Le premier ministre et vice président du Parti démocratique gabonais (PDG), Jean Eyeghé Ndong, a donné le 24 avril une conférence de presse à l’hôtel Laico Okoumé Palace de Libreville pour éclairer l’opinion sur certaines zones d’ombre du processus électoral et les enjeux des élections locales du 27 avril prochain.
Le chef du gouvernement a attendu la dernière semaine de la campagne pour s’adresser à l’opinion nationale sur les enjeux de ce scrutin et au passage remobiliser les troupes de son parti pour la dernière ligne de la campagne qui s’avère âpre dans plusieurs localités du pays.
«J’ai pensé qu’il convenait que la presse ait le son de cloche du PDG par rapport à ces élections locales dans ce que je considère comme le flou entretenu lors d’une campagne électorale» a déclaré le premier ministre dès sa prise de parole.
Répondant aux adversaires du PDG qui l’accusent de retarder volontairement l’application de la loi 15/96 relative à la décentralisation, monsieur Eyeghé Ndong a expliqué que cette loi qui réparti l’autorité de l’Etat dans les différentes municipalités, en dépit de son approbation par l’Assemblée nationale et le Sénat gabonais, nécessite la mise en place d’un cadre administratif et financier approprié à son application effective.
Le premier ministre a expliqué que cette loi visait à «mettre en place un certain nombre de textes susceptibles de conforter le cadre démocratique souhaité en 1990. (…) La loi sur la décentralisation est nécessaire mais nous avons peut être oublié en adoptant cette loi que notre appareil administratif et même financier mérite d’être revu afin que cette loi puisse prospérer».
La ligne de défense de Jean Eyeghé Ndong est de la même vaine à propos de la reconduction aux différentes consultations électorales de candidats ayant eu des bilans négatifs lors de leur passage aux affaires.
Pour le chef du gouvernement, «il revient à la population de faire ses choix. Ceux qui ont déjà fait leurs preuves ou pas doivent tirer eux-mêmes les conséquences de leurs expériences mais je rappelle qu’il revient à la population de faire ses choix de me donner ses suffrages ou de me les refuser parce que c’est aussi ça la démocratie».
« S’agissant des projets du PDG, je pense que la population devrait voter pour les vraies listes de candidats car les listes actuelles sont des listes de circonstance commanditées par des acteurs politiques parce qu’ils n’ont pas intérêt à ce que le PDG par exemple gagne les élections. Ils ont dispersé l’électorat pour qu’aucun parti ne bénéficie d’un nombre suffisant d’électeur» a répondu Jean Eyeghé Ndong.
Rétorquant aux accusations de l’instrumentalisation du clientélisme au PDG, le vice président de ce parti met en avant son altruisme. « Nous avons malheureusement remarqué que très souvent, beaucoup de nos compatriotes sont hors sujet dans les causeries, meetings et autres réunions politiques. Actuellement, nous parlons des élections locales mais il arrive que les uns et les autres sollicitent des aides de diverses natures. (…) je suis tout de même humain, disposant d’une certaine sensibilité qui m’oblige à donner parfois à ceux qui en ont besoin. Dire que le Parti démocratique gabonais prône le clientélisme politique je ne pense pas ».
Même sur les questions brûlantes de l’heure qui sont au centre des préoccupations des électeurs, notamment la dégradation des infrastructures de base dans les quartiers de Libreville là où elles existent ou la flambée de prix de produits alimentaires, le vice-président du PDG n’a proposé aucune mesure concrète.
L’absence ou la faiblesse des infrastructures de base est selon lui la résultante d’une mauvaise urbanisation.
«Il s’agit de manque d’urbanisation et nous devons mettre tout en œuvre pour bien urbaniser Libreville. Etant une ville africaine, on a du mal à maîtriser l’urbanisation. (…) Le cadre de vie aujourd’hui au Gabon et dans les autres pays africains résulte de ce que la colonisation est venue s’installer chez nous car notre mode de vie ne résulte pas de notre culture. Libreville était une petite bourgade il y a quelques années mais qui s’est développée en désordre à cause de l’augmentation de la population ayant des comportements difficiles à canaliser.
Abordant l’actualité immédiate, le premier ministre a relativisé la menace du boycott du scrutin du 27 avril brandie par la coalition d’ONG qui proteste depuis le 22 avril dernier contre la flambée des prix et la baisse du pouvoir d’achat.
«Ce n’est pas une raison pour ne pas accomplir son devoir civique parce que l’inflation que connaît le Gabon est un phénomène mondial et je pense que c’est un faux débat. Beaucoup disent que l’économie gabonaise est mal structurée, extravertie, et ce n’est pas le fait du gouvernement mais des contraintes venues d’ailleurs principalement de l’Occident. Nous avons pris note de cela au gouvernement et pour y faire face, nous avons décidé de remettre au goût du jour la cellule de veille de prix pour contrer cette inflation. Je ne peux vous dire davantage sur ce qui est actuellement en préparation mais je peux vous dire que cette question est un problème qui tient à cœur le gouvernement» a conclu Jean Eyeghé Ndong.
Heureusement que son gouvernement s’est rattrapé dans la soirée en supprimant les taxes sur les produits de première nécessité, sinon sa conférence de presse n’aurait pas servi à grand-chose.