer par conséquent les rectificatifs qui s’imposent », l’homme fort du parti aux couleurs rouges a conclu que « cette prise en compte de tous les manquements énumérés plus haut, doit se traduire logiquement par le report de la date du scrutin d’au moins deux semaines, pour permettre d’effectuer les correctifs susceptibles de conduire à un déroulement serein du scrutin ».
Il faut rappeler que ces municipales dont la campagne s’ouvre samedi 12 avril, sont prévues pour le 27 avril prochain et se tiennent largement au-delà des délais prévus par la Constitution. Ce qui, d’ailleurs, avait conduit la Cour Constitutionnelle à mettre fin aux prérogatives des Conseillers municipaux et départementaux. Lesquels conseils sont gérés depuis fin janvier par des Délégations Spéciales.