Tara Sydney et Teri Patterson se sont connues en faculté de droit. Deux jours avant la primaire démocrate du mardi 22 avril en Pennsylvanie, les deux amies sont venues de Washington faire du porte-à-porte pour Barack Obama à Philadelphie. « La campagne est devenue tellement mesquine que j’ai hésité à venir. J’étais désenchantée », dit Tara Sydney, avocate dans une association de protection de l’enfance. Teri Patterson, juriste dans une entreprise, a, au contraire, eu envie de s’engager. « Jusqu’à présent, je m’étais contentée d’envoyer de l’argent. Mais après les attaques sur le patriotisme d’Obama, je voulais montrer que nous sommes des gens normaux et que nous ne sommes pas en train de comploter quoi que ce soit contre les Etats-Unis ! »
Après six semaines sans scrutin, le vote de la Pennsylvanie va permettre de mesurer l’impact des attaques endurées depuis un mois par le sénateur de l’Illinois Barack Obama, favori de la course à l’investiture de son parti pour l’élection présidentielle de novembre.
Les sondages continuent à donner un avantage de 5 points à la sénatrice de New York, Hillary Clinton, dans cet Etat de tradition ouvrière, emblématique de la classe moyenne en difficulté dont elle entend défendre les intérêts.
Mais l’écart s’est réduit. M. Obama, qui voudrait bien en finir, après quatre mois d’une campagne de plus en plus rude, a investi massivement en publicité télévisée. Et pour la première fois, il a recours, lui aussi, à des attaques fortement négatives. Le dernier clip accuse Mme Clinton de « financer des campagnes de calomnies avec l’argent des lobbies ».
« LA CAMPAGNE L’A CHANGÉ »
La Pennsylvanie compte 3,9 millions d’électeurs démocrates. Si 250 000 nouveaux électeurs ont été enregistrés, la participation ne devrait pas, pas plus que dans les autres Etats, dépasser 50 %. Mme Clinton bénéficie d’un avantage dans la région de Pittsburgh et dans les localités rurales, mais la course est plus disputée à Philadelphie, une ville où la population est mélangée et où se concentrent 20 % des électeurs enregistrés.
Les commentateurs politiques estiment que le tir nourri dont a fait l’objet Barack Obama à propos de ses relations à Chicago ont eu pour effet de diminuer son aura et de le ramener au rang des politiciens ordinaires. « La campagne l’a changé, a estimé le chroniqueur conservateur David Brooks. Il est devenu plus à gauche et il ressemble à un candidat conventionnel échangeant des piques avec son adversaire. »
Si on en juge par les derniers événements de campagne, la popularité de M. Obama ne paraît pas affectée : 35 000 personnes pour un meeting à Philadelphie ; des électeurs enthousiastes aux arrêts du train intitulé « Sur les rails du changement » à bord duquel il a entrepris de parcourir l’Etat.
Sauf coup de théâtre, la position de M. Obama n’est pas menacée. Il a gagné dans 28 Etats (contre 14 pour Mme Clinton) et la devance de 700 000 voix alors qu’il ne reste plus que 9 Etats après la Pennsylvanie. Mais il est condamné à se montrer compétitif, mardi, auprès de l’électorat « col bleu » s’il veut réussir, enfin, à faire basculer dans son camp les super-délégués dont le vote va être décisif, en l’absence d’une majorité absolue à l’issue du vote populaire.
DÉCOMPTE.
Selon le site indépendant RealClearPolitics.com, Barack Obama et Hillary Clinton obtiendraient, à la veille du vote de Pennsylvanie, respectivement le soutien de 1 648 délégués (dont 233 « super-délégués ») et 1 508 délégués (dont 257 « super-délégués »). Pour l’emporter, un candidat a besoin de 2 025 délégués. Les « super-délégués » (796 au total) sont des responsables du parti ou des élus libres de leur choix.
SONDAGE.
D’après Newsweek, M. Obama recueillerait, au niveau national, 54 % des voix des électeurs démocrates contre 35 % pour Mme Clinton.